La technologie à la base des activités de Nanolive a été découverte par Yann Cotte, fondateur et CEO de la start-up vaudoise, dans le cadre de son doctorat en microscopie holographique à l’EPFL, au sein du laboratoire de Christian Depeursinge. Elle permet de visualiser des cellules en trois dimensions, sans les endommager. «Il s’agit d’une sorte d’IRM pour cellules, basée sur la lumière et non sur un champ magnétique», résume Lisa Pollaro, responsable du marketing.
Les cellules étant transparentes, on ajoute généralement des colorants pour les observer et les analyser. Le problème est qu’en procédant ainsi, on les altère, ce qui peut compromettre les résultats. La méthode développée par Nanolive permet de se passer de colorants et d’observer des cellules vivantes en pleine interaction. Il devient ainsi possible d’examiner en temps réel leur réaction à l’ajout d’un médicament ou d’autres stimuli. De plus, la résolution très élevée permet de visualiser l’intérieur des cellules et de distinguer leurs organites internes.
Fondée en 2013, la société a conçu plusieurs modèles de microscopes, lui permettant d’accumuler une quantité de données sans précédent. Depuis 2021, Nanolive a recentré son activité sur l’exploitation optimale des données quantitatives et uniques générées par ses plateformes d’imagerie. Fin février, l’équipe, désormais constituée d’une trentaine de collaborateurs, annonçait une innovation mondiale majeure: un outil d’analyse numérique des mitochondries, connues comme étant les «centrales énergétiques» des cellules.
Première mondiale
«Nous sommes les premiers à pouvoir observer et analyser les mitochondries sans colorants», indique Lisa Pollaro. Cette avancée ouvre de vastes perspectives, notamment pour des analyses plus précises et une meilleure prédictibilité dans des domaines tels que l’oncologie, la cosmétique anti-âge, l’évaluation de la toxicité des médicaments, ainsi que la recherche sur la longévité, le diabète, les maladies mitochondriales et neurodégénératives, ou encore le métabolisme. En fin de compte, ces innovations renforcent la fiabilité des médicaments, accélèrent leur développement et contribuent à réduire l’expérimentation animale.
Basée à Tolochenaz (VD), la société compte aujourd’hui environ 400 clients dans le monde, principalement issus du secteur académique, ainsi que des industries biotechnologique, pharmaceutique et cosmétique. «Nous souhaitons nous positionner comme leaders dans le domaine de la biologie quantitative, explique Lisa Pollaro. Nous ne nous contentons pas d’observer la vie cellulaire, nous en révélons les mécanismes invisibles.» Nanolive, qui a levé 22,2 millions de dollars il y a trois ans, continue d’attirer l’intérêt d’investisseurs stratégiques. «Nous explorons activement des opportunités de partenariats, notamment dans le domaine de la biopharma, souligne Yann Cotte. Notre priorité reste la croissance et l’expansion de nos solutions basées sur l’intelligence artificielle, afin d’accélérer la recherche et le développement de nouveaux médicaments.»