1. Neur.on: l'expertise humaine qui stimule les capacités de l’IA

Avocate de formation, Paula Reichenberg a lancé la start-up Neur.on en 2022 à Fribourg. La firme, qui emploie une dizaine de personnes, développe un produit baptisé Corrext. Ce logiciel d’intelligence artificielle permet aux professionnels du droit et de la finance d’obtenir la traduction la mieux adaptée à leurs besoins. Ce projet a été très bien accueilli par la communauté puisque, au premier tour de financement, la société a levé 1,6 million de francs, dépassant ainsi son objectif initial de 1,1 million.

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Neur.on est un spin-off de la société de traduction juridique et financière Hieronymus. Cette dernière a été créée par Paula Reichenberg (au centre sur la photo) en 2007 et sert depuis plus de quinze ans des études d’avocats, des banques, des assurances, ainsi que différentes autorités. Ce qui a permis la naissance de la start-up Neur.on, ce sont justement ces années d’expérience et les connaissances acquises au sujet des besoins et des attentes de la branche.

«Selon les statistiques de l’industrie, le gain d’efficacité moyen apporté par les solutions de traduction automatisée ne s’élève qu’à 30%. Lorsque le résultat final doit être parfait, la vérification du texte pour éliminer les erreurs, choisir les meilleures formules et unifier les termes prend encore beaucoup trop de temps», indique Paula Reichenberg. Cette spécialiste a été formée à l’Université de Fribourg, au barreau de Zurich et à l’INSEAD à Paris. Selon elle, l’heure est à présent aux outils d’intelligence hybride, où c’est l’expertise humaine qui dope l’IA.

«Grâce aux approches d’intelligence hybride, le do-it-yourself ne sera plus synonyme de résultats bricolés. Bien au contraire, en laissant les spécialistes du domaine prendre les manettes de machines conçues sur mesure pour eux, l’industrie va connaître un gain d’efficacité et de qualité sans précédent.»

Neur.on La start-up de Fribourg a développé un logiciel d’intelligence hybride pour  la traduction juridique et financière.

La start-up de Fribourg a développé un logiciel d’intelligence hybride pour la traduction juridique et financière.

© Filippo Fior

2. Codatic: un logiciel capable de créer de nouvelles montres

En juin dernier, lors du salon EPHJ qui réunit les professionnels de la précision pour la haute horlogerie à Genève, le logiciel WATCH512 a créé la stupéfaction. «Il s’agit d’une application d’intelligence artificielle qui permet de créer de nouvelles montres à l’infini», explique Stéphane Ménard. Ce physicien de formation est le fondateur de Codatic, société familiale de cinq collaborateurs basée à Bienne, active dans la synchronisation des données, notamment pour l’horlogerie de luxe. WATCH512 a été créé par le fils de Stéphane Ménard, Gauthier (22 ans), un passionné d’IA depuis son enfance. Celui-ci détaille: «Le programme a été nourri par les caractéristiques de milliers de montres existantes. A partir de ces données, il est capable d’inventer de nouveaux modèles, qu’on lui donne ou non des indications préalables.» Le même logiciel pourrait aussi générer d’autres types de produits, comme des chaussures ou des voitures, par exemple.

Gauthier Ménard reprend: «WATCH512 peut être considéré comme un outil d’aide à la création. Celui qui doit dessiner une montre peut lancer le programme pour trouver des idées. A partir des suggestions de la machine, le designer va élaborer un modèle en évitant le stress de la page blanche.»

WATCH512 suscite un intérêt très vif dans l’industrie horlogère. Fondée en 2013, Codatic collabore avec de nombreuses grandes marques depuis une dizaine d’années. Stéphane Ménard dévoile: «Les professionnels ont été très surpris au départ, puis ils ont montré une grande ouverture. Nous sommes encore dans une phase exploratoire. Nous étudions comment offrir des services à la clientèle qui utilisent au mieux les possibilités de WATCH512.» Père et fils soulignent tous deux ce dernier point: «Nous sommes entrés dans une nouvelle ère avec une technologie informatique capable de maîtriser l’abstraction. Ces possibilités vont révolutionner l’industrie.»

Codatic La société basée à Bienne est active dans la synchronisation des données, notamment pour l’horlogerie de luxe.

La société basée à Bienne est active dans la synchronisation des données, notamment pour l’horlogerie de luxe.

© Codatic

3. Swiss-SDI: l’alliance entre la data science et l’IA

Xavier Bays (au centre sur la photo) a fondé Swiss-SDI en 2017, à Vaulruz (FR), avec deux autres jeunes mathématiciens romands sortis de l’EPFL, Benedikt Ramsauer et Brice Repond. La firme développe des outils de machine learning, d’intelligence artificielle (IA) et d’analyse de données. L’objectif est de permettre aux entreprises de dégager le maximum de valeur des informations qu’elles détiennent. Aujourd’hui trentenaires, ces entrepreneurs se profilent comme des pionniers de la data science, c’est-à-dire l’analyse des données, un secteur actuellement très en vue. La firme de sept collaborateurs au total vient de déménager à Fribourg pour se rapprocher des grands axes helvétiques et préparer l’ouverture du marché alémanique.

La jeune pousse est connue pour un produit permettant à un fournisseur d’électricité de prédire la consommation d’énergie des utilisateurs. La solution permet aussi d’anticiper les capacités de production des sources intermittentes, comme le solaire et l’éolien. Parmi les clients, il y a notamment les Services industriels de Genève et les Transports publics neuchâtelois. Xavier Bays complète: «Nous avons également des clients dans l’horlogerie, qui utilisent une solution de contrôle de qualité.»

Xavier Bays est un utilisateur averti de ChatGPT. «Ce logiciel facilite beaucoup la tâche lorsqu’il faut produire des documents ou résumer des textes existants. On l’utilise quotidiennement comme soutien pour écrire du code informatique, pour réfléchir à de nouvelles idées. Il permet de gagner énormément de temps lorsqu’il faut documenter les fonctions, une tâche très fastidieuse en soi.» Vétéran de l’IA, l’ingénieur observe: «ChatGPT est capable de générer du langage naturel, ce qui change le rapport de l’humain à l’IA en la rendant accessible à tous. Il nous faut maintenant apprivoiser ces possibilités et apprendre à les utiliser au mieux.»

Swiss-SDI  La société de Vaulruz (FR) travaille sur des outils de machine learning, d’intelligence artificielle et d’analyse des données.

La société de Vaulruz (FR) travaille sur des outils de machine learning, d’intelligence artificielle et d’analyse des données.

© © Fred Merz | Lundi13
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