« Nous pourrions vous raconter que tout a commencé à la lueur d’une bougie. Le décor serait ainsi planté et déjà votre imaginaire se mettrait à vagabonder. Mais Thomas Edison était né et c’est à celle de nos lampes frontales que nous vous proposons de voyager.
Voilà plus de dix ans que nous bourlinguons au gré de nos aspirations – tantôt à vélo, tantôt en kayak de mer – que nous vivons sous les étoiles, de lenteur et de simplicité. La question du pourquoi peut être posée. Mais peut-on expliquer la raison de sa couleur préférée ? Le voyage au long cours est un habit que l’on revêt et qui, pour certains, tient suffisamment chaud pour que toute envie de l’ôter s’évanouisse.
Nos premiers coups de pédales se sont réalisés en direction du Népal. Partis des rives du Léman en 2012, avec une solide méconnaissance de ce nouveau mode de vie, nous savions déjà qu’il nous faudrait partager nos péripéties pour que notre voyage soit complet. La technologie d’alors était rudimentaire et elle ne se destinait pas encore à l’hostilité du outdoor. Vider sa carte SD revenait, pour celui qui n’était pas parenté à Crésus, à devoir rejoindre un réseau électrique pour y brancher son laptop. Un geste banal en Helvétie, mais ô combien ardu lorsque l’horizon se décline au naturel. Munis de stylos et de papier, nous rédigions nos posts sous notre tente pour, plus tard, dénicher un endroit afin de les publier. Nous avons foulé le sol de monstres chinois qui abritaient plus de deux cents PC. Nous avons, dans la cordillère des Andes, visité des conteneurs recyclés arborant avec fierté une enseigne où était peint le mot « Cybercafé ». En ce temps, Internet était urbain et Google n’habitait pas encore nos poches de pantalon. L’électricité était tout de même du voyage, tout du moins, pour nous, jusqu’à la frontière de l’Europe. Un panneau photovoltaïque, intégré à une powerbank, nous fournissait alors 7 watts et 0.45 ampère. Suffisamment pour recharger notre appareil photo et nos deux frontales. Mais la lutte solaire – éolien était en vigueur dans ces régions et une rafale de vent ruina notre panneau. Ceci, bien qu’il ait été prévu pour les expéditions. Lors de notre second voyage, 6000 kilomètres entre Scandinavie et terres baltes, acquérir un équipement pour alimenter son matériel électrique n’était plus un parcours du combattant. À cette époque, nous avions opté pour un moyeu dynamo que l’on avait monté sur la roue avant du vélo d’Olivier. Le principal avantage de ce système était que nous n’étions plus tributaires des caprices de Râ et que même la lune fût agréablement surprise par cette innovation. Le bémol, parce qu’il y a toujours un bémol lorsque l’on prend le trimard, était qu’il fallait rouler à plus de 14 km/h pour produire de l’énergie. Et rouler à cette allure est exigeant lorsque son destrier est chargé comme une mule !
Nos voyages se succédèrent et à chaque départ la technologie avait fait un bond encore un peu plus grand que la fois précédente. D’une frontière à l’autre, nous sommes arrivés en 2022. De la Suisse, notre souhait était de rejoindre le Cap Nord. 5’800 kilomètres de kayak de mer entre lacs, rivières, fleuve, canaux, mers et océan. Le défi était de taille et Aline avait à cœur de lui ajouter une dimension philanthropique en collectant des fonds pour l’association Zoé4life. Une organisation romande, pleine d’énergie, qui œuvre entre autres pour améliorer le quotidien de l’enfant malade d’un cancer et qui finance la recherche de traitements innovateurs en oncologie pédiatrique. Pour atteindre cet objectif, bien qu’étant des électrons libres, il nous fallait pouvoir communiquer durant le voyage. Et qui dit communication dit… électricité. C’est avec une certaine simplicité que Romande Energie nous a soutenus dans notre projet Cap Kayak en nous fournissant le matériel nécessaire à cette réalisation ; soit un panneau solaire et une powerbank dernier cri.
