Voiture thermique ou voiture électrique ? Cette question occupe certainement l’esprit d’un très grand nombre d’automobilistes aujourd’hui. Car en matière de mobilité individuelle, de nombreux facteurs, notamment économiques et politiques, font évoluer le parc auto en profondeur. Au niveau du cadre légal, l’UE donne une impulsion forte en faveur des véhicules électriques en ayant adopté une nouvelle réglementation prévoyant de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035. Pour l’industrie automobile, c’est donc la fin programmée en Europe des véhicules à essence, des diesels et des hybrides, au profit du tout électrique.
En Suisse, on note d’ailleurs une tendance déjà bien prononcée en faveur de ces nouveaux types de véhicules. En 2021, les données récoltées par le TCS indiquent que les ventes de véhicules électriques, hybrides rechargeables ainsi que les véhicules à gaz ont grimpé dans de larges proportions, représentant quasiment la moitié de tous les véhicules neufs achetés par les Suisses. Et concernant les voitures électriques uniquement, ce type de modèles représentait près d’un cinquième des ventes – 18,3% – sur les derniers mois de l’année. Une proportion qui s’élève à près d’un tiers des nouvelles immatriculations – 28% – si l’on comprend également les véhicules dits « plug-in », soit les électriques et les hybrides rechargeables.
Mais finalement, quel est l’impact financier précis de la possession d’un véhicule ? Cette question occupe à nouveau de près les automobilistes. Entre son achat, son utilisation, son entretien, ses déplacements ou encore son parcage, un véhicule individuel représente une somme considérable. Et entre un modèle thermique ou électrique, la donne s’avère sensiblement différente.
Pour tenter d’y répondre, SuisseEnergie a mené une étude sur le sujet. Objectif principal : analyser les coûts de possession d’un véhicule individuel sur une période de huit ans. Pour obtenir les résultats les plus complets possibles, l’étude comprend l’acquisition de la voiture, l’énergie, l’entretien ainsi que les différentes charges qui accompagnent toute possession d’automobile.
Pour en savoir plus, Jean-Marc Geiser, spécialiste mobilité à l’OFEN et responsable de l’étude, détaille et analyse certaines des tendances fortes qui se dégagent de cette étude. Interview.
Jean-Marc Geiser : Au total, l’étude prend en compte une cinquantaine de modèles thermiques, plug-in hybrides et totalement électriques afin de les comparer pour proposer une base de réflexion fiable aux futurs acheteurs. L’étude comprend par ailleurs quatre classes de véhicules, à savoir les modèles petits, moyens, supérieurs ainsi que les SUV. Un large éventail qui nous a permis de réaliser des comparaisons pertinentes. Pour cela, nous avons aussi veillé à intégrer des variables et paramètres pour que l’étude soit fiable et crédible, quelle que soit l’évolution des coûts énergétiques, du prix d’achat ou encore de l’utilisation de la voiture.
En Suisse, même si les achats de voitures 100% électriques progressent fortement, ce type de véhicule ne représente encore qu’une faible part de tout le parc automobile, en s’élevant à environ 2,5% de toutes les voitures de tourisme en circulation à l’heure actuelle. Prendre en compte ces différentes technologies dans nos analyses s’est donc avéré pertinent, notamment pour refléter de manière réaliste l’état du parc auto helvétique tout en informant le grand public de manière transparente et exhaustive.
Les résultats indiquent que, dans les quatre classes d’automobiles retenues, la possession d’une voiture électrique s’avère la plus économe. En termes de différences de coûts, les écarts les plus significatifs observés se rapportent surtout aux véhicules électriques de classes moyennes et supérieures, dont les modèles figurent parmi les plus économes en matière d’entretien et d’énergie, et cela malgré la hausse des prix de l’électricité.
En fait, tous les modèles électriques ne sont pas forcément plus chers que leur équivalent thermique à l’achat. S’il est vrai qu’en moyenne un véhicule électrique coûte 20% plus cher, on peut tout de même mentionner le fait que le coût d’acquisition, soit le prix d’achat moins la valeur résiduelle (n.d.l.r. sa valeur à la fin de la durée d’utilité), s’avère moins cher pour les automobiles électriques de classes moyennes et supérieures. Au-delà de l’achat ou du coût d’acquisition, la différence financière entre électrique et thermique se joue principalement sur l’énergie et l’entretien. Par exemple, pour une voiture électrique de classe petite ou moyenne, les économies liées à la maintenance par rapport aux modèles thermiques équivalents s’élèvent à environ 40%.
Il est difficile de donner une règle générale, les prix sur le marché de l’occasion étant forcément liés à de nombreux facteurs tels que l’offre et la demande, le kilométrage, l’état du véhicule, son expertise passée ou non, son année de mise en circulation, etc. En revanche, ce que l’on peut logiquement déduire des décisions politiques, notamment concernant l’interdiction de commercialiser des véhicules thermiques neufs dans l’UE dès 2035, est que les modèles thermiques devraient progressivement dévaluer puis disparaître.
Thomas Pfefferlé
Journaliste innovation
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