La thématique de la prévoyance est aujourd’hui largement présente dans les esprits et constitue un fort sujet de préoccupation…
En effet, il y a vingt ans, on s’intéressait moins à la question de la retraite, on se disait : « Je verrai bien ce qui va se passer ». Aujourd’hui, les personnes arrivant à la retraite sont souvent actives et en bonne santé, elles voyagent, ont des relations sociales et ont donc aussi besoin d’argent. Autre élément symptomatique : autrefois les personnes qui avaient acquis un bien immobilier l’avaient généralement payé en arrivant à la retraite.
Aujourd’hui, pour la plupart, ces mêmes personnes ne l’ont pas payé et savent donc qu’elles auront besoin d’argent pour continuer à le rembourser. Enfin, à l’époque, les gens arrivant à la retraite avaient généralement peu d’avoir de prévoyance. Aujourd’hui, après l’introduction du 2ème pilier en 1985, on atteint la retraite après toute une carrière soumise à la LPP avec un montant relativement important, ce qui a permis de faire prendre conscience aux gens de l’importance du 2ème pilier.
Que peut-on faire aujourd’hui, en tant qu’actif, pour optimiser ses perspectives de retraite ?
Rappelons-le : la prévoyance est liée à votre employeur, lequel définit son plan et choisit où il s’assure de concert avec ses employés au travers de leurs représentants. Le seul moyen dont on dispose pour augmenter ses prestations, c’est le rachat. Généralement, les personnes commencent leur carrière avec un petit salaire, et donc cotisent peu, alors qu’ensuite leur salaire évolue avec leur âge et leur parcours. Afin que la rente corresponde au dernier salaire, elles seront obligées de procéder à des rachats. À défaut de quoi s’inscrit un décalage entre le salaire actuel et ce que la personne aura cotisé en début de carrière.
Le rachat, un procédé auquel chacun devrait recourir ?
Pour autant que l’on dispose des moyens nécessaires, je dirais oui. En n’oubliant pas que dans un rachat, l’entier des cotisations d’épargne sera à votre charge. Et que donc il faut disposer de moyens suffisants. On observe aujourd’hui que la tendance au rachat est en augmentation. Même des jeunes y procèdent, ce qu’à l’époque on ne voyait que très rarement. Le rachat se pratique au sein de toutes les couches de la population, alors qu’auparavant il était plutôt réservé aux plus hauts revenus.
De quelles sommes parle-t-on en matière de rachats ?
Si à l’époque il s’agissait souvent de plusieurs dizaines de milliers de francs, aujourd’hui c’est beaucoup plus divers. Des jeunes font des rachats de 2000 francs par année, des personnes à partir de 45 ou 50 ans y procèdent aussi. Il peut s’agir par exemple de personnes dont les enfants ont quitté la maison et qui donc ne bénéficient plus des déductions fiscales correspondantes. Dans ce cas les rachats jouent plutôt un rôle d’incitation fiscale, puisque le rachat est entièrement déductible du revenu.
Un argument puissant en faveur…
Oui. Procéder à un rachat de 20’000 francs, c’est pouvoir déduire 20’000 francs de son revenu. Il s’agit donc d’un impact fort.
Comment estimer ou calculer la hauteur du montant d’un rachat ?
Deux étapes sont nécessaires. La première, c’est de contacter votre caisse de pension et de lui demander de calculer votre lacune de prévoyance. Certaines caisses peuvent vous permettre de faire vous-même le calcul sur votre portail personnel. La seconde, c’est de contacter votre fiduciaire ou de calculer vous-même, sur un logiciel d’impôts, le montant qu’il vaut la peine de racheter sous l’angle de l’intérêt fiscal.
Chaque situation personnelle est éminemment individuelle et chaque rachat a une incidence fiscale différente. Dans ce contexte, il s’agit d’être très attentif, car vous pouvez changer de tranche d’impôts pour quelques francs en plus ou en moins. Souvent d’ailleurs, ce sont les fiduciaires elles-mêmes qui conseillent de procéder à des rachats pour des raisons fiscales. La caisse de pension, elle, n’est en mesure de communiquer que le montant maximal possible du rachat, ainsi que l’incidence de celui-ci sur les prestations. Attention toutefois à un élément important : tout ce que vous rachetez, pour les trois ans suivant le rachat, ne pourra être retiré sous forme de capital.
Si l’on a l’intention d’acheter une maison à partir de son 2ème pilier, le rachat n’est donc pas nécessairement une bonne idée…
En effet. Car le montant versé comme rachat sera alors totalement bloqué pendant trois ans. En revanche, les rachats sont possibles jusqu’au dernier jour avant votre retraite. Des personnes procèdent ainsi à des rachats l’année avant leur départ pour atténuer l’effet fiscal des montants d’impôt à payer l’année suivante. Car lors de votre première année de retraite, vous payez encore vos impôts comme si vous étiez actif.
Nous avons tout dit ?
Une chose encore. Si vous avez retiré votre LPP pour acheter un bien immobilier, vous ne pouvez pas procéder à des rachats tant que vous n’aurez pas remboursé ce que vous avez retiré.
Alain Anthamatten est responsable de la gestion des fondations de prévoyance collectives du Groupe Mutuel ainsi que des caisses autonomes de droits privé et public. Il a travaillé dans le domaine de la recherche académique ainsi qu’auprès d’une grande fiduciaire internationale. Alain Anthamatten est Economiste HES et titulaire d’un brevet fédéral de spécialiste en assurances sociales.
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