Résilience et innovation: tels ont été les maîtres mots des entreprises ces deux dernières années face à la crise sanitaire. En Suisse, l’adversité n’a pas effrayé les nouveaux entrepreneurs: depuis le début de l’année 2021, plus de 41 000 nouvelles sociétés ont été créées en Suisse, 10% de plus que sur la même période un an plus tôt selon l’étude du cabinet Dun & Bradstreet. Un record historique qui détrône la performance de l’année 2020, qui comptait déjà une hausse majeure du nombre de nouvelles entreprises inscrites au registre du commerce (près de 47 000 sur l’année).

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Des logiciels RH qui s’adaptent au télétravail à la gastronomie qui externalise ses cuisines, en passant par toutes les innovations en faveur de la durabilité, le monde post-crise inspire les créateurs d’entreprise. Autriche, États-Unis, Chine, Irlande ou Portugal: les 50 idées de business de ce dossier ont été sélectionnées aux quatre coins du monde. Toutes ont en commun de bouleverser le statu quo et comprennent un potentiel d’application en Suisse. Certaines existent peut-être déjà sur le territoire mais pourraient être davantage développées. Les 50 idées sont commentées par des experts soigneusement choisis (encadré à la fin du dossier), qui donnent leur avis sur le potentiel de ces entreprises, leurs défauts et les défis inhérent auxquels être attentifs pour les adapter en Suisse. Alors que l’économie suisse et mondiale se transforme pour répondre aux défis d’un monde nouveau, êtes-vous prêts à relever le défi?


01 - Fast-food 100% salades

01 Sweetgreen

La chaîne américaine Sweetgreen a connu un succès fulgurant aux Etats-Unis depuis sa création en 2006 avec 140 enseignes. Entrée en bourse en novembre 2021, elle propose des salades et des bowls avec des ingrédients frais, sains, locaux et de saison. Elle se targue d’être le «McDonald’s de sa génération». Pour augmenter la rapidité de la préparation de ses plats, composés à la demande, la société a acquis l’été dernier une start-up qui développe des robots de service. Elle suit aussi de près l’empreinte carbone de ses fournisseurs.

Olivia Lamarche-Brunisholz  «Il faut bien étudier le marché: selon un récent sondage, environ 70% des consommateurs en Suisse n’éprouvent aucun remords à manger de la «comfort food» telle que des pizzas et des hamburgers. Il faudrait aussi réussir à convaincre des investisseurs d’ouvrir une chaîne avec un concept conséquent de durabilité.»


02 - Colorer les vêtements à l’infini

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02 Vividye

Fondée en 2020, Vividye permet d’appliquer, sur des textiles, des couleurs et des motifs qui peuvent ensuite être retirés et réappliqués, sans endommager les matériaux. Cette technologie a été mise au point par deux chimistes de l’école polytechnique Chalmers, en Suède. En luttant contre la «fast-fashion», elle réduit la consommation d’eau et le rejet de produits chimiques dans l’environnement. A partir d’un même t-shirt blanc, plusieurs tenues peuvent être créées, durant plusieurs années.

Olivia Lamarche-Brunisholz «C’est une bonne idée qui va dans le sens de la «slow-fashion». Cependant, Vividye est apparemment le résultat de quatre ans de recherches, ce qui leur donne une bonne longueur d’avance. Je pense qu’il y a encore de la place pour de nouveaux business dans le domaine de la collecte, de la vente et de la transformation de vêtements de seconde main, car, pour l’instant, il y a plutôt de petites initiatives qu’un grand acteur principal en Suisse.»


03 - Miroir, miroir, coache-moi

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03 Mirror

Depuis le début de la pandémie, la pratique du fitness à la maison constitue une tendance forte. La start-up américaine Mirror a ainsi fabriqué un miroir équipé d’une caméra et de haut-parleurs faisant office de prof de gym. L’appareil propose un plan d’entraînement personnalisé quand il est allumé et devient un simple objet de décoration lorsqu’il est éteint.

Frédéric Baetscher  «Cette idée a un très fort potentiel! L’entreprise propose une large palette de cours, différentes activités sportives, et ceux-ci peuvent être partagés à distance entre amis. Le miroir est très élégant et s’intègre à un mobilier contemporain. Le business model est intéressant, avec toute une série d’accessoires connectés (haltères, tapis, poids, etc.) qui peuvent être achetés en plus. Je suis convaincu que l’idée plairait aux Suisses, d’autant plus maintenant que la pratique du sport à la maison a été largement adoptée.»


04 - Intégrer l’option compensation carbone à sa vente

Grâce aux outils digitaux que Chooose a développés, les clients d’une entreprise peuvent choisir de compenser l’empreinte carbone du produit ou du service acheté, que la transaction ait été faite en magasin ou en ligne. Fondée en 2017, la start-up norvégienne a séduit des entreprises de toute taille, actives dans l’industrie aérienne et le voyage au sens large. Le dispositif est disponible en une quarantaine de langues et accepte des dizaines de monnaies différentes.

Nathalie Nyffeler  «De nombreuses plateformes de ce type émergent. On peut se demander si ces actions sont suffisantes par rapport aux enjeux climatiques. Il faudrait plutôt induire des changements de comportement, appeler à consommer moins, donc à générer moins de chiffre d’affaires, ce qui est certainement peu attractif pour un investisseur.»


05 - Livraison de courses express

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05 Gorillas

Fondée en 2020, la licorne berlinoise Gorillas s’est fixé pour objectif de proposer des livraisons de produits d’épicerie à domicile en dix minutes. Leur application permet de choisir parmi une large sélection, notamment de fruits frais, produits végétariens et boissons. Elle assure une livraison en un temps record grâce à des micro-entrepôts implantés dans les centres-villes et des livraisons à vélo électrique. Gorillas s’est déjà exportée à Copenhague, à Paris ou à Londres et a dernièrement levé 1 milliard de dollars.

Cyril Déléaval «La livraison à domicile est totalement dans l’air du temps, renforcée par les confinements. En Suisse, le défi sera d’arriver à être rentable sachant que la main-d’œuvre et la logistique constituent des coûts importants. De plus, je ne suis pas sûr que les Suisses aient un réel intérêt à avoir un temps de livraison aussi court.»


06 - Cartes interactives des campings

06 CampMap

CampMap est une application développée en Croatie, dès 2018. Elle contient des cartes numériques interactives de campings, qui permettent aux clients de se renseigner sur les heures d’ouverture ou les services proposés par les différents campings qu’ils visent. L’app est aussi utilisée par les propriétaires de campings, leur permettant ainsi de se faire connaître.

