Remplacer les emballages en plastique par une variante à base d’algues. C’est l’objectif de la start-up lausannoise B’zeos, récemment sélectionnée pour le 9e programme Kickstart Innovation 2024. Cette année, l’accélérateur, qui a déjà soutenu 450 jeunes pousses et facilité plus de 310 accords commerciaux, a particulièrement mis l’accent sur la durabilité et l’économie circulaire: la moitié de la quarantaine de finalistes étaient engagés dans ces domaines.
«L’algue présente de nombreux avantages en termes environnementaux, mais aussi de régulation», explique Kela Feller, responsable des partenariats chez B’zeos. En effet, aujourd’hui, de plus en plus de normes sont édictées en Europe à l’encontre du plastique. C’est le cas de la directive sur les plastiques à usage unique, entrée en vigueur en 2021. Son objectif consiste à réduire l’impact environnemental des produits plastiques, en particulier ceux que l’on retrouve fréquemment dans les déchets marins.
Les algues sont abondantes et croissent très rapidement: jusqu’à 30 fois plus vite que des végétaux terrestres. De plus, contrairement aux plastiques à base de maïs ou de canne à sucre, il n’est pas nécessaire d’utiliser des surfaces terrestres, ni de l’eau fraîche ou des pesticides pour leur culture et leur entretien. A la base, la mer, les océans et le soleil suffisent. En outre, ces organismes aquatiques absorbent très bien le CO2 et aident à lutter contre l’acidification des océans.
Deux obstacles: le prix et la réaction à l'eau
Il subsiste cependant des obstacles au développement de ce marché. «Les deux plus importants sont le prix et la réaction à l’eau», souligne Kela Feller. Les plastiques conventionnels sont moins coûteux, raison pour laquelle ils sont autant utilisés à l’échelle internationale. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux sont plus efficaces pour retenir l’eau. Au contraire, de nombreux matériaux biobasés, comme les algues, sont hydrophiles. C’est là que se trouve le principal dilemme: relativement résistant et bon marché, le plastique convient à une large gamme de produits, aliments ou liquides. Pour l’heure, B’zeos focalise son attention sur les articles secs ou gras. C’est pourquoi, à ce stade, la start-up n’a pas prévu de produire des bouteilles d’eau à base d’algue, par exemple.
Fondée en 2018, la société emploie aujourd’hui cinq personnes. Les algues qu’elle utilise proviennent de partenaires établis en Norvège, en France, en Afrique du Nord, dans les Caraïbes ou en Asie. A ce jour, elle a réalisé avec succès plusieurs démonstrations de faisabilité de son processus de transformation de résines à base d’algues en matériaux d’emballage. Elle développe actuellement des projets avec différents détaillants en Suisse et compte parmi ses partenaires de grandes firmes internationales comme Nestlé.
En ce qui concerne les prochaines étapes, l’équipe souhaite continuer à améliorer les propriétés de ses emballages 100% biosourcés et biodégradables. La start-up vise une entrée sur le marché en fin d’année prochaine, avec l’ouverture d’un premier test shop en Suisse, où les clients pourront évaluer ses produits en mains propres.