«Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les avocats ne connaissent pas tout, mais ils savent où chercher l’information.» C’est pour faciliter ce processus que l’avocate Kyriaki Bongard a cofondé avec son associée fiscaliste Zoé Berry la start-up Ex Nunc Intelligence, premier spin-off de l’EPFL actif dans la legaltech.

Les deux partenaires se sont connues dans le cadre de leur travail respectif, il y a quelques années. Elles se sont rendu compte dans leur pratique que le secteur juridique restait peu impacté par les avancées technologiques en matière d’IA et que l’on y travaillait encore de manière quelque peu «archaïque».

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«Lorsque l’on fait des recherches juridiques, on peut être amené à consulter un très grand nombre de sites et d’ouvrages papier différents, sans pour autant être sûr de trouver ce que l’on souhaite, illustre Zoé Berry. Il n’existe aujourd’hui aucune base de données centralisée.» Une situation rendue encore plus complexe en Suisse en raison du système fédéraliste et du plurilinguisme.

Une équipe multidisciplinaire

Fondée en septembre 2023, la start-up a gagné à ce jour 280 000 francs dans le cadre de divers concours. Elle limite pour l’instant son outil, appelé Silex, au droit helvétique, tous domaines confondus. Elle regroupe une équipe multidisciplinaire de neuf personnes, dont des experts de la tech – d’où le lien avec l’EPFL – et des traducteurs spécialisés dans le domaine juridique. Le travail de récolte et de centralisation des informations ainsi que la veille technologique se révèlent particulièrement importants. «Les juristes et les gens de la tech ne parlent pas la même langue, indique Kyriaki Bongard. Nous sommes très fières d’avoir réussi à faire le lien entre ces deux mondes.»

«Les gens font souvent le rapprochement avec ChatGPT, mais notre solution est complètement différente», poursuit Zoé Berry. En effet, l’outil dispose d’une base de données spécifique au domaine juridique. Grâce à l’architecture du système et aux processus mis en place, l’équipe est capable d’éliminer les hallucinations (réponses fausses présentées comme un fait), l’un des grands problèmes des grands modèles de langage (LLM). «Aux Etats-Unis, plusieurs avocats se sont retrouvés dans des situations extrêmement délicates avec des procédures contre eux après avoir utilisé ChatGPT, car des sources avaient été inventées, poursuit la fiscaliste. Lorsque notre outil ne connaît pas la bonne réponse, il le dit, mais n’invente rien.»

L’outil, auquel il suffit de poser une question et dont la réponse est quasi immédiate, va être proposé sous forme d’abonnement aux professionnels du droit en Suisse. Le prix doit encore être défini. Le service sera disponible par fonctionnalités cette année. Des développements futurs dans le droit des pays limitrophes, ainsi qu’en lien avec la Cour européenne des droits de l’homme, sont envisagés.