L’aventure de l’entreprise Modubois commence sur un défi. Nous sommes en 2018 et il s’agit, dans le cadre d’un projet d’hôtel trois étoiles, de diminuer de moitié le coût de revient habituel d’une chambre pour un tel établissement. Rien de moins. A la manoeuvre, le grand promoteur valaisan Stéphane Bonvin. Et l’architecte Jean-Daniel Masserey, mis au défi de trouver LA solution.
Start-up ad hoc
Sous son impulsion, c’est une sorte de start-up ad hoc qui naît, lancée par des entrepreneurs de la région: Gaétan Fournier et Alex Pistoletti d’Industrie Wood Concept, scieur et commerçant en bois; Samuel Udry, spécialiste des systèmes de construction préfabriqués; et le maître charpentier Maxime Métrailler, patron des Artisans du Bois à Nendaz.
En un temps record, Modubois assure la construction de l’hôtel Eringer, 42 chambres, dans le complexe immobilier Dixence Resort, à Hérémence, qui clôt actuellement sa deuxième saison hivernale. La nouvelle coentreprise décroche au passage, en 2019 déjà, le Prix Créateur de la Banque cantonale du Valais. Pour un investissement de quelque 100'000 francs, la nouvelle entreprise a d’abord développé un prototype de chambre d’hôtel, sous forme d’un module de 22 m², taillé et assemblé en atelier, dans lequel vient s’ajouter une salle de bains préfabriquée et prête à l’emploi une fois réglée l’arrivée d’eau et d’électricité.
Pour mieux comprendre leur méthode, il faut se rendre dans les halles de feu l’entreprise Giovanola, à Monthey, qui abrite la ligne de production de Modubois. Clin d’oeil de l’histoire, c’est ici même que fut assemblé le mésoscaphe d’Auguste Piccard pour l’Expo 64.
Comme un lego géant
Le système Modubois s’apparente à une sorte de Lego géant, produit avec du bois sourcé localement, et idéal pour accélérer le processus de construction. Inauguré en décembre dernier, un deuxième hôtel, le Mad Mountain, a ainsi été érigé en quelques semaines. Lors de notre visite dans l’atelier de Monthey, on mettait la dernière main aux chambres modulaires pour un projet d’agrandissement d’un EMS à Riddes. Là encore à des coûts défiant toute concurrence.
«Notre approche est conçue pour des ouvrages collectifs (hôtels, homes, écoles, colonies de vacances…) et moins pour la construction de maisons individuelles», explique Samuel Udry. L’entrepreneur a d’ailleurs dans ses cartons un projet d’immeuble locatif de six appartements pour lequel il cherche un terrain constructible. «Nous avons une esquisse de plans qu’il s’agira d’adapter à la topographie des lieux.»
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