«Mon père est dessinateur en bâtiment et, vers 12 ans, à l’occasion d’un stage d’initiation dans son entreprise, j’ai été fasciné par le bois et sa noblesse. Plus tard, je me suis donc orienté vers un CFC de menuisier. J’ai ensuite enchaîné sur un apprentissage de charpentier puis sur un brevet de contremaître-menuisier. A 22 ans, j’ai pris la direction d’une équipe de 12 collaborateurs. J’ai appris le métier en le pratiquant, sans compter mes heures et avec, dès le départ, le rêve de créer ma propre société. Tout était déjà prêt, jusqu’au logo. Ce rêve s’est finalement concrétisé d’une manière un peu inattendue.

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En 2011, David Walzer, fondateur d’une menuiserie déjà bien connue à La Chaux-de-Fonds (NE), m’engage pour préparer sa succession. A l’époque, sa PME familiale, lancée en 1986, comptait six employés (contre six fois plus aujourd’hui). J’ai dû faire ma place parmi ces professionnels expérimentés qui redoutaient un peu le changement. Cela s’est fait progressivement, au fil du temps j’ai pu faire la preuve de ma motivation et de mes compétences. Le tout en sachant écouter les plus anciens mais en sachant trancher aussi… En 2014, je suis passé codirecteur en rachetant 49% des parts de l’entreprise grâce à un tiers de fonds propres, à un tiers de prêt bancaire et à un tiers de prêt de mon ancien patron (désormais remboursé). Cette passation de pouvoir ne s’est clôturée qu’en janvier dernier lorsque je suis devenu seul maître à bord à 37 ans, en rachetant les 51% restants.

A mon arrivée, l’entreprise Walzer était spécialisée dans l’ébénisterie et la petite menuiserie. La société n’avait alors ni programme de conception assistée par ordinateur (CAO) ni programme de gestion. J’ai pris le parti de nous spécialiser dans la fabrication de portes, d’armoires et de mobilier personnalisé. Pour y parvenir, l’entreprise a investi massivement dans son parc de machines. Aujourd’hui, nous possédons par exemple une commande numérique et une salle pour la finition des peintures. Notre partenariat avec Internorm – la plus grande marque mondiale de fenêtres, basée en Autriche – nous a permis de devenir l’un de ses plus gros concessionnaires en Suisse romande avec 2500 unités posées par an. Nous proposons aussi un service de réparation à une quinzaine de régies immobilières.

En août 2020, malgré la crise sanitaire, nous avons lancé une succursale à Yverdon (VD). Elle emploie déjà quatre personnes et nous permet de rayonner en Suisse romande. Ces six derniers mois, j’ai investi 3,3 millions de francs dans l’entreprise. En mai, nous avons quitté nos locaux historiques de la rue de l’Hôtel-de-Ville à La Chaux-de-Fonds, devenus trop exigus, pour investir 2000 m2 d’atelier, de stockage et de bureau, à la rue du Locle. Là, un showroom permet à nos clients de découvrir nos produits et d’être conseillés avec soin: 80% de ceux qui viennent à notre rencontre de cette manière nous font ensuite confiance!

Outre le conseil, nous mettons un point d’honneur à cultiver l’ADN artisanal de notre société. Nous évitons au maximum la sous-traitance, afin de raccourcir les délais et de conserver notre savoir-faire, notre maîtrise des détails et une flexibilité maximale. Chez nous, l’exigence va de pair avec le plaisir. Nos collaborateurs restent aussi parce que l’ambiance dans l’équipe est bonne. Cinq d’entre eux ont vingt-cinq ans d’ancienneté, cinq autres sont des apprentis. Pour moi qui suis père de trois enfants de 6, 8 et 10 ans, transmettre le savoir-faire à la jeune génération est important. Notre chiffre d’affaires annuel est de 6 millions. Nous couvrons désormais une zone allant d’Yverdon au vallon de Saint-Imier (BE), où je réside. Le Covid-19 a amputé 10% de notre chiffre d’affaires et le coût des matières premières a flambé dans la foulée de 10 à 15%, mais l’entreprise reste saine. Un farouche esprit conquérant et indépendant continue de guider mes pas. Je suis confiant!»