Jean-Claude Biver représente aujourd'hui l'une des figures les plus emblématiques de l'horlogerie suisse et internationale. Génial orateur, as du marketing, cet entrepreneur issu de la culture hippie aura réalisé tout au long de sa carrière un parcours hors norme.
D'abord chez Audemars Piguet en 1975 comme stagiaire, puis chez Omega en 1980 et enfin l'aventure Blancpain avec son ami Jacques Piguet. Pour ensuite rejoindre Swatch aux côtés de Nicolas Hayek jusqu’en 2003, Hublot en 2004 et puis LVMH en 2012 où il devient directeur du secteur horloger.
Aujourd'hui, le Suisse veut se consacrer à une nouvelle mission: le partage de son expérience et sa vision de l'avenir. L'occasion d'aider les entrepreneurs à réussir leurs projets. A cette occasion, il a délivré une vidéo-conférence aux lecteurs de «PME Magazine». Voici plusieurs points clés abordés lors de cet échange.
La pandémie et l’entrée dans le XXIe siècle
«L’élément que je retiens ces derniers mois c’est le réveil de la planète. Elle nous dit que maintenant, il est grand temps de réviser notre philosophie, nos concepts, notre manière d’exploiter la nature, les animaux, les humains. Ce réveil, il le faut et la pandémie arrive à un moment presque opportun. Nous sommes en 2020 et pourtant nous ne sommes toujours pas entrés dans le XXIe siècle. Tous ceux qui dirigeaient l’ancien siècle ont poursuivi leur vie, leur manière de se comporter, de diriger, de conseiller, comme ils le faisaient auparavant. Or le XXIe siècle demande à être différent du XXe siècle, et pour cela, il faut appliquer différentes philosophies, comportements et régimes politiques. On évoluera lorsque les gens nés dans les années 2000 seront enfin aux commandes. Ils ont des conceptions économiques, sociétales ou spirituelles différentes des nôtres. Ce nouveau siècle doit leur appartenir. Cela va forcément arriver et cela me rend optimiste.»
Tirer le bénéfice de chaque crise
«Dans toute crise, il y a des opportunités à saisir. Même si en apparence tout est négatif. Mais c’est faux. Il faut trouver les choses positives, s’y atteler. Si la crise est votre ennemie, et que vous vous enfermez chez vous, c’est elle qui va gagner. Par contre, si vous en faites votre alliée, vous pouvez vaincre. Restez optimistes, entrepreneuriaux, créatifs et continuez à avoir des visions. Et surtout, apprenons à aimer. L’amour est une des principales solutions à cette crise. Il n’y a rien que l’on sache faire qui ne pourra pas se réaliser. Il faut donner et c’est ainsi que vous recevrez.»
La rencontre avec son mentor
«Le début de ma carrière, c’est aussi ma rencontre avec Jacques Piguet. Lorsque nous avons acheté Blancpain pour 21.000 CHF, nous avons juste acquis le nom, dont personne ne se souvenait. Cette marque n’avait plus aucune activité. Nous avons fait un chemin exceptionnel ensemble. Je lui dois énormément, il m’a fait découvrir beaucoup de choses, notamment l’horlogerie de très haut niveau.»
Dire stop à la pénibilité du travail
«Si vous voulez vous libérer de la charge que vous impose votre travail journalier, transformez-le en passion. Ce n’est pas de moi, c’est de Confusius. Les passionnés sont ceux qui ne sentent plus le poids du travail. Malheureusement, la plupart des gens n’ont pas leur travail comme passion, et de ce fait, ils souffrent. Je dis toujours aux jeunes d’exercer une passion d'abord et d'ensuite de trouver un job dans votre passion.»
Chance et méthode 5-7-7-7
«La chance m’a énormément aidé dans la vie. Je suis bien né, c’est qui est déjà un élément de chance exceptionnel. Mais il faut aussi sans cesse la trouver. Si vous ne bougez pas et ne tentez rien, comment voulez-vous la croiser? Il faut quitter sa chambre, descendre dans le couloir, aller dans la rue, entreprendre, travailler. Plus vous êtes actif, créatif, innovant, plus vous aurez de chance de croiser cette même chance. Elle sourit à ceux qui sont hyperactifs! Je soutiens le 5-7-7-7: au bureau à 5 heures, être chez soi à 7 heures du soir pour profiter de ses proches, le tout 7 jours sur 7, pendant 7 ans. Avec ce sytème, vous ne pouvez que réussir. Et n’oubliez pas de toujours demander de l’aide, tout en conservant une réelle éthique et morale.»