Il monte aux barricades Thomas Jordan, le président de la BNS. Par des apparitions médiatiques peu habituelles, il veut dénoncer l’initiative «Monnaie pleine» du 10 juin prochain. Très schématiquement, celle-ci vise à empêcher les banques de créer de la monnaie scripturale comme lorsqu’elle propose, par exemple, des crédits pour des paiements. Pour les initiants, seule la BNS devrait avoir ce pouvoir. Une seule certitude apparaît avant la votation: tout le monde, ou presque, est contre le texte. L’ensemble des partis et des milieux économiques se sont levés comme un seul homme pour affirmer leur refus face aux incertitudes du projet.
Et quel en serait l’impact sur les PME? De toute évidence, il serait très négatif, voire périlleux. «Les particuliers, comme les PME, ne pourraient plus détenir leurs dépôts à vue, c’est-à-dire les avoirs sur leurs comptes de transaction ou de salaire, dans le bilan de la banque de leur choix. Dans un tel régime, les banques devraient gérer les comptes de salaire de leurs clients en dehors du bilan bancaire. Il faudrait donc créer des banques de transactions prévues à cette seule fin, qui mettraient l’intégralité des dépôts d’épargne de leurs clients en dépôt auprès de la BNS», avance Philippe G. Muller, économiste responsable pour la Suisse romande à l’UBS.
«En cas de retour de l’inflation, les avoirs d’épargne des investisseurs privés, mais aussi les liquidités dont les PME ont besoin pour leurs opérations de paiement, fondraient comme neige au soleil.» Une prévision également envisagée par les organismes faîtiers des milieux économiques suisses, à l’image d’Hotelleriesuisse. Son comité exécutif se montre très clair: «Pour l’hôtellerie, il deviendrait encore plus difficile, sinon impossible, d’obtenir les crédits dont elle a besoin, avec pour résultat une baisse des investissements. La situation serait d’autant plus dramatique.» Un résumé sans concession contre une initiative sans soutien.