Julien Abegglen Verazzi  «Le principe a l’air intéressant, mais je me demande quelle est la valeur ajoutée par rapport à n’importe quel site ou application qui permet de réserver des campings. Je miserais ainsi sur l’expérience client, la programmation des activités ou événements dans les campings ou proposer d’interagir avec les autres campeurs.»


07 - La start-up qui revend vos vêtements pour vous

07 Thrift+

Basée à Londres, Thrift+ aide les consommateurs à revendre leurs vêtements d’occasion. Les vendeurs envoient directement les habits dont ils veulent se débarrasser à l’entreprise. Le processus de photographie et de mise en ligne est ensuite géré par Thrift+. La start-up prend ainsi en charge pour le consommateur toute la partie besogneuse de la vente d’articles en ligne. Le vendeur reçoit ensuite des crédits en fonction du nombre d’articles donnés. Chaque client a également la possibilité de verser un montant à une association caritative lors de son achat. Fondée en 2017, la société emploie actuellement plus de 40 personnes et a levé un total de 1,7 million d’euros.

Julien Abegglen Verazzi  «C’est le trend du moment: économie circulaire et mode éthique. La seconde main semble avoir du succès et il fallait passer par la version en ligne qui répond indéniablement à la demande actuelle, surtout en période de pandémie et de confinement. Sous des airs de conscience écologiste, l’application reste cependant assez binaire (femme/homme), commerciale et urbaine, alors qu’elle pourrait gagner à être plus représentative en matière de diversité et d’inclusion des profils proposés. Et si le vrai défi était plutôt la décroissance?»


08 - L’assistant virtuel de son animal de compagnie

08 Barkyn

La start-up portugaise Barkyn développe une offre complète pour les animaux de compagnie. Fondée en 2017, l’entreprise propose aux propriétaires d’animaux un abonnement qui comprend la livraison de nourriture adaptée à l’animal, produite localement avec des aliments frais ainsi que la mise en relation avec un réseau de vétérinaires. Barkyn est l’une des huit start-up sélectionnées par le programme de croissance de Google.

Cyril Déléaval  «Comme le dit l’adage, «quand on aime on ne compte pas», et les animaux font aujourd’hui partie intégrante des familles. L’idée de mutualiser les services pour son animal de compagnie me semble bonne, d’autant plus que les Suisses ont les capacités financières d’allouer un montant conséquent à leur animal domestique. En outre, le principe d’abonnement permet à l’entreprise d’avoir une bonne prévisibilité de ses revenus.»


09 - L’abonnement podcast

09 Podimo

Fondée en 2019, la start-up danoise Podimo propose un service d’abonnement pour les histoires audio et les podcasts. Pour 5 euros par mois, elle met à disposition des utilisateurs ses podcasts habituels et leur propose des contenus exclusifs adaptés à leurs préférences.

Andreane Jordan Meier  «Je pense que l’avenir de l’industrie des podcasts est prometteur. On voit déjà que d’importants médias investissent massivement dans ce domaine, et proposent également des rubriques qui recensent les meilleurs podcasts. Une personne souhaitant entreprendre une démarche de ce type disposera d’autant plus de chances de succès si elle peut offrir des contenus de qualité sélectionnés soigneusement. Dans ce marché, l’offre est déjà énorme, il s’agit donc de se différencier pour aider les consommateurs à trouver rapidement ce qui convient le plus à leurs intérêts.»


10 - Regrouper ses dettes en une seule plateforme plus avantageuse

10 Anyfin

© vijo 5n

La start-up Anyfin, basée à Stockholm, permet aux consommateurs de refinancer leurs mensualités, cartes de crédit et prêts personnels existants en quelques secondes. Pour les clients retenus, l’entreprise s’occupe de régler directement avec le ou les prêteurs d’origine. Le client transfère alors toutes ses dettes à la start-up. Celle-ci vient de lever 52 millions de francs pour poursuivre son extension.

Gilles Ruffieux  «Je trouve que tant la proposition de valeur que l’exécution sont très bien faites, avec cette idée de centraliser l’ensemble des crédits en y appliquant un taux unique de 5,9%. Car l’on sait que l’un des principaux dangers en cas de surendettement concerne l’éclatement des crédits. Je n’ai pas trouvé d’acteur suisse avec une approche similaire, même si le refinancement existe, bien sûr. Je me demande cependant si cette idée de prise en charge facilitée est réellement une aide aux personnes en difficulté ou un simple moyen de se différencier sur le marché fintech. Il s’agit aussi de creuser le fonctionnement de ce modèle à plus long terme.»


11 - Des magasins sans caisses

11 Sensei

La start-up portugaise Sensei vend aux entreprises du commerce de détail une technologie basée sur l’intelligence artificielle leur permettant de se passer de vendeurs, d’appareils de scannage et même de caisses automatiques. Plusieurs caméras et capteurs sont placés dans le magasin pour détecter et analyser les mouvements des consommateurs, et ainsi mettre à jour leur panier virtuel. De leur côté, les collaborateurs reçoivent des informations pour réassortir les rayons. Sensei a récemment réalisé une levée de fonds de 5,4 millions de dollars. D’autres sociétés dans le monde, comme le géant Amazon ou l’israélienne Trigo, développent des solutions similaires.

Olivia Lamarche-Brunisholz  «Plusieurs projets de caisses autonomes sont à l’étude en Suisse, mais on peut se demander si les consommateurs helvétiques sont prêts. L’utilisation de caméras pour la reconnaissance faciale est par exemple très débattue actuellement. Peut-être que de telles solutions arrivent un peu tôt. Il y aurait, en revanche, une place à prendre sur des systèmes plus simples mais tout aussi efficaces à destination de commerces indépendants ou d’espaces de vente directe. Il faudrait leur offrir une solution clés en main pour commercialiser leurs produits, même si le vendeur n’est pas présent sur place.»


12 - Un Netflix de la vente B2B

Faciliter l’expérience d’achat pour des clients professionnels (B2B), tel est l’objectif de la start-up allemande Emlen. Leur logiciel offre ainsi la possibilité aux départements de vente et de marketing de créer des expériences d’achat personnalisées et intelligentes qui ressemblent à celles du grand public (B2C), et ce sans compétences préalables de code ou d’informatique.

Gilles Ruffieux  «La proposition est intéressante dans le sens où il est parfois compliqué de décrocher des rendez-vous pour proposer certains produits ou technologies B2B. Cela dit, lorsque l’on vend des produits moins standard, on va en principe chercher à adapter son discours à chaque client, ce qui s’oppose à l’idée de cette plateforme. S’y ajoutent un prix d’entrée relativement élevé (49 euros par mois) et un manque de données concernant son utilité. Je perçois cependant un vrai potentiel pour ce type de solution sur le marché des levées de fonds, qui présente une bonne croissance. Pouvoir sélectionner une dizaine d’investisseurs en les amenant rapidement sur le pitch et les documents du projet me semble un développement intéressant, que ce soit pour des start-up ou des associations.»


