A minuit heure locale (05H00 GMT samedi), l'Etat fédéral se retrouvera en situation effective de «shutdown». A la clé: le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs aides sociales ou encore la fermeture de certaines crèches.
Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains, d'autant plus à l'approche de Noël.
Le Congrès était pourtant bien parti mardi pour éviter cette situation quand le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait annoncé être parvenu à un accord avec les démocrates. Celui-ci comprenait notamment plus de 100 milliards d'aides à des régions américaines récemment sinistrées par des catastrophes naturelles.
Las, l'accord négocié a été torpillé le lendemain par Donald Trump et Elon Musk.
Le président élu avait dénoncé un texte «ridicule et extraordinairement onéreux». Son allié, l'homme le plus riche du monde, avait, lui, lancé une virulente salve de posts sur son réseau social X pour exprimer son opposition, exhortant les élus à «tuer le texte».
«Président Musk»
Le rebondissement avait pris de court le Congrès et donné un aperçu d'une présidence Trump 2.0 avant même la prise de fonctions du républicain le 20 janvier. Avec un style - similaire à son premier mandat - ne s'embarrassant pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.
L'opposition fracassante d'Elon Musk a également illustré l'influence grandissante du patron de SpaceX et Tesla sur les grandes décisions politiques.
Au point, pour certains élus démocrates, d'ironiser sur un «président Musk», auprès duquel Donald Trump serait réduit à un rôle de vassal.
Une sortie de l'impasse a été entraperçue jeudi quand le président élu a apporté sa bénédiction à un nouveau texte, bien moins fourni, mais qui comprenait une condition sine qua non pour lui: un report de l'échéance sur le plafond de la dette des Etats-Unis à janvier 2027.
Les Etats-Unis ont la particularité de buter régulièrement sur une contrainte juridique concernant leur capacité de crédit: ce plafond de la dette, soit leur montant maximal d'endettement, doit être formellement relevé ou suspendu par le Congrès.
Une suspension décidée en 2023 arrive à terme début janvier et les Etats-Unis devraient atteindre le plafond en juin. Donald Trump avait donc déclaré mercredi vouloir éviter à son retour au pouvoir ce «piège vicieux» mis en place, selon lui, par les démocrates.
«Inacceptable»
Mais alors que les deux tiers des voix étaient nécessaires à une adoption, le nouveau texte n'a même pas atteint la majorité simple, avec 38 républicains se joignant au «non» des démocrates.
La marche à suivre est désormais incertaine pour Mike Johnson, pressé d'un côté par les démocrates de revenir à l'accord négocié, et de l'autre par certains élus conservateurs qui refusent en bloc tout texte qui ne comprendrait pas de coupe budgétaire pour compenser les nouvelles aides.
«S'il y a un +shutdown+ du gouvernement, qu'il commence maintenant, sous (le président Joe) Biden, mais pas sous +Trump+ (...) C'est un problème que Biden doit résoudre, mais si les républicains peuvent aider (...) ils le feront!», a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social vendredi matin.
Le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a dénoncé une situation «inacceptable».
Les trumpistes «extrêmes» n'ont pas la volonté «sérieuse d'aider les Américains de la classe populaire», a-t-il lancé, les accusant d'être «tout simplement aux ordres de leurs riches donateurs».
Pour l'influent élu républicain James Comer, si le Congrès adopte un texte budgétaire, «il faudra évidemment avoir des soutiens côté démocrate».
Mike Johnson a promis jeudi soir que les élus allaient «se rassembler et trouver une autre solution».