Active dans le gaming et les médias interactifs, la start-up lausannoise Furinkazan a récemment rejoint le hub technologique Station R, basé à Renens (VD). Son objectif principal consiste à développer sa licence Opticale. «Nous souhaitons créer un univers complet, qui se veut être une licence pop culture à la Seigneur des anneaux ou Star Wars, explique le CEO, Soufian Mahlouly. Le but est de pouvoir l’utiliser ensuite à travers différents produits narratifs.»
Le pitch de cet univers est le suivant. On retrouve des créatures extraordinaires dépeintes de manière similaire à travers le temps et l’espace (dragons, phénix, yéti, etc.). Des scientifiques découvrent un monde parallèle divisé en différents écosystèmes disposant d’un bestiaire propre. On y accède via son smartphone, en téléchargeant le jeu vidéo Opticale.
Celui-ci est gratuit, mais des offres payantes («in-app purchases») permettent de faciliter l’exploration. C’est aujourd’hui le business model le plus répandu dans le gaming sur mobile: l’idée consiste à éviter les barrières à l’entrée, afin que les joueurs puissent tester le jeu avant d’éventuellement dépenser de l’argent. Avec Opticale, l’utilisateur devient son propre héros, ce qui change du paradigme classique où l’on dirige un avatar pixélisé. Le smartphone fait partie intégrante de l’expérience. Le but consiste à découvrir les différentes zones de ce monde imaginaire et à collectionner les créatures que l’on y trouve.
Certaines sont liées à des endroits particuliers (Venise, Paris, New York, Loch Ness, San Francisco, Mexico, etc.). On est obligé de s’y rendre pour les acquérir, d’où des partenariats possibles avec des acteurs du tourisme. C’est l’un des nombreux développements envisagés par la start-up dans sa volonté de décliner sa licence. D’autres élargissements sont également prévus, notamment dans le domaine de l’événementiel, de la bande dessinée et de la série animée.
Le jeu, qui représente le produit d’introduction à cet univers et a été téléchargé à ce jour plusieurs dizaines de milliers de fois, est sorti sur le marché francophone fin 2019. «L’idée était de tester l’intérêt du public, indique Soufian Mahlouly. Les retombées ont été très positives, une communauté de fans s’est rapidement créée. Au début, cela faisait un peu peur, nous avions presque l’impression de perdre le contrôle sur notre produit.»
La sortie internationale est prévue cette année. Auparavant, la start-up, qui compte le père du «Business Model Canvas» Yves Pigneur au sein de son advisory board et a remporté différents prix dans des concours internationaux (DreamHack, GDC Pitch) a dû se solidifier, notamment en termes d’effectif (elle dénombre désormais 12 employés, dont quatre basés à Lausanne) et d’argent. Après un premier financement de 100 000 francs au moment de sa création en 2016, elle a réalisé une deuxième levée de fonds, l’année dernière, de 500 000 francs. «Aujourd’hui, plus de 60% du chiffre d’affaires du jeu vidéo vient du mobile, souligne Soufian Mahlouly. Les smartphones ont complètement démocratisé cette industrie, ce qui a permis d’atteindre une échelle bien plus importante que si l’on en était resté aux PC et aux consoles.»