13 - Réduire son impact carbone grâce à un logiciel

En Allemagne, Planetly a développé un logiciel qui permet à une entreprise d’analyser, de réduire et/ou de compenser son empreinte carbone. Le logiciel analyse les données réelles de la société et montre où l’impact carbone pourrait être réduit de la manière la plus pragmatique. Elle compte aujourd’hui plus de 150 clients et une centaine d’employés, après deux ans d’existence.

Nathalie Nyffeler «Il serait intéressant de mieux comprendre si ces analyses amènent à une réduction carbone significative, et quelle est la fiabilité de ces calculs. La compensation est peut-être un premier pas, mais il ne faut pas oublier que quand on compense en plantant des arbres, par exemple, ceux-ci prennent vingt ans pour capter le CO2


14 - Recruter et embaucher à distance

14 Remote

Aider les entreprises à trouver les meilleurs talents dans le monde entier, en parfaite conformité avec les lois locales, voilà la mission de Remote, fondée en 2019 au Portugal. Sa plateforme facilite la gestion des salaires, des taxes, des avantages sociaux et de la conformité à l’échelle internationale pour des entreprises de toute taille. Un marché en plein essor en raison du développement du travail à distance dans le monde entier.

Laetitia Kulak  «Je trouve intéressante l’idée de simplifier les processus administratifs en y intégrant une forme de transparence et de flexibilité au niveau international, en particulier pour les multinationales. Reste à voir comment une telle plateforme peut être intégrée en Suisse, avec sa multitude d’administrations cantonales.»


15 - Des publicités incrustées dans les vidéos

16 Geek+

Grâce à des levées de fonds atteignant 165,5 millions de dollars, Video++ a conçu un service de streaming et des outils publicitaires utilisés par les principales plateformes vidéo chinoises. La société de Shanghai, créée en 2014, exploite l’intelligence artificielle pour intégrer des publicités en phase de postproduction. Son produit, FaceAI, est capable de comprendre le contenu de la vidéo et d’incruster automatiquement une publicité dans une position appropriée et en temps réel. Par exemple, s’il identifie une table dans une vidéo, il peut y placer une bouteille d’alcool de marque.

Nicolas Loeillot  «La reconnaissance d’images est mon domaine de prédilection, puisque j’ai moi-même fondé et vendu une start-up au Japon capable d’identifier des objets et des contextes. Dans le cas de Video++, la possibilité non seulement de reconnaître la forme, mais surtout d’incruster directement une publicité au bon endroit est très intéressante. Le potentiel commercial en Suisse est limité, mais ce serait fantastique de pouvoir vendre une solution similaire à d’autres pays produisant davantage de contenu vidéo. D’autant que les compétences existent en Suisse, avec des start-up comme Largo Films, à l’EPFL, qui arrive à décrypter un film grâce à l’IA (rythme, distribution, mise en scène), à faire des recommandations et à prédire le nombre d’entrées.»


16 - Des robots pour les entrepôts de distribution

Fondée en Chine en 2015, Geek+ fabrique des robots de gestion d’entrepôt similaires à ceux de Kiva, d’Amazon ou de la start-up française Scallog. L’entreprise se targue d’avoir déployé plus de 20 000 robots dans le monde entier, au service de 300 clients et de projets dans plus de 20 pays. Elle travaille en étroite collaboration avec des géants de la distribution tels qu’Alibaba et Suning ou de la logistique comme DHL, afin de remplacer les préparateurs de commandes dans les entrepôts. La société de Pékin, qui compte désormais plus de 1500 employés, profite de l’accélération de l’e-commerce du fait de la pandémie et de l’augmentation des besoins en automatisation.

Nicolas Loeillot  «En Suisse, où la place est limitée, il n’existe pas d’immenses entrepôts comme en Chine. Cependant, l’automatisation constitue une problématique industrielle pertinente dans le pays et ce type de produit y a une vraie utilité. Les PME comme les grands groupes ont besoin de technologies pour optimiser l’espace dans les usines et qui suivent les principes de l’industrie 4.0. Dans le cadre de notre programme Tech4Growth à l’EPFL Innovation Park, nous réfléchissons à de telles solutions.»


17 - Des appels sécurisés pour contacter ses clients

17 Hiya

Créée en 2016, la société américaine Hiya a développé une solution contre les appels indésirables. Avec cette technologie, les opérateurs peuvent sécuriser leurs réseaux et protéger les consommateurs de la fraude ou du spam. Le modèle à destination des entreprises se révèle intéressant. Hiya permet en effet à une société d’afficher son nom, son logo et la raison de l’appel à l’écran pour augmenter le taux de réponse de ses clients. Elle empêche aussi l’usurpation du numéro de téléphone de l’entreprise par des imposteurs, et lui livre des analyses sur sa réputation ainsi que sur ses performances commerciales.

Nicolas Loeillot  «Les solutions permettant de s’équiper contre les appels indésirables et les faux appels ont de l’avenir dans la plupart des pays occidentaux. Cela est d’autant plus vrai dans un pays riche comme la Suisse, où les sociétés sont la cible de nombreux fraudeurs.»


18 - Du réseau partout dans le monde

18 Airalo

La start-up Airalo propose une carte SIM numérique prépayée qui fonctionne sans surcoûts dans plus de 190 pays. Un abonnement d’une semaine coûte 9 dollars, un prix compétitif en comparaison des services internationaux proposés par les opérateurs suisses ou des frais de roaming appliqués dans certains pays.

Andreane Jordan Meier  «En tant que consommatrice, je trouve qu’il s’agit d’une offre assez alléchante. Les personnes qui souhaitent se lancer dans une entreprise similaire devront faire face aux opérateurs dominants, une démarche ardue, mais qui aura le mérite de soutenir la concurrence dans un secteur où celle-ci n’est pas suffisamment développée.»


19 - Pokémon version cryptomonnaie

19 Axie Infinity

Sur Axie Infinity, on élève, collectionne et prépare au combat de petits monstres joufflus et colorés. Le principe ressemble à celui des Pokémon, sauf que, dans ce jeu vietnamien lancé en 2019, les monstres, appelés Axies, se monnaient. Chaque Axie est un NFT. Pour commencer à affronter d’autres joueurs, il faut posséder au moins trois monstres, au prix minimum de 800 dollars (le prix varie entre 200 et 130 000 dollars pour le plus cher jamais vendu). Les transactions se font via la cryptomonnaie du jeu: les Axie Infinity Shards (AXS). Ces jetons peuvent ensuite être convertis en dollars et autres monnaies «réelles». En 2021, le jeu compte 500 000 utilisateurs, dont 60% seraient basés aux Philippines.

