La flamme gravira les célèbres marches le 21 mai, portée par l'athlète paralympique français Arnaud Assoumani, ont annoncé lundi les organisateurs. Ce soir-là sera projeté le documentaire «Olympiques! La France des Jeux», de Mickaël Gamrasni.
En attendant, sur la Croisette, les commerçants s'activent face à l'arrivée des 35'000 festivaliers attendus de mardi jusqu'au 25 mai.
«On voit vraiment la différence entre il y a une semaine et maintenant», constate Eva Zemame, 20 ans, vendeuse de glaces.
«Ce que je vois, c'est une effervescence sur les plages, tous les restaurateurs qui se préparent à accueillir les VIP et, dans les boutiques, les femmes qui regardent les robes de soirée», affirme Christine Capao, 60 ans, rencontrée dimanche par l'AFP.
En coulisses, l'ambiance est tout autre avec des rumeurs d'accusations en lien avec #MeToo qui circulent depuis des semaines sur les réseaux sociaux. Elles pourraient perturber la 77e édition du Festival, sept ans après l'affaire Harvey Weinstein, qui a lancé le mouvement de libération de la parole.
Une liste de personnalités du cinéma potentiellement accusées a circulé, mais aucune enquête journalistique n'a été publiée confirmant ou infirmant ces rumeurs.
«Cas par cas»
«Si le cas d'une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas», tentait de déminer récemment Iris Knobloch, présidente du Festival.
Et les organisateurs ont rappelé dimanche leur engagement depuis 2018 dans la lutte contre les violences sexuelles, «qui ont trop longtemps eu cours» dans le 7e art, via une cellule d'assistance dédiée.
Le sujet sera abordé de front avec la venue dès mercredi de Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo en France.
La comédienne, qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court-métrage. «Moi aussi» est réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
Avant cela, l'actrice s'est jointe lundi à un rassemblement de 100 à 200 personnes devant le Centre national du cinéma (CNC) à Paris pour réclamer le départ de son président Dominique Boutonnat, qui doit être jugé en juin pour agression sexuelle.
À l'affiche du «Deuxième acte» du réalisateur Quentin Dupieux, en ouverture du Festival, l'acteur Vincent Lindon a répété sur France Inter que «les hommes doivent accompagner les femmes» dans le mouvement #MeToo au cinéma, tout en appelant à instaurer plus de «calme» et de «nuance» face aux rumeurs.
Sur le plan social aussi, l'édition 2024 pourrait être agitée. Un collectif rassemblant des attachées de presse, projectionnistes, chargés de billetterie et autres travailleurs du cinéma appelle à une grève. Ils demandent à bénéficier du statut d'intermittents du spectacle et ont reçu le soutien d'acteurs comme Louis Garrel et Swann Arlaud. Le Festival s'est dit prêt au dialogue.
Dispositif inédit
Autant de secousses qui feraient presque oublier la compétition, mélange de jeunes talents, comme la Française Agathe Riedinger avec son premier film «Diamant brut» sur la télé-réalité, et de monuments du 7e art, à l'instar de Francis Ford Coppola qui brigue une troisième Palme d'or avec «Megalopolis», 45 ans après celle obtenue pour «Apocalypse Now».
Le palmarès, qui sera dévoilé le 25 mai, est plus qu'attendu après le succès mondial de la Palme 2023, «Anatomie d'une chute» de Justine Triet, récompensée ensuite aux Oscar.
Le jury chargé de départager les 22 films en compétition est présidé par l'Américaine Greta Gerwig, auréolée du succès planétaire de «Barbie». Elle est épaulée par les comédiens Omar Sy, Eva Green, Lily Gladstone ou le cinéaste Kore-Eda.
Hollywood sera également célébré par les Palmes d'or d'honneur remises à Meryl Streep et George Lucas, ainsi que, hors compétition, le retour de la saga «Mad Max» (avec le film «Furiosa») et la venue de Kevin Costner (avec le premier opus de sa saga sur l'Ouest américain).
Côté nouveauté, Cannes lance une compétition de films immersifs, incluant la réalité virtuelle.
À l'approche des JO de Paris (26 juillet-11 août), dont il fait figure de répétition, le Festival bénéficie d'un dispositif inédit avec 17 caméras de vidéoprotection utilisant l'intelligence artificielle. Objectif: repérer les comportements suspects, détecter l'éventuelle présence d'armes ou les mouvements de foule, selon la mairie.