Si hier nous pouvions rêver d’arriver, un jour, à recharger une tablette au milieu d’un désert, aujourd’hui, nous produisons suffisamment d’énergie pour recharger quotidiennement notre ordinateur portable. Le profane peut s’étonner de notre émerveillement, l’initié saura y voir la prouesse, puisque pour cela il a fallu jouer d’ingéniosité pour augmenter la tension et l’intensité délivrée tout en restant dans un ratio poids volume transportable. Nous avons donc navigué sur le Rhin, la mer des Wadden puis la Baltique tout en rechargeant nos batteries. L’équipe de Passe-moi les Jumelles de la RTS qui produit un documentaire sur notre mode de vie, à contre-courant si vous me permettez le jeu de mots, nous a demandé de réaliser une partie des images de la future web-série. Bien que ce souhait n’ait pas ménagé notre consommation en électricité, notre équipement a tenu ses promesses en répondant aux 99% de nos besoins. Jusqu’au jour où…
Après avoir pérégriné dans 45 pays, nous sommes certains d’une chose. Tôt ou tard, le matériel emporté sera dépassé par la rudesse de notre mode de vie. Et les plus grandes marques ne dérogent pas à la règle ! Si notre panneau solaire est bel et bien waterproof, il a tout de même un talon d’Achille. Sa connectique cuivrée n’apprécie que peu l’eau de mer. Oxydée, elle ne peut être réparée. Il a donc fallu la remplacer. Mais comment ? Voyageant avec quelques pièces de rechange et deux ou trois outils, il nous a fallu nous concentrer sur la technique de soudage. Mais comment faire une soudure sur un rocher perdu entre écume et oiseaux marins ? La recette est assez simple. Comme dans toutes les bonnes recettes de bivouac, il faut une cuillère à soupe et un réchaud. Dénudez les fils électriques avec délicatesse. Un couteau suisse fera très bien l’affaire. Faites fondre un peu d’étain dans une cuillère à soupe, puis étamez-y les fils de cuivre en les baignant. Assemblez-les tant que c’est encore chaud, tout en respectant les polarités. Isolez le tout avec du ruban adhésif, puis savourez votre réussite. N’oubliez pas de ranger votre nouvelle connectique dans un petit sac plastique contenant du riz. Si la plupart du matériel peut se réparer, l’évolution technologique met parfois le bricoleur face à ses limites. Impossible de rafistoler un circuit imprimé en pleine Nature, ceci quand bien même ce sont des fourmis qui, à n’en pas douter sans arrière-pensée, sont les protagonistes des dégâts.
Si le matériel a ses limites, l’environnement impacte également la production d’énergie. Pour générer de l’énergie solaire, il faut… du soleil ! Et durant certains mois de l’année, notre belle planète bleue en est dépourvue sur une partie de sa surface. En s’approchant du cercle polaire, la trop faible luminosité émise par l’astre en hiver ne permet pas l’usage de telles installations. De plus, les batteries supportent très mal les grands froids que l’on y rencontre (-35°C). D’autre part, les astuces qui fonctionnent lors de petites excursions s’appliquent mal à celles qui durent des mois.
À l’heure où vous lisez ces lignes, nous sommes en Laponie. Le soleil a repris ses droits et notre panneau solaire est sorti de son hibernation. Nos pulkas, chargées d’un peu plus de 240 kilos de matériel, vont prendre un peu de repos, alors que nous nous apprêtons à nous lancer dans notre dernière étape. 560 kilomètres de kayak de mer dans l’océan Atlantique pour rejoindre le mythique Cap Nord.
Par la réalisation de cet article, nous souhaitons remercier chaleureusement Romande Energie de croire à notre projet Cap Kayak, pour ses conseils et son soutien matériel. »
Aline et Olivier
Chasseurs d’horizon
Vous souhaitez suivre leurs aventures ? Rendez-vous sur www.chasseursdhorizon.com ou sur leurs pages Facebook, Instagram et LinkedIn. Et si la cause du cancer de l’enfant vous touche, n’hésitez pas à faire un don à l’association Zoé4life via le site web des Chassers d’horizon, ils leur reversent la totalité de la somme.
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Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.