Isabel Casado Harrington «Les cryptomonnaies sont de manière générale en plein essor. Le modèle de jeu en ligne du play-to-earn, soit de générer des revenus en jouant, a connu une croissance mondiale fulgurante cette année, et va croître encore. Ces modèles peuvent permettre de gagner rapidement des sommes importantes, ce qui explique leur succès dans les pays en développement. Les jeux liés à la cryptomonnaie en ligne se prêtent particulièrement bien aux jeunes générations, puisque les bénéfices se font de manière ludique, anonyme, sécurisée et sans intermédiaire. Toutes les entreprises de jeux vidéo vont s’inscrire dans ce trend.»


20- Paiement à l’heure immédiat

L’application mobile Payflow permet aux employés de percevoir instantanément leur salaire. Elle se destine plus particulièrement aux collaborateurs payés à l’heure. La start-up espagnole souligne que l’accès facilité au salaire entraîne un roulement de personnel plus faible, une meilleure productivité ainsi qu’une satisfaction globale plus élevée à l’égard de la rémunération.

Laetitia Kulak «Il s’agit d’une bonne initiative dans le travail temporaire. Le fait de pouvoir effectuer une demande d’avance sur salaire de manière souple et anonyme est un autre aspect intéressant de l’application. Cette proposition peut d’ailleurs aussi s’adapter dans d’autres types de structures, comme pour les personnes sur appel ou en free-lance.»


21 - Chat automatique pour entreprise

21 Yellow.ai

Créer des chats intelligents multilingues et omnicanaux en s’appuyant sur l’intelligence artificielle, c’est la proposition développée par l’entreprise Yellow.ai, basée en Inde. Les sites internet et réseaux sociaux des entreprises peuvent ainsi exploiter facilement un chat qui répondra automatiquement et dans toutes les langues aux questions des clients.

Gilles Ruffieux  «Disposer d’un chatbot automatisé est une offre intéressante pour des organisations qui disposent de produits très standardisés. Cela dit, cette optique m’interroge: ne risque-t-on pas d’éloigner les clients de la société? S’y ajoute la problématique culturelle: on sait que les attentes des clients sont différentes selon leur culture ou leur langue. Un tel outil peut-il être performant sur plusieurs langues s’il a été entraîné principalement avec de l’anglais?»


22 - Les boissons sont désormais relaxantes

22 Slow Cow Drink

Après le succès des boissons énergétiques comme Red Bull, la mode est désormais aux breuvages relaxants, ou «anti-énergétiques». C’est sur ce marché qu’est notamment active la PME québécoise Slow Cow Drink, qui veut «aider les gens à ralentir» grâce à sa boisson exportée dans une dizaine de pays. Vendue en canette, la boisson est composée de plantes calmantes comme la camomille ou la valériane.

Frédéric Baetscher  «Les boissons dites de détox ont déjà la cote. Les breuvages relaxants pourraient donc eux aussi être adoptés rapidement. Concernant le marché des boissons énergisantes, il se maintiendra certainement en parallèle. Je conseillerais néanmoins de privilégier des ingrédients suisses et locaux pour leur élaboration. Plantes, fruits et autres cultures locales permettront de favoriser la consommation en circuit court et régional.»


23 - Journée de travail hors cadre

23 Wooky

L’entreprise française Wooky aide les sociétés à organiser des journées «offsite». Son application permet de réserver en quelques clics une journée de créativité et d’échanges pour les collaborateurs en dehors du bureau, dans des lieux exceptionnels, loués le temps d’une «retraite professionnelle» par des particuliers. Wooky livre aussi des guides aux managers pour animer réunions et séminaires autrement, et intègre une solution d’analyse de satisfaction des employés.

Laetitia Kulak  «L’idée de base est bonne. Reste que la Suisse est un petit village. C’est donc un concept qui s’adapte plutôt à destination de multinationales qui recherchent des lieux à l’étranger. Gros bémol cependant: la navigation du site n’est pas sécurisée. On ne peut pas négliger ce genre de détail lorsque l’on souhaite démarcher de grandes entreprises, aujourd’hui particulièrement sensibilisées aux cyberrisques.»


24 - Imprimer des légumes en 3D

24 Natural Machines

L’appareil développé par l’entreprise espagnole Natural Machines permet de donner une forme particulière aux aliments en utilisant le principe de l’imprimante 3D. Des étoiles aux dinosaures, le système permet ainsi de donner aux aliments toutes sortes de formes. Il est utilisé notamment dans les cantines scolaires et les maisons de retraite. L’imprimante alimentaire est vendue 4000 dollars et a déjà séduit de grands chefs comme Paco Pérez, du restaurant Miramar en Espagne.

Andreane Jordan Meier  «La créativité et l’originalité sont à la base de l’entrepreneuriat, et le secteur de l’alimentation a beaucoup progressé, notamment pour rendre certains aliments plus attractifs. Ce concept, quoique probablement imaginé pour satisfaire les attentes de la haute gastronomie, réserve également un potentiel pour créer des plats qui peuvent attirer un public plus jeune, par exemple les enfants. A toute personne souhaitant entreprendre un projet similaire en Suisse, je recommanderais de veiller à s’assurer que les propriétés des aliments sont respectées. En effet, les consommateurs d’aujourd’hui peuvent se révéler très méfiants envers les manipulations opérées par une machine de ce type.»


25 - De la bière à l’eau du ciel

25 Atrapaniebla

Les deux ingénieurs agronomes Marco et Miguel Carcuro ont créé une bière artisanale, unique au monde, dans leur région de Coquimbo au Chili. Elle est faite à partir de l’eau du brouillard, peu concentrée en carbone, en sulfate et en nitrate. Deux brasseries Atrapaniebla existent déjà et produisent 1000 litres d’eau par semaine, soit une capacité de 500 litres de bière. L’objectif des frères Carcuro est de produire dans tout le pays 11 000 bouteilles par mois.

Isabel Casado Harrington «L’idée est novatrice mais le marché des bières artisanales en Suisse arrive cependant à saturation. Récupérer l’eau de pluie ou du brouillard peut être un moyen intéressant de se démarquer mais plutôt pour une brasserie déjà existante


26 - Espaces communs en télétravail

26 Glue

Glue compte parmi les start-up qui capitalisent sur la révolution du travail à distance. L’entreprise finlandaise propose un espace en ligne où des équipes à distance se réunissent pour apprendre, partager, planifier et créer. Les utilisateurs personnalisent un avatar puis ont accès à des fonctionnalités telles que des salles de formation virtuelles, des coins discussion, des espaces de formation. La start-up a déjà obtenu l’adhésion de clients tels que Microsoft, HP et Toyota.

Laetitia Kulak

«J’adore ce concept, qui s’inscrit bien dans l’air du temps. C’est une bonne manière d’appréhender le travail hybride. L’utilisation d’avatars est assez ludique et peut faciliter certaines tâches, comme la mise en place d’une formation. Cela dit, cette solution ne doit pas occulter le besoin d’échanges réguliers en présentiel, au risque de faire décrocher les participants.»


27 - Apprenez localement avec votre artisan

Faire un stage de menuiserie et d’ébénisterie pendant ses vacances, c’est ce que permet la plateforme française Kookooning. Agence de voyages d’un genre nouveau, elle propose notamment de se former à de nouvelles compétences manuelles auprès d’artisans chevronnés. Un bon moyen pour les professionnels en question de toucher de se dégager un revenu supplémentaire.

Julien Abegglen Verazzi «Le fait de proposer des expériences «immersives» est une tendance depuis quelques années. Avec la pandémie et la récession du tourisme de masse low cost, les séjours vantant l’authenticité et l’artisanat visent à reconnecter un public plutôt citadin avec des savoir-faire traditionnels. Valoriser ces métiers est très important, mais il faut veiller à ne pas tomber dans du marketing sensationnaliste qui dépasse les capacités
des artisans.»


28 - L’actu personnalisée sur tous les formats

Grâce à l’intelligence artificielle, Newsadoo rassemble l’actualité et les contenus journalistiques provenant de différentes sources (journaux, émissions de radio, chaînes de télévision et portails en ligne). Elle réunit le tout dans un flux d’actualités personnalisées pour chaque utilisateur. La start-up autrichienne vise à rendre les informations plus individualisées, plus intelligentes et plus divertissantes.

Gilles Ruffieux  «Donner accès à davantage de contenus d’actualité qualitatifs en y incluant un peu de curation. Voilà une proposition qui me plaît particulièrement en tant que consommateur! Je suis plus partagé concernant l’intérêt pour les éditeurs. Leur enjeu principal consiste à la conversion des lecteurs vers une offre d’abonnement. Je ne suis pas sûr qu’une telle plateforme puisse atteindre la masse critique d’utilisateurs pour les y aider dans un marché relativement restreint tel que la Suisse.»


29 - Faites vos analyses médicales à la maison

29 Antelope Dx

Antelope Dx a développé un appareil qui permet de réaliser des tests diagnostiques à domicile. De la taille d’un smartphone, il permet de tester de nombreux fluides corporels. Chlamydias et gonorrhée, infection urinaire, grippe, mais aussi analyse sanguine, tout pourrait être effectué à la maison. Selon le résultat, le patient contacte son médecin. D’après l’entreprise belge lancée en 2019, son facteur de différenciation est qu’elle offre la triade «performance de laboratoire clinique, facilité d’utilisation (à la manière d’un test de grossesse) et prix grand public».

Cyril Déléaval  «Tout ce qui permet de réduire les coûts de la santé est intéressant. L’enjeu principal reste la fiabilité de ces tests: ils doivent être acceptés par les médecins. Mais ils peuvent permettre de diminuer les consultations inutiles. L’idéal serait de vendre ces tests au travers d’un relais de conseil, comme avec les pharmacies.»


30 - Coach en plantes d’intérieur

30 Farmer Nick

Vous ne savez pas quelles plantes choisir pour votre appartement ni comment vous en occuper? Aux Etats-Unis, Farmer Nick propose du coaching en plantes à domicile. Il visite l’appartement de chaque client, lui conseille les plantes qui correspondent à l’humidité et à l’exposition de l’appartement et lui indique comment les entretenir. Il peut aussi bichonner vos plantes pendant vos vacances.

Julien Abegglen Verazzi  «Plantepreneur?» On adore! C’est vert, engagé, drôle, économique et durable sans être dogmatique. Le concept de ramener la nature en ville est de plus en plus présent avec des pop-up stores végétaux éphémères, mais Farmer Nick semble avoir bien réussi l’équilibre des 3P: people, planet, profit. Reste à voir ce que cela donne en vrai dans le service, le suivi et les prestations. On se réjouit d’une telle initiative en Suisse!»


31 - Visiter Florence depuis la maison

Se balader dans les rues de Paris, de Rome ou de Tokyo sans bouger de chez soi, voilà ce que propose l’entreprise américaine Discover Live. La plateforme met ses clients en relation avec des habitants locaux qui leur font découvrir leur ville en temps réel par vidéoconférence. Les clients choisissent le lieu, l’heure et la date de leur visite touristique ainsi que leur préférence (musées, gastronomie, histoire, etc.).

Cyril Déléaval  «Le concept est intéressant pour les personnes qui ne peuvent pas voyager pour des raisons financières ou de santé, comme les personnes âgées. Cette forme de voyage est également moins polluante en CO2 puisqu’elle élimine le transport. Le concept peut être prometteur d’un point de vue éducatif, pour faire découvrir aux enfants de manière pédagogique d’autres lieux du monde.»


32 - Bouquets de vengeance

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32 BitchBouquet

L’entreprise américaine BitchBouquet, basée au Colorado, propose depuis plusieurs années des bouquets de fleurs fanées et des «anti-cadeaux» sur son site internet. Ces produits peuvent être commandés sur le site de la société et livrés à la personne détestée. Les livraisons, assurées dans tout le pays, peuvent être anonymes ou accompagnées d’une carte.

Olivia Lamarche-Brunisholz  «Contrairement aux Etats-Unis, le concept d’anti-cadeau ne fait pas vraiment partie de la culture suisse et je ne suis pas sûre que la taille du marché helvétique soit suffisante. Toutefois, des solutions créatives pour valoriser et recycler les invendus des fleuristes, ou lutter contre le gaspillage, peuvent se révéler intéressantes. On peut par exemple sauver des bouquets en exploitant la mode des fleurs séchées.»


33 - Une app pour faire des choix écologiques en voyageant

33 Tookki

Trouver des restaurants, des hôtels ou des moyens de transport respectueux de l’environnement, c’est possible grâce à l’application française Tookki. L’entreprise vérifie l’engagement des établissements et des activités en faveur de la durabilité avant de les répertorier sur son site. Elle se concentre sur les grandes villes et réunit déjà plus de 300 lieux à Paris, à Lyon, à Bordeaux et à Marseille. Les utilisateurs peuvent partager de bonnes adresses et des expériences sur la plateforme en jouant le rôle «d’ambassadeur». Ils gagnent ainsi des points et bénéficient de réductions et autres avantages dans les e-shops des marques partenaires de Tookki.

Nathalie Nyffeler  «Le tourisme durable est une tendance qui se développe fortement, il existe certainement un vrai marché. Mais pour une start-up, confrontée dans ce domaine à des big players comme Tripadvisor ou Booking, il faut pouvoir survivre. Convaincre les utilisateurs d’utiliser la plateforme nécessite un important travail de terrain consistant à aller chercher l’information et surtout à la mettre à jour en continu. Un point intéressant repose sur les offres qu’ils ont mises en place pour les entreprises, comme l’organisation de workshops. Cette diversification permet une autre source de revenus.»


34 - Hôtel à énergie positive

34 Svart

Situé dans un fjord norvégien, le nouvel hôtel Svart sera, lors de son ouverture en 2022, le premier hôtel construit selon la norme énergétique positive Powerhouse dans un climat nordique, produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme. En outre, sa demande en énergie sera inférieure de 85% à celle d’un hôtel moderne typique. Son objectif à moyen terme: devenir entièrement indépendant du réseau électrique et sans déchets au cours de ses cinq premières années d’existence.

Andreane Jordan Meier  «Un hôtel de ce type s’inscrit dans une démarche totalement en ligne avec les objectifs stratégiques suisses: non seulement il permet de soutenir les efforts du pays en termes de durabilité, mais aussi en termes économiques. Je suis convaincue que la mise en œuvre de la transition écologique par des entreprises de ce type constituera à l’avenir un facteur d’attractivité clé pour la Suisse. Cela est d’autant plus important pour relancer un secteur comme l’hôtellerie, qui est durement touché par la pandémie. Un tel repositionnement peut se révéler très intéressant pour les hôteliers qui visent le tourisme d’affaires, dans un contexte où les entreprises sont très soucieuses de leur impact environnemental.»


35 - Tarification dynamique des aliments

35 Wasteless

Utiliser le machine learning pour identifier et apprendre le comportement d’achat du client, de manière à proposer une tarification dynamique de produits alimentaires en fonction de leurs dates d’expiration, c’est la solution développée par la jeune pousse néerlandaise Wasteless. Le système qu’elle a mis au point analyse les réponses des clients au changement dynamique des prix et élabore la politique de remise optimale. Son offre, qui s’adresse tant aux épiceries en ligne qu’aux supermarchés, permet d’établir une série de tarifs optimaux en fonction du stock et du moment de la journée.

Gilles Ruffieux  «L’utilisation de l’intelligence artificielle et du machine learning est très intéressante par rapport à l’objectif visé. Du point de vue du détaillant, la proposition est gagnante sur tous les plans: augmentation du chiffre d’affaires, des marges et gain de temps en termes opérationnels du fait ne pas devoir changer les étiquettes de prix. Cela dit, la start-up ne fournit aucune donnée concernant la réduction du gaspillage alimentaire, cela sent un peu le greenwashing. Mais ce type de solution représente un immense potentiel et devrait essaimer rapidement partout en Suisse.»


36 - Acheter des exploits sportifs en cryptomonnaies

36 Dapper Labs

Dapper Labs développe des jeux vidéo alimentés par des cryptomonnaies. Les joueurs peuvent y acheter des produits dématérialisés. Ainsi le jeu CryptoKitties permet d’acquérir des chats animés. Leur jeu de basket NBA Top Shot a quant à lui déjà enregistré un chiffre d’affaires de plus de 680 millions de dollars pour ses cartes à collectionner animées représentant des éléments, tels que les dunks de LeBron James.

Isabel Casado Harrington  «L’industrie du jeu se prête vraiment bien à l’usage des cryptomonnaies et cette tendance va clairement continuer. En achetant ainsi, on peut faire monter les enchères et gagner rapidement de l’argent, ce qui est intéressant pour les acquéreurs. Concernant les NFT, il y a toujours eu des collectionneurs; dématérialiser ces échanges est juste une nouvelle manière de le faire. Plus largement, tout ce domaine est encore très nouveau et il y aura certainement des opportunités économiques pour de nouveaux concepts. Mais on peut aussi voir plus loin dans l’accompagnement de ces changements, par exemple pour sensibiliser les jeunes, contrôler la légalité des échanges, etc.»


37 - Fabriquer son «Cluedo»

37 The Game Crafter

L’entreprise The Game Crafter, basée aux Etats-Unis, a opéré un tournant réussi en 2009 en lançant un service de création de jeux personnalisés. Toute personne souhaitant créer son jeu de plateau ou de cartes peut ainsi télécharger ses réalisations graphiques, les modifier en ligne, choisir les pièces nécessaires (parmi une grande sélection de formes et de couleurs) et faire imprimer autant d’unités qu’elle veut. Une boutique en ligne permet aussi de consulter et d’acheter les jeux déjà créés par les membres de la communauté.

Olivia Lamarche-Brunisholz  «J’adore ce concept qui est, à ma connaissance, quasi inexistant en Europe. Il faudra toutefois vérifier que la taille du marché soit suffisante en Suisse. Les investissements de départ peuvent aussi se révéler importants pour développer un site aussi complexe que The Game Crafter, qui comprend de nombreux templates, mais aussi pour pouvoir imprimer les réalisations des clients. Une imprimerie qui disposerait déjà de l’infrastructure nécessaire pourrait l’ajouter à ses services.»


38 - Produire de l’électricité avec les piétons

38 Pavegen

Produire de l’énergie en marchant dans la rue… Délire utopiste? Pas pour l’entreprise anglaise Pavegen. Elle conçoit des dalles qui emmagasinent l’énergie de la marche pour la convertir en électricité. Chaque piéton qui marche sur ces dalles – généralement déployées dans des lieux publics – peut générer jusqu’à 7 watts d’électricité. Pavegen se concentre sur des projets à relativement petite échelle, tels qu’une installation récente au Mercury Mall, un centre commercial de l’est de Londres. Environ 8000 visiteurs s’y rendent chaque jour. L’énergie de leur passage est utilisée pour alimenter une partie du complexe.

