On retrouve toujours l'éléphant quelque part. Petit sur le goulot de ses vins et champagnes. Un peu plus grand sur les serviettes et les sacs à linge de son hôtel La Réserve Eden au Lac à Zurich. Encore plus grand sur le mur de son restaurant Le Tsé Fung à Genève. Enorme à l'entrée de son domaine viticole Cos d'Estournel dans le Bordelais. Et même sur la page d'accueil de son site internet, on ne peut passer à côté du pachyderme. «Il est pour moi un symbole de robustesse, de calme, de sécurité et de longévité», déclare Michel Reybier.

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Ce Français d'origine et Suisse d'adoption est largement méconnu du grand public. Pourtant, il est lui-même un éléphant, tant dans le domaine de l'hôtellerie que dans celui de la santé. En Suisse, il possède des icônes comme le Victoria Jungfrau à Interlaken, il dirige le Bellevue Palace à Berne, et à Zermatt, il a récemment acheté quatre établissements, dont l'emblématique Mont Cervin Palace. 

Il est également présent à Londres, Paris et sur la Côte d'Azur avec des établissements de luxe. Avec son associé Antoine Hubert, il est en outre le principal acteur du secteur suisse de la santé avec 75 établissements répartis dans tout le pays. De plus, il collectionne d'importants domaines viticoles.

Même à 77 ans, Michel Reybier n'a pas perdu son énergie. «Ma femme le dit souvent: vivre avec toi, c'est comme vivre dans le cœur d'un réacteur nucléaire», dit-il en souriant. Au cours de sa carrière, il a travaillé dans 14 secteurs différents, toujours en tant qu'entrepreneur. Il ne s'est jamais versé un centime de salaire. Et il n'a presque jamais parlé à la presse. Jusqu'à présent.

Changement d'attitude face à la vie

Michel Reybier est un self-made-man comme on en trouve dans les récits de fiction. Il n'a jamais été à l'université, «l'entrepreneuriat s'apprend», telle est sa conviction. A 21 ans, il rachète plusieurs dizaines de petits magasins d'alimentation en difficulté dans sa ville natale de Lyon et les rénove. Parallèlement, il développe le premier hypermarché près de Lyon. 

Lorsqu'il est victime d'un accident vasculaire cérébral à 28 ans, il vend ses magasins. Il place l'argent dans le petit fabricant de biscuits et de chocolat Cémoi. Lorsque l'entreprise se développe pour atteindre près de 800 employés, il s’en débarrasse, lassé des discussions avec les syndicats. En 1976, alors qu'il n'a que 31 ans, il fonde le groupe Aoste et fait fortune avec des saucisses, des jambons et des côtelettes.

«Avant, je pensais que j'étais irremplaçable. C'était une erreur monumentale.»

La société compte déjà 3000 employés lorsque le destin frappe une deuxième fois: Michel Reybier est le seul survivant du crash de son jet privé, un Falcon 10, près de Besançon. «Sur le moment, l'accident n'a rien changé. Mais au fil du temps, ce qui s'est passé m'a complètement transformé, dit-il. Avant, je pensais que j’étais irremplaçable. C'était une erreur monumentale.» En 1996, deux ans après le crash, il vend son empire à l'américain Sarah Lee pour plusieurs centaines de millions de dollars (il appartient aujourd'hui au groupe mexicain Alfa).

D'abord une attaque cérébrale dans ses jeunes années, puis un accident d'avion: cela a bouleversé son attitude face à la vie. Au lieu de la consommation, ses grands thèmes sont depuis lors le plaisir, la santé, la prévoyance et l'écologie: «Avoir un sens dans la vie et être utile est aujourd'hui pour moi le fil conducteur», explique-t-il. 

C'est ainsi qu'au cours du dernier quart de siècle, il s'est progressivement constitué un petit empire d'hôtels de luxe. Les établissements les plus prestigieux de Michel Reybier Hospitality (MRH) portent le label La Réserve, comme à Paris près des Champs Elysées, à Ramatuelle sur la Côte d'Azur, à Bellevue près de Genève et à Zurich, l'Eden au Lac. Le Victoria Jungfrau à Interlaken fait également partie de l'empire de Michel Reybier, tout comme l'AlpenGold à Davos, ainsi que le Schweizerhof, le Monte Rosa et le Mont Cervin Palace avec sa dépendance Petit Cervin à Zermatt. 

En outre, MRH gère le Bellevue Palace à Berne, qui appartient à la Confédération, ainsi que le Crans Ambassador à Crans Montana, également propriété de tiers. Dans l'hôtellerie de luxe, Michel Reybier est donc l'acteur le plus important de Suisse.

A 77 ans, c'est un patron de la vieille école, mais pas un poltron. Un compagnon de longue date le décrit comme «un homme fin à l'allure modeste». «Il est très exigeant. Il ne se contente jamais de ce qu'il a accompli», dit une personne qui travaille beaucoup avec lui. Lorsque, par exemple, un hôtel concurrent visant un groupe cible similaire a ouvert ses portes à côté de La Réserve Ramatuelle, Michel Reybier a immédiatement fait modifier tout l'intérieur de son établissement afin d'avoir à nouveau une longueur d'avance sur le nouveau challenger.

Il a la réputation d'être un chef sévère: «Je ne peux pas travailler avec quelqu'un que je ne respecte pas. Et je le pense vraiment», dit-il. A l'inverse, il est très loyal envers ceux en qui il a confiance: il a fait participer de nombreux collaborateurs à ses entreprises. Et il s'occupe bien de ses employés: «Quand quelqu'un démissionne, c'est un coup au cœur», dit-il. Il pourvoit alors généralement le poste vacant en interne, afin de donner des perspectives aux salariés. Et il est fier de n'avoir dû effectuer aucun licenciement durant la pandémie.

Soucieux du détail

Il s'occupe surtout des détails dans ses établissements, avec beaucoup de passion: pour La Réserve Eden au Lac de Zurich, par exemple, il a choisi personnellement les verres, les serviettes, les vases et plusieurs autres choses encore, bien qu'il ait engagé le designer vedette Philipp Starck. Il en va de même pour les autres hôtels. «J'espère aménager les établissements avec goût, mais pas à mon goût: je respecte le local.» En d'autres termes, il ne veut pas créer des chaînes d’hôtels, mais s'adresser à la clientèle régionale: «Si les Zurichois viennent au restaurant de l'Eden au Lac, l'hôtel marche aussi.» C'est pourquoi il mise sur le bouche-à-oreille, plutôt que sur la publicité classique.

Avant tout, Michel Reybier veut être informé précisément de ce qui se passe. Lorsqu'il visite un hôtel, il ne parle pas seulement avec le directeur général, mais aussi avec le chef de cuisine, la brigade de service, le réceptionniste et le concierge. On utilise même le qualificatif de «control freak» dans son entourage. Lui-même voit bien sûr son engagement d'un autre œil: «Nous ne sommes pas purement motivés par le rendement. Cela ne veut pas dire qu'une activité ne doit pas générer de bénéfices. Mais si on n'apporte rien au niveau du contenu, on n'a rien à faire dans le secteur.» Et il affirme laisser une grande liberté aux gens dès qu'ils ont compris où il voulait aller.

L'argent ne manque pas pour ses projets: «Ce n'est pas un économe, ce n'est pas un grand donateur: il investit ce qui est nécessaire», dit une personne qui travaille en étroite collaboration avec lui. La Réserve à Paris lui a coûté 150 millions de francs, plus 100 millions pour les rénovations. Il a acheté le Victoria Jungfrau et l'Eden au Lac en 2014 pour 87 millions de francs, après une rude bataille aux enchères contre l'hôtelière zurichoise Ljuba Manz. Les investissements nécessaires par la suite se sont élevés à une somme similaire. Pour les quatre établissements de Zermatt, il aurait déboursé 220 millions, et là aussi, il y a des investissements à prévoir. Il est bien possible que le Mont Cervin Palace soit lui aussi intégré au groupe La Réserve.

Ce qui l'attire à Zermatt, lui qui a servi dans l'armée française comme chasseur alpin, c'est d'une part la nature: «Quand on fait sa première randonnée à ski face au Cervin, c'est une expérience incroyable. On garde cette image toute sa vie», dit-il. Et d'autre part, la «durabilité omniprésente», comme il l'exprime: «Depuis 20 ans, je pourrais investir à Courchevel, ce serait fantastique du point de vue du rendement. Mais je ne le fais pas, car Courchevel ne correspond pas à mes valeurs. Si dans un siècle, il existe encore une station de ski dans le monde, ce sera Zermatt.»

Même à 77 ans, les ambitions de Reybier sont énormes. Avec La Réserve, il veut devenir l'une des trois ou quatre grandes marques hôtelières mondiales. Mais il recherche la qualité plutôt que la taille: «Dans l'hôtellerie, on peut construire une marque mondiale avec dix établissements. Et les dimensions restent alors encore familiales», souligne-t-il. 

En mars dernier, MIchel Reybier a racheté pour 76 millions de francs l'Oscar à Londres, un établissement de luxe de Bloomsbury avec 39 chambres sur 5200 mètres carrés. Certes, ce n'est pas l'adresse de ses rêves, mais il a ainsi un pied dans la capitale britannique. D'autres acquisitions devraient suivre. Problème: il est très difficile de trouver les bons établissements. «Il y a sur ce marché beaucoup d'entrepreneurs, notamment du Moyen-Orient, pour qui l'argent ne joue aucun rôle. Ils surpayent les biens», dit-il.

Une relation symbiotique 

Ses hôtels sont gérés par la MRH, qui appartient à 100% à la famille Reybier. Mais les biens immobiliers appartiennent à la société Aevis Victoria, cotée en bourse (valeur boursière actuelle: 1,6 milliard de francs). Celle-ci est contrôlée par Michel Reybier à 74,6% avec Antoine Hubert, son principal confident. «Ils sont très symbiotiques» dit quelqu'un qui a beaucoup d'affinités avec les deux hommes. Le mot «fils adoptif» est également employé. 

Ils se sont rencontrés en 2002, lorsqu’Antoine Hubert a séjourné dans le nouvel hôtel de Michel Reybier, La Réserve Genève, et se sont liés d'amitié lorsque ce dernier a dû passer un long moment dans la nouvelle clinique de Genolier, après un accident de ski. En 2011, ils se sont associés et ont repris ensemble le groupe de cliniques Genolier Swiss Medical Network, qu'ils ont ensuite introduit en bourse sous le nom d'Aevis Victoria. 

Grâce à d'innombrables rachats - principalement d'hôpitaux en difficulté financière - il est devenu entre-temps le leader du marché des cliniques privées suisses. Les 22 hôpitaux, 28 centres médicaux, 9 centres d'urgence et 16 cliniques ophtalmologiques ont réalisé un chiffre d'affaires de 652 millions de francs (le chiffre d'affaires total du groupe était de 895 millions). A Zurich, la Klinik Bethanien ou la Pyramide am See font partie du groupe, à Genève la Clinique Beaulieu, à Lausanne la Clinique de Montchoisi. L'accent est mis sur les clients privés, notamment dans le domaine de la beauté et du lifestyle, mais la cardiologie est également un thème important, de même que les centres pulmonaires ou les maternités.

La répartition des tâches chez Aevis Victoria est claire: Michel Reybier s'occupe des hôtels, Antoine Hubert des cliniques. Ils font des acquisitions et des projets stratégiques ensemble. «Nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes principes en matière d'entrepreneuriat, explique Antoine Hubert. Nous avons tous les deux déjà réalisé beaucoup de choses, c'est pourquoi il n'y a pas de problèmes d'ego entre nous.» Tous deux partagent la volonté et la capacité de prendre des décisions rapides, tous deux sont pragmatiques et concrets.

Une chose est cependant claire: le marché des cliniques privées s'est asséché en Suisse, le secteur se consolide, les perspectives de croissance sont faibles. Aevis Victoria tente donc de plus en plus de se rapprocher du marché des soins de base. Mais les pouvoirs publics ont du mal à confier leurs hôpitaux à des acteurs privés. D'autant plus que des critiques se font régulièrement entendre sur la manière dont le groupe comprime les coûts, à savoir: réduire le personnel jusqu'au seuil limite et externaliser ce qui peut l'être.

«Ceux qui disent que le groupe Hirslanden est optimisé en termes de bénéfices n'ont pas vu Aevis Victoria, déclare un spécialiste de haut rang du secteur suisse de la santé. Ils sont extrêmement rusés.» Parfois, cela peut aller jusqu'à la limite de la sécurité des patients et entraîner des discussions avec les autorités. Un reproche que Michel Reybier et Antoine Hubert contestent avec force: «Les hôpitaux se concentrent sur leurs compétences clés et sur la restauration, car celle-ci contribue à la santé, dit Antoine Hubert. Si on externalise le nettoyage des chambres ou la blanchisserie, il n'y a aucun risque pour le patient.»

«L'homme est fait pour vivre jusqu'à 120 ans. Toute mort avant est prématurée.»

Prévention médicale et bien-être

Michel Reybier voit donc un potentiel de croissance surtout dans les domaines de la prévention médicale et du bien-être, un thème qui lui tient particulièrement à cœur: «L'homme est fait pour vivre 120 ans, dit-il avec conviction. Toute mort avant est prