"Ne laissez personne vous dire, ici ou ailleurs, que l'UE fait machine arrière. Ne les laissez pas vous dire que l'invasion de l'Ukraine par la Russie est en train de tuer le Pacte vert européen et que nous sommes dans une ruée vers le gaz", a déclaré le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans à la tribune.

Il a ainsi annoncé que, grâce à l'adoption de plusieurs législations dans les dernières semaines, "l'UE est prête à mettre à jour ses engagements". Pour réduire les émissions d'au moins 57% d'ici 2030 par rapport à 1990, contre au moins 55% actuellement.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Une annonce accueillie froidement par les militants climat. "L'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons ne mérite pas des miettes de la part de l'UE", a critiqué Chiara Martinelli du Climate Action Network Europe

Et il est peu probable que les engagements de l'UE apaisent la colère des pays en développement, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts dévastateurs qui s'amplifient.

"Absence de leadership"

"L'absence de leadership et d'ambition en matière d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre est inquiétante", a lancé le ministre sénégalais de l'Environnement Alioune Ndoye, au nom du groupe des Pays les moins avancés, dénonçant trois décennies "émaillées de déception".

"Lors de combien de COP avons nous réclamé des actions climatiques urgentes? Combien de plus seront nécessaires? Combien de vies devrons-nous sacrifier", a ajouté le ministre du changement climatique du Belize, Orlando Habet, réclamant des actes du G20 et des "autres gros pollueurs".

Nombre de participants à la COP27 à Charm el-Cheikh attendent d'ailleurs de voir la façon dont les dirigeants du G20 réunis à Bali mardi et mercredi prendront en compte la crise climatique et leur ambition à agir, espérant une bonne nouvelle qui donnerait un coup de pouce aux négociations en Egypte.

Appel aux compromis

Négociations difficiles, qui doivent passer à partir de mercredi dans les mains des ministres qui auront trois jours pour résoudre les différends d'ici la fin prévue de la COP vendredi. Mais ces conférences débordent souvent largement.

Le président de cette 27e conférence de l'ONU sur le climat Sameh Choukri a ainsi appelé mardi les délégations à "faire les compromis nécessaire sur certains sujets", tout en reflétant l'"urgence climatique".

La première ébauche de déclaration finale publiée dans la nuit de lundi à mardi n'est qu'une liste à puces, avec toutefois la réaffirmation en quelques mots de certains principes disputés comme "l'urgence d'agir pour que l'objectif de +1,5°C reste du domaine du possible".

L'accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement nettement en dessous de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Alors que chaque dixième de degré entraîne une multiplication des catastrophes climatiques, les signataires de l'accord s'étaient engagés l'an dernier à la COP26 à "maintenir en vie" l'objectif le plus ambitieux.

"Système truqué"

Mais selon des observateurs, l'Arabie saoudite et la Chine ont fait savoir leur réticence, déjà exprimée par le passé, à voir à nouveau cette référence dans le texte final, alors que le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de +2,8°C.

"Poursuivre sur le même chemin expose l'humanité à de graves conséquences", a mis en garde mardi à la tribune la première ministre des Samoa Fiame Naomi Mataafa, dénonçant les ambitions "sans éclat" des principaux émetteurs.

Autre point crucial au coeur des négociations, la revendication des pays en développement de la création d'un mécanisme dédié pour financer les "pertes et dommages" déjà subis en raison des impacts du réchauffement.

L'ébauche du texte ne mentionne que le "besoin de dispositions financières pour répondre aux pertes et dommages", une formulation utilisée depuis le début de la conférence le 6 novembre par les Européens et les Américains, réticents à la mise en place d'une nouvelle structure spécifique.

Mais les pays du Sud n'abandonnent pas le combat. "Antigua et Barbuda ne partira pas d'ici sans un fonds pour les pertes et préjudices", a martelé Conrod Hunte, négociateur de l'Etat des Caraïbes qui préside l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), s'attaquant aussi aux énergies fossiles.

"Les pays à cette COP viennent faire de grands discours" mais certains "sont seulement préoccupés par le fait de maintenir une industrie des énergies fossiles aussi profitable que possible, aussi longtemps que possible", a-t-il accusé. "Le système est truqué à nos dépends (...) Cette duperie ne peut pas continuer, plus maintenant".