Nathalie Nyffeler  «Ce que je trouve intéressant dans cette démarche, c’est qu’elle permet de rendre visible l’invisible qu’est l’énergie. Cela met en lumière la problématique de l’énergie de façon très positive, sans rien de moralisateur, dans un esprit ludique. En plus, les gens sont invités à se mettre en mouvement. Cependant, je m’interroge sur la question de l’échelle: de tels dispositifs ne permettent pas de créer de grandes quantités d’énergie. Aussi, la question de qui paie interpelle: on voit bien que seules les surfaces commerciales, les universités d’une certaine taille ou les communes qui ont suffisamment d’argent pour investir peuvent se le permettre.»


39 - Trouver des fournisseurs véganes en ligne

39 Vegshelf

Les alternatives aux produits laitiers, aux œufs, à la viande ou au poisson sont toujours plus recherchées par les consommateurs. Vegshelf, créée en 2019 à Düsseldorf, en Allemagne, a imaginé pour les détaillants une plateforme B2B sur laquelle les fabricants peuvent créer leur profil et leur liste de produits. Supermarchés, restaurants ou commerces indépendants disposent ainsi d’une vue d’ensemble de l’offre existante et s’approvisionnent en ligne.

Nicolas Loeillot  «Le marché des produits véganes, comme de l’agriculture bio d’ailleurs, a atteint une certaine maturité en Suisse. Dans ces domaines encore artisanaux, les modèles d’affaires qui facilitent le sourcing aux détaillants sont utiles. Les entrepreneurs suisses peuvent aussi jouer un rôle pour garantir le traçage des produits en question, grâce à des technologies comme la blockchain.»


40 - Microboulangeries robotisées

40 Bread Xpress

La solution de la start-up américaine Le Bread Xpress intègre la réfrigération et les capacités de cuisson rapide dans un distributeur automatique. La machine robotisée cuit des viennoiseries et autres produits de boulangerie à la demande. Cette solution permet aux consommateurs de disposer de produits de boulangerie fraîchement cuits à la demande tout en réduisant le gaspillage. Ces automates sont principalement destinés aux entreprises et aux lieux de collectivités.

Isabel Casado Harrington «Les Suisses entretiennent encore un rapport privilégié avec leurs commerçants, et notamment leur boulanger. En outre, la crise sanitaire a renforcé l’envie de valoriser le local et de privilégier les contacts réels. Néanmoins, le principe du 24h/24, 7j/7 est intéressant, puisqu’il répond à une réelle tendance de consommation, surtout en ville.»


41 - Divorce party planner

41 Howl at the Moon

Un mariage sur deux finit par un divorce. Aujourd’hui, des sites suisses tels qu’EasyDivorce existent pour simplifier les aspects légaux et réduire la charge financière d’une séparation. Mais l’idée de faire une fête pour mettre un point final à une relation peut se révéler une idée de business intéressante, comme le propose l’entreprise américaine Howl at the Moon. Comme les wedding planner ont transformé une niche en un marché lucratif, l’organisation de divorces avec fête finale incluse cache un potentiel inattendu.

Andreane Jordan Meier  «L’idée de clôturer une expérience de vie si difficile par une fête me laisse dubitative. En revanche, lancer une telle entreprise peut se révéler intéressant notamment si l’offre comprend une prise en charge totale du divorce, y compris en ce qui concerne les aspects légaux et administratifs.»


42 - L’école pour les baby boss

Former les enfants à l’entrepreneuriat, c’est la raison d’être de la Miniboss School à Edimbourg, en Ecosse. L’école dispense un programme académique de huit cours d’une durée de neuf mois chacun, mais aussi des camps d’été. L’institution est en relation avec tous les acteurs économiques de la région. Le concept est disponible en franchise et s’est diffusé dans plusieurs autres pays européens.

Nathalie Nyffeler  «Selon moi, cette approche pose un problème. Ce programme semble très axé sur la performance, l’apparence, la consommation. Je ne suis pas contre une sensibilisation des jeunes à l’esprit entrepreneurial, comme le font en Suisse des associations telles que Graine d’entrepreneur. Mais il faut réfléchir au contexte pédagogique, car les dérives arrivent facilement. Aujourd’hui, on doit former des citoyens responsables, pas des loups de Wall Street.»


43 - Quand les restaurants externalisent la cuisine

43 Kitopi

Kitopi est un réseau de cuisine ultramoderne qui prépare et livre des aliments à d’autres points de vente au détail, principalement à Dubaï. L’entreprise des Emirats arabes unis a développé un réseau de cuisines dites fantômes ou cloud kitchens, autrement dit des installations produisant des plats cuisinés mais seulement dans un but de livraison. Un restaurant peut ainsi leur passer des commandes et les faire livrer rapidement. Les établissements clients peuvent alors se concentrer sur le marketing, le budget et l’innovation produit. Kitopi vient de clôturer une levée de fonds de 415 millions de dollars, notamment de l’investisseur SoftBank.

Frédéric Baetscherl  «Cette idée a un vrai potentiel dans les grandes villes de Suisse. Là où les loyers sont élevés, externaliser la cuisine peut permettre d’optimiser l’espace et donc d’accueillir davantage de clients, augmentant ainsi les potentiels revenus. La tendance de la vente à emporter et celle des livraisons à domicile renforcent également l’intérêt de cette entreprise, puisqu’il n’est alors plus forcément essentiel d’avoir une salle de service.»


44 - Votre portable prend un selfie de son voleur

Développée au Canada, Hammer se vante d’être un «garde du corps personnel». Elle est en effet la première application de sécurité intelligente qui détecte les urgences. Un kidnapping, un vol ou un accident de voiture, avec l’impact du choc, peuvent activer l’alarme. Une fois enclenchée, l’application bloque l’appareil, permet de localiser le téléphone et prend la personne qui tient le téléphone en photo. Cette dernière fonctionnalité peut ainsi permettre d’identifier l’auteur du méfait, en cas de vol de l’appareil par exemple. Disponible sur Apple et Android, l’application compte désormais plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs.

Julien Abegglen Verazzi  «A l’ère du big data et de la digitalisation, l’innovation se doit de contre-attaquer et de proposer des solutions qui garantissent efficacement la sécurité des individus et pas seulement la protection des données. L’application semble ainsi combler une lacune. Cependant, une utilisation à mauvais escient pourrait aussi se retourner contre la personne elle-même (fausse alerte, erreur de manipulation, etc.). Et on peut se poser la question de l’efficacité réelle en cas d’incident à l’étranger.»


45 - Troc de vêtements entre voisins

45 Nuw

Nuw réhabilite le troc en version vêtements et «gamification». L’entreprise irlandaise a conçu une application gratuite où les utilisateurs peuvent échanger des habits ou en emprunter à leur communauté. Les utilisateurs publient une photo de leur vêtement contre laquelle ils reçoivent un jeton. Ces jetons peuvent être utilisés pour demander l’article d’un autre utilisateur. Chaque échange coûte environ 1 euro, payé par la personne qui reçoit l’article. Disponible en Irlande et au Royaume-Uni, l’application lancée en 2018 compte actuellement plus de 14 000 utilisateurs.

Frédéric Baetscher  «Cette entreprise propose une alternative intéressante à la très contestée fast fashion. Il y a, de la part des consommateurs, une réelle prise de conscience en faveur d’une mode écoresponsable, qui valorise la seconde main. L’enjeu majeur dans ce type de business est le sourcing, c’est-à-dire la nécessité d’avoir suffisamment d’articles variés pour rendre l’application attractive et ainsi créer une communauté impliquée. Les réseaux sociaux y jouent évidemment un rôle central. En Suisse, au vu de la taille du marché, ce concept devrait se déployer sur tout le territoire afin d’atteindre un volume de transactions suffisant pour être viable.»


46 - Sites web d’événements virtuels

46 Eventmix

La start-up irlandaise Eventmix développe des sites web hybrides pour les événements. Elle fournit une page d’accueil facilement personnalisable et permet aux entreprises d’organiser des événements avec leurs propres marques sur leurs domaines. Les entreprises obtiennent des rapports de prédiction sur les ventes de billets et le comportement des clients, ce qui leur permet de créer un meilleur contenu pour les prochaines occasions. La solution permet aux entreprises de développer leur marque et de susciter l’engagement de la communauté même après l’événement.

Gilles Ruffieux  «Le service me semble très bien conçu, en intégrant l’avant, le pendant et l’après-événement. Je ne perçois cependant pas de différenciateur fort immédiat. Ce que je trouverais révolutionnaire, c’est une solution qui s’intéresse davantage à la manière de sourcer et de trier les participants, de manière à proposer des événements particulièrement qualitatifs en termes d’échanges et de réseautage, en y intégrant également une forme de suivi de données.»


47 - Méditer avec Eva Green

47 Calm

Gérer son stress, mieux dormir: basée à San Francisco, Calm a été élue meilleure app de méditation par Apple et Google ces deux dernières années. En 2019, Calm fut aussi la première application de méditation à rejoindre le club très fermé des licornes. A l’instar d’Eva Green ou de Matthew McConaughey, des célébrités ont prêté leur voix pour les narrations.

Frédéric Baetscher  «Il y a eu ces dernières années un réel essor des applications relaxantes, de méditation ou d’hypnose. Le marché cible est assez précis, visant plutôt les 30-50 ans. La plupart des applications actuelles sont anglophones, cela pourrait donc être intéressant d’avoir des versions localisées. La difficulté sera de trouver des voix connues, et ce, dans les trois langues nationales.»


48 - Testament en ligne

Avec l’entreprise française Testamento, il est désormais possible de rédiger son testament en ligne. Sur la plateforme, le testamentaire peut noter ses volontés, concernant les obsèques comme la répartition de ses biens, ainsi que stocker ses documents officiels dans une partie sécurisée du site. Une offre d’une quarantaine d’euros permet d’enregistrer le testament, mais il faut débourser le double pour être validé par un notaire.

Cyril Déléaval «L’entreprise bouleverse le marché très établi et onéreux des notaires, ce que je trouve très positif. L’enjeu se trouve plutôt dans la validité juridique de ce testament. La question de la cybersécurité est également essentielle avec des documents aussi importants.»


49 - Analyse de data collaborative

49 Dataiku

Avec plus de 750 employés et une dizaine de bureaux dans le monde, la start-up new-yorkaise Dataiku rencontre un franc succès. Spécialisée dans le traitement des données, elle a créé Dataiku DSS, une plateforme de développement intégrée qui convertit les données en prédictions. La plus-value de cette plateforme logicielle se situe dans son approche collaborative. Elle réunit à la fois les experts des données ou data scientists, mais aussi les analystes et opérateurs.

Nicolas Loeillot  «Dans un pays comme la Suisse, fédérer les données entre les différents acteurs constitue un enjeu immense. Il existe toutefois un potentiel pour les entrepreneurs suisses qui souhaitent améliorer la gouvernance des données.»


50 - Déclarer facilement ses cryptomonnaies

50 Cryptotax

Comment déclarer son argent virtuel? C’est à cette question que répond le Cryptotax, logiciel créé par l’entreprise autrichienne Blockpit. Le calculateur en ligne détermine les bénéfices imposables issus du trading, du minage ou d’investissements dans les cryptomonnaies. Relié aux portefeuilles des utilisateurs, le logiciel intègre les données et les transactions en temps réel et adapte le montant des impôts à payer en fonction du pays. Le logiciel en version basique est gratuit, payant pour les options professionnelles.

Isabel Casado Harrington  «Les plateformes qui permettent de consulter son portefeuille de cryptomonnaies existent déjà et sont très utiles. En Suisse, les personnes physiques doivent déclarer leurs cryptomonnaies dans leur déclaration de fortune, mais les bénéfices ne sont pas imposables. Les entreprises sont quant à elles déjà obligées de remplir leurs déclarations à ce sujet si elles utilisent les cryptomonnaies dans leur modèle d’affaires. L’idée de Blockpit est intéressante et serait particulièrement utile en Suisse si l’imposition sur ces monnaies venait à changer. On pourrait alors potentiellement imaginer une déclinaison par canton.»


Nos experts donnent leur avis

Isabel Casado Harrington Responsable de l’incubateur technologique Tech Launchpad à l’EPFL, programme d’incubation des start-up technologiques

Cyril Déléaval Coach en développement d’entreprise chez Genilem (GE)

Andreane Jordan Meier Cheffe du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI, VD)

Frédéric Baetscher Directeur de Creapole, à Delémont, entrepreneur et coach au sein de la plateforme d’innovation Platinn

Nathalie Nyffeler Responsable de la cellule Innovation et Entrepreneuriat de la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD)

Olivia Lamarche-Brunisholz Responsable de programme au sein de l’association Fri Up

Julien Abegglen Verazzi Senior Community Catalyst à Impact Hub Genève

Laetitia Kulak Fondatrice de Global HR Talents et présidente du Prix RH Numérique Suisse

Nicolas Loeillot Cofondateur de Tech4Eva et de Tech4Growth (l’incubateur et le programme de l’EPFL Innovation Park) et expert Innosuisse (agence fédérale pour l’encouragement de l’innovation)

Gilles Ruffieux Fondateur des sociétés Qibud et Agilbility, spécialisées dans la transformation des entreprises et l’engagement des équipes