L’histoire de Superlife commence par un coup de foudre amical entre deux esprits créatifs, Edrris Gaaloul et Cyrille Verdon. Les deux designers, qui partagent une approche pragmatique de l’objet, se sont rencontrés sur les bancs de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. L’un comme l’autre y sont arrivés après avoir d’abord poursuivi d’autres vocations. Cyrille Verdon avait terminé une formation d’informaticien avant de bifurquer vers l’art, tandis qu’Edrris Gaaloul envisageait une carrière dans l’éducation sportive, puis dans le cinéma.

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Finalement, tous deux se sont décidés pour un bachelor en design industriel. Lors d’un workshop d’une semaine avec l’un des fondateurs de la marque Qwestion, ils se sont vus chargés de concevoir ensemble un sac à dos, qui deviendra de facto leur premier objet commun. Le père d’Edrris Gaaloul, professionnel en constructions métalliques, disposait d’une forge à Yverdon. Profitant de l’espace et des outils à disposition, c’est là que nos deux compères se sont retrouvés pour faire leur devoir.

Même vision du design

«Dès notre première discussion, on a réalisé qu’on partageait la même vision du design, celle où la fonction est indissociable de la forme», se souvient Cyrille Verdon. Pour Edrris Gaaloul, le lien était tout aussi évident. «J’ai immédiatement apprécié l’idée de Cyrille de créer des objets qui ne sont pas uniquement beaux mais aussi ingénieux. Ensemble, on voulait proposer quelque chose de différent, des créations pensées pour améliorer le quotidien, sans sacrifier à l’esthétique.» Une complicité créative est née et, peu après, l’idée de fonder leur propre studio a commencé à prendre forme.

Une fois leur bachelor en poche, les deux amis ont officiellement lancé en 2014 leur propre studio de design, Superlife. Un nom choisi pour refléter la mission qu’ils s’assignent: produire des objets à la fois élégants et fonctionnels, capables de s’adapter aux différents besoins des utilisateurs. Leur mantra: chaque création doit avoir une raison d’être, une utilité réelle, voire carrément vitale. En guise de premier exercice, les deux jeunes entrepreneurs ont imaginé une série d’objets astucieux et susceptibles, ni plus ni moins, de sauver des vies. Alive, un sifflet à base amovible et lumineuse, Poumon, le porte-stylo en masque avec filtre respiratoire, et Meduse, un tapis qui se gonfle pour devenir un flotteur.

Baptisée Be Ready, cette œuvre a immédiatement attiré l’attention des professionnels du secteur lors de sa présentation à la Design Week de Milan. Un succès qui a valu à Superlife de remporter le Prix de l’innovation de la Biennale de Saint-Etienne, en France, propulsant ainsi le studio sur le devant de la scène. «Cette récompense a été une vraie validation de notre démarche, raconte Edrris Gaaloul. Cela nous a prouvé que notre vision avait du potentiel et fourni la confiance nécessaire pour aller plus loin.» En parallèle, les deux compères acceptent les mandats externes de design industriel, notamment pour l’industrie horlogère.

Premier lancement encourageant

Encouragés par le succès de Be Ready et la visibilité médiatique qui s’est ensuivie, ils décident alors de se lancer dans la conception d’objets dont la réalisation, de la conception à la fabrication, en passant par l’emballage, pourrait être réalisée sans sortir de leur atelier. La forge paternelle leur servant de cadre de travail les a inspirés. «Mais en fait, avec cet atelier, on devrait fabriquer nous-mêmes nos propres objets!» Ainsi naquit Nestor, un porte-manteau en forme d’oreilles de lapin. «On en a produit une petite série, pour laquelle nous avons imaginé un packaging, que nous avons imprimé nous-mêmes également. Et là, il a fallu essayer de le vendre. J’ai débarqué avec mes cartons sur les bras chez Batiplus, une grande enseigne de mobilier contemporain. Notre idée les a immédiatement convaincus, et aujourd’hui encore ils exposent et vendent toutes nos créations», commente Cyrille Verdon.

Motivés par ce premier lancement encourageant, les deux créateurs se sont remis au travail avec un nouvel objectif ambitieux: concevoir une collection de mobilier complète vouée à être lancée lors de l’édition 2019 du très réputé salon parisien Maison et Objets. Un défi accentué par la nécessité de pouvoir produire en interne ces nouvelles pièces. Challenge relevé: outre le porte-manteau Nestor, Superlife a présenté Octave, une table basse sur laquelle il est possible de poser sans dommages tasses ou assiettes chaudes grâce à un insert de liège, Glouton, une pratique étagère murale servant de vide-poche et dissimulant cabas et tote bags, et Funambulb, une lampe ajustable grâce à un câble malin (photo ci-contre). Pratique et ludique, cette première collection est remarquée par les professionnels et le réseau de vente de Superlife s’étend. Après Batiplus, Theo Jakob, Uniquement Vôtre ou Chic Cham écoulent la marque en Suisse, alors que l’engagement d’un représentant permet l’ouverture d’autres marchés au niveau européen.

Grâce à son approche pragmatique, composée d’un sens aigu du détail doublé de la volonté de ne pas suivre les tendances éphémères, Superlife attire l’attention du milieu du design. Les créations suivantes, dont la série de lampes Romana ou les étagères modulaires Cady, sont pensées pour que leur fabrication puisse être confiée à des sous-traitants, impérativement suisses. En parallèle, un premier objet n’étant pas issu de l’imagination des deux designers voit le jour. Signée Big Game, un studio lausannois de réputation internationale connu pour travailler avec Nespresso, Alessi ou Opinel, la table Punkt fait ainsi passer Superlife d’atelier à éditeur de mobilier. Cette collaboration a marqué un nouveau chapitre pour Superlife.

Cyrille Verdon se souvient de ce moment comme d’une véritable opportunité: «Travailler avec Big Game a constitué une étape décisive. Cela nous a permis de passer à un autre niveau, en termes de production mais aussi de visibilité.» Patratras, arrive 2020. Comme le reste de la planète, Yverdon-les-Bains se voit confronté aux méfaits du covid. Les fondateurs de Superlife ont réagi en optant pour un renforcement de la présence en ligne de leur entreprise. Une stratégie de développement de la communication sur les réseaux sociaux, notamment à travers Instagram, est mise en place, pensée pour accroître et renforcer la visibilité du site d’e-commerce. Bien vu: cette décision vaut aux deux Vaudois de faire connaître leur entreprise et d’écouler leurs produits sur de nouveaux territoires, notamment outre--Atlantique.

Une décennie d'existence

Quatre ans plus tard, Superlife célèbre sa première décennie. Un anniversaire marqué par la récente commercialisation de Flow, une ligne de tables gigognes colorées. Un premier lancement qui devrait être suivi d’autres présentations, annoncées pour cet automne. Une extension de la gamme volontairement conditionnée à une conviction profonde muée en règle inébranlable: «Un design réussi est celui qui rend la vie plus simple, belle et durable.»

En dix ans, Superlife est parvenue à inscrire son travail dans une certaine redéfinition du design suisse, avec des objets aussi polyvalents qu’élégants. Des créations qui incarnent une nouvelle expression du luxe, celle de la valeur issue de la fonctionnalité. Selon Edrris Gaaloul et Cyrille Verdon, «l’intemporalité d’une pièce de mobilier ne doit plus découler de son aura iconique mais de sa durabilité, sa polyvalence la rendant indispensable au quotidien. Chaque objet doit mériter son droit à exister.» Une vision confirmée par un attrait croissant de leurs collections au niveau international, une demande à laquelle le duo cherche à répondre en partant à la recherche de nouveaux investisseurs.