Il faut avoir le cœur bien accroché pour vivre dans la peau d’un startuper. Coat-X, spécialisé dans le revêtement biocompatible ultra-mince et étanche, peut désormais souffler. Un peu. Sa technologie, bardée de sept brevets nationaux et mondiaux, séduit investisseurs et partenaires de taille. «Notre couche ultra-fine protège de l’humidité les implants médicaux contenant de l’électronique, résume Andreas Hogg, CEO et cofondateur de la société. Mais on peut l’utiliser dans d’autres secteurs.»

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L’un des leaders mondiaux des outils de coupe pour l’industrie, OSG Coating Services, 5000 salariés, est devenu en août dernier actionnaire minoritaire de la medtech d’une dizaine de collaborateurs à La Chaux-de-Fonds. Et, surtout, les deux entités ont créé ensemble l’entreprise Coat-X Japan, à Toyokawa. Une alliance stratégique qui permettra de déployer leur innovation en Asie. «Dès le printemps 2022, le revêtement Coat-X sera commercialisé sur le marché asiatique, directement depuis le Japon. Nous sommes dans les délais», se réjouit Andreas Hogg. Deux ingénieurs japonais sont en ce moment en Suisse pour se former sur la machine et les processus. A noter que cette alliance étonnante est née d’un contact qui a eu lieu à l’IMD, à Lausanne, en 2016. L’un des directeurs d’OSG y a découvert Coat-X, fondée quelques mois plus tôt seulement.

Tous les projets sont relancés

Cette joint-venture oriente la start-up vers l’industrie des semi-conducteurs, de l’automobile et des capteurs. «Les problèmes d’étanchéité sont dans tous les secteurs, pointe le CEO, docteur en technologie médicale. Travailler avec OSG, qui dispose d’une présence de vente dans 33 pays et de 17 sites de production, c’est bénéficier de leur force de frappe commerciale pour notre technologie innovante.»

Une bonne nouvelle en appelant une autre, les Neuchâtelois viennent de lever des fonds auprès d’un family office zurichois. Un apport financier qui permet de stabiliser la société, de recruter et de continuer à innover. «Nous sommes de nouveau en croissance, relève le CFO, Eric Nagels. Notre banquier respire. Mais nous avons beaucoup souffert pendant la pandémie. Tous les projets de recherche sur lesquels nous travaillions étaient à l’arrêt. Nous avons dû licencier quatre personnes et nous avons repoussé le paiement d’une partie du salaire des trois dirigeants pendant six mois.»

Les RHT, un prêt covid immédiat de 90 000 francs, puis un prêt covid start-up de 250 000 francs ont bien aidé. Car les 50 000 francs du Swiss Medtech Award partagé avec Rheon Medical pour le dispositif EyeWatch n’ont pas fait long feu. Mais aujourd’hui, tous les projets sont relancés. Difficile d’imaginer les soucis financiers qui se cachent derrière la variété des champs d’application du revêtement conçu par Coat-X. «Le développement médical est un processus très lent, beaucoup plus que dans l’industrie classique. Chaque demande devenait un projet à elle seule, impliquant des mois de travail qu’on ne pouvait pas toujours facturer», explique le CFO.

La technologie de Coat-X prend désormais peu à peu son envol. Ainsi, aujourd’hui, 350 patients opérés du glaucome dans les cliniques de Montchoisi, à Lausanne, ou de Sion bénéficient du revêtement neuchâtelois sur leur implant oculaire, ce qui améliore le confort et prolonge la durée de vie de la lentille. D’autres recherches se poursuivent avec le Centre Wyss sur des implants cérébraux beaucoup moins invasifs et plus performants grâce à cette protection ultra-fine. Un espoir d’amélioration du quotidien pour les patients atteints de parkinson, d’épilepsie, de troubles dépressifs ou handicapés dans leur mobilité.