Un véritable fossé sépare en effet les déclarations des experts en immobilier commercial du constat des citoyens face aux innombrables panneaux «locaux à louer». Alors, qu’en est-il réellement du marché des bureaux romands? «Il n’y a pas encore d’effet Covid-19 sur la disponibilité des surfaces de bureaux en Suisse», déclare Julien Scarpa, consultant dans le groupe CBRE, actif en conseil en immobilier d’entreprise.
Selon lui, la majorité des locataires ont des baux à long terme et restent attentistes face au développement incertain des affaires, ce qui entraîne une certaine inertie du marché et des effets retardés de la crise sanitaire. Son groupe ne doute d’ailleurs pas du potentiel romand, il annonce l’ouverture d’un nouveau bureau à Lausanne. Celui-ci constitue «un emplacement stratégique pour renforcer la présence de CBRE sur le marché immobilier en Suisse romande».
Autre expert reconnu, Robert Curzon Price, directeur de la société de conseil immobilier Partner Real Estate – Knight Frank, livre un témoignage très concret dans le journal Le Temps sur la situation qu’il a vécue à la fin mars. «Tout s’est arrêté. Plus de transactions, plus de négociations ni d’analyses à fournir. Mais ça n’a duré qu’un temps. Désormais, c’est l’inverse. L’activité est d’une rare intensité.» Robert Curzon Price relativise néanmoins: «La situation n’est pas forcément enthousiasmante, car on règle surtout des problèmes dans une configuration économique difficile. Mais elle est aussi tout à fait inédite, tout le monde négocie en même temps. Et tous dans la même direction.»