Frédéric Hohl, directeur de la Fête des Vigneron, interviendra en tant qu'orateur le 21 février lors des Rencontres Horizon de Crêt-Bérard, à Puidoux, dans le canton de Vaud. L'édition 2019 aura pour thème "Notre réseau économique de demain: vers des entreprises locales, durables, humaines et prospères." 

Frédéric Hohl, vous dirigez la Fête des Vignerons qui se tiendra cette été. Un événement très local par nature mais auquel vous désirez amener une dimension nationale, voire internationale. Comment combinez-vous ces deux enjeux ?

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Pour être tout à fait honnête, donner une dimension nationale à cet événement complique largement la logistique pour les organisateurs. Pensez par exemple à la cérémonie du couronnement qui est prévue à 7h du matin le 18 juillet. Pour un Zurichois ou un Lucernois, il faudra être sur place à 5h du matin pour l'ouverture de l'arène. Vous imaginez l'heure de départ du domicile pour ces personnes! Nous avons également instauré les journées cantonales pour donner une dimension nationale à la Fête. C'est une excellente idée mais il s'agit d'une réelle gageure sur le plan logistique. Mais, au final, ces initiatives sont extrêmement stimulantes et nous nous réjouissons de devoir relever ces défis supplémentaires.

Les Rencontres Horizons ont pour thème "Les entreprises locales, humaines et durables". Est-ce que ces trois termes peuvent également correspondre à votre philosophie de la Fête ?

Oui, bien sûr. Nous travaillons principalement avec des entreprises de Vevey ou proches de la ville. Nous sommes tous sensibilisés à cet aspect local, notamment pour les PME qui travaillent avec nous pour La Ville en Fête, c'est-à-dire toutes les animations gratuites qui auront lieu pendant la Fête des Vignerons. D'une manière générale, nous sommes très attentifs à la durée de vie du matériel et nous privilégions la location plutôt que l'achat. Tout doit être réutilisable, même les costumes qui appartiennent aux figurants, qu'ils pourront ainsi remettre à leur guise.

Le terme durable est très à la mode aujourd'hui en économie. Auriez-vous réussi à trouver les mêmes partenaires si vous n'aviez pas suivi un modèle durable ?

Honnêtement, si nous n'avions rien fait, ça n'aurait rien changé du tout! Les entreprises partenaires font confiance à la Confrérie des Vignerons pour multiplier les efforts en matière d'écologie. Mais aucune n'a assorti son engagement financier à un quelconque effort de durabilité. Dans l'événementiel, ce n'est pas encore un critère déterminant pour trouver des partenaires alors qu'il en va tout autrement dans le domaine de l'entreprise.

Aujourd'hui, les jeunes semblent s'intéresser de manière plus sincère et prononcée pour le local et le terroir. L'avez-vous ressenti en tant que directeur de la Fête des Vignerons?

Oui, clairement. Mais ça ne date pas d'hier. J'ai ressenti ce regain d'intérêt pour le local à un mois de l'ouverture d'Expo.02, lorsque nous avons commencé à commercialiser nos T-shirts et nos casquettes à croix suisse. Il y a eu un réel engouement des jeunes à ce moment-là, c'était une vraie surprise. Dix-sept ans plus tard, la tendance s'est confirmée. J'ai envie de vous dire que les jeunes sont prêts à vous suivre aujourd'hui à condition de ne pas essayer de tout mélanger. Si vous organisez un bal musette, il ne faut pas leur promettre de passer du rock ou de l'électro toute la soirée. Ils viendront à la Fête pour être surpris et ils le seront, mais dans le respect des traditions. A noter que beaucoup de jeunes se sont inscrits comme figurants et bénévoles.

Quel est votre regard sur les grandes évolution dans l'événementiel, vous qui avez aussi été dirigeant d'Expo.02 ou des Fêtes de Genève?

Ce qui me frappe le plus, c'est la quantité des déchets. Il y a 30 ans, lors d'un événement de cette ampleur, chaque visiteur générait 350 grammes de déchets. A Expo.02, nous étions passés à 160 grammes, et à la Fête des Vignerons, nous visons 90 grammes par visiteur. La serviette en papier livrée avec votre saucisse sera pratiquement le seul déchet que vous aurez à jeter. Le deuxième élément concerne l'annonce du nombre de personnes présentes. A l'époque, si vous réunissiez 200 000 personnes à la Lake Parade , il était normal d'en annoncer 800 000... Désormais, c'est fini. Les organisateurs ont certainement perdu ce côté "frimeur" lié à la fréquentation d'une manifestation et c'est très bien ainsi.

Et qu'en est-il en ce qui concerne la logistique interne?

C'est une autre différence de taille. En tant qu'organisateur, quand vous vous adressiez à vos 5000 figurants en 1977, ils recevaient une lettre à la maison avec la convocation pour les répétitions et l'heure des spectacles. Aujourd'hui, tout se fait par e-mail avec les allers et retours que vous pouvez imaginer. En conséquence, nous avons déjà échangé plus de 100 000 e-mails avec nos figurants et c'est beaucoup plus compliqué à gérer. Enfin, le dernier point important à mes yeux concerne la qualité des produits vendus dans les stands de nourriture. Les festivaliers sont devenus plus exigeants, ils veulent des bons produits locaux, du vin servi à bonne température. Et là, ils peuvent nous faire confiance, nous avons sélectionné des partenaires de haute qualité.

Renseignements et inscriptions aux Rencontres Horizon : Rencontres Horizon