«Enfant, je n’aimais pas l’école, j’étais rêveur et j’aimais surtout dessiner, au point qu’un prof m’a laissé le faire chaque vendredi plutôt que de suivre les cours. A 16 ans, j’ai dit à une conseillère d’orientation que je voulais devenir graphiste. Elle m’a répondu qu’un CFC de plâtrier-peintre ferait très bien l’affaire question créativité…

A l’époque, une grande partie de mes amis faisaient du rap et du vélo BMX. Moi je leur dessinais des flyers ou des pochettes. En 1999, j’ai mis tout mon salaire d’apprenti pour produire une vingtaine de t-shirts avec le logo Alias One que j’avais créé, puis je les ai offerts à des copains. Parce qu’il les voyait partout, le patron de la boutique de style rap Kingz de Lausanne m’en a commandé, puis il a voulu des sweats.

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Au début, j’étais tellement content que je les lui vendais à prix coûtant! Cette expérience m’a donné envie d’aller au-delà des dessins et de produire mes propres habits streetwear. Je me suis alors associé avec Mauricio Guerreiro, un ami d’enfance. Grâce à lui, on s’est mis à produire des vêtements de qualité au Portugal, mais personne ne voulait distribuer nos collections. Entre 2004 et 2014, nous avons donc ouvert notre propre boutique, Délicieux, à Lausanne.

Mes connexions dans le rap ont fait que des artistes comme Stress, Sinik ou Casey portaient mes habits, ce qui m’offrait une grande visibilité. J’allais souvent à Paris, le coffre rempli de t-shirts que j’écoulais dans les cités du 93. Mais cette partie création restait un à-côté puisque je continuais à travailler dès l’aube sur les chantiers.

En 2006, un pote m’a fait découvrir le rappeur Orelsan. J’ai adoré et je lui ai transmis mes créations par son manager. Et voilà que, un soir, il apparaît à la télé entièrement habillé en Alias One! En 2009, j’ai réussi à le rencontrer en marge de son concert à Lausanne au D! Club. On est devenus amis. J’avais été vice-champion suisse de BMX, lui avait pratiqué le roller à haut niveau. Cela nous a immédiatement rapprochés.

«Orel» et moi avons alors décidé de lancer la marque Avnier. Cette même année, j’ai été licencié, je me suis donc lancé intégralement dans l’entrepreneuriat. Du dessin à la logistique, en passant par la comptabilité ou la production, je gérais tout. Avnier m’a vite rapporté de quoi vivre. En 2016, notre marque a intégré le prestigieux salon textile MAN. Des collaborations en séries limitées ont vu le jour avec, par exemple, les marques Von Dutch, Salomon ou Umbro. Dans ce dernier cas, nos trois mois de stock se sont écoulés en une matinée!

D’autres collaborations de prestige sont en cours. Nous visons désormais à devenir la marque de référence de l’industrie audiovisuelle. Ma conseillère d’orientation serait probablement déroutée par ces rebondissements.»