Aujourd’hui, lorsqu’une entreprise active dans l’industrie alimentaire veut faire un test pour vérifier, par exemple, qu’il n’y a pas de salmonelles sur une ligne de production, elle doit prélever un échantillon et l’envoyer en laboratoire. Les bactéries sont alors incubées afin de les faire croître, ce qui prend au minimum vingt-quatre heures, voire dans certains cas de deux à quatre jours.
Un test révolutionnaire
La solution mise au point par la start-up lausannoise Myriad Optics identifie les bactéries directement sur la ligne de production. «Notre méthode permet de travailler avec des concentrations extrêmement faibles, de l’ordre d’une dizaine de bactéries seulement», indique le cofondateur Marwan El Chazli.
Pour ce faire, trois technologies entrent en jeu. La première est la microfluidique, qui rend possible l’étude des fluides à l’échelle microscopique. La seconde est connue sous le nom de spectroscopie Raman. Il s’agit de scanner à l’aide d’un laser les bactéries afin d’analyser leur empreinte chimique. Enfin, la troisième est le machine learning. L’idée consiste à entraîner un modèle à partir de ces signaux spécifiques. L’objectif final étant de pouvoir rapidement attribuer un spectre chimique à une bactérie, par exemple la listeria.
Issus de la filière microtechnique à l’EPFL, les deux cofondateurs, Marwan El Chazli et Fahradin Mujovi, sont accompagnés de deux stagiaires. Ils collaborent régulièrement avec un scientifique senior à l’Université de Lausanne en microbiologie. La start-up sera incorporée dans les prochains mois. A ce jour, elle a levé plus de 300'000 francs, dont un Innogrant récemment.
Une solution locale face aux enjeux globaux de sécurité alimentaire
«Swissmedic recense toutes les contaminations détectées et les rappels de produits alimentaires qui sont proposés sur les rayons des supermarchés, souligne Marwan El Chazli. On finit souvent par trouver dans cette liste un produit que l’on achète régulièrement.» Les contaminations peuvent provenir, par exemple, de petits bouts de verre ou de produits chimiques divers. Dans la majorité des cas, il s’agit néanmoins de bactéries.
Parmi les scandales récents les plus connus, on peut citer Nestlé et les pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E. coli. Les contaminations peuvent intervenir dès la phase d’élevage ou lors des processus agricoles. L’une des principales sources de contamination sont les personnes, par exemple des travailleurs qui ne se sont pas lavé les mains et touchent de la nourriture. Par conséquent, les risques sont plus importants en ce qui concerne les aliments non cuits, comme les salades préparées, dont les constituants proviennent des quatre coins de la planète.
«Nous voulions faire quelque chose d’utile en lien avec la santé et l’alimentation, poursuit le cofondateur. De plus, les pertes pour l’industrie alimentaire sont énormes, d’où les opportunités entrepreneuriales.» Actuellement, Myriad Optics termine son étude de faisabilité en laboratoire. L’équipe a réalisé de nombreux entretiens avec des clients potentiels, dont Nestlé, et dispose déjà d’une lettre d’intention avec Migros Industrie. Ce partenaire s’est engagé à lui donner accès à sa ligne de production dès que le prototype sera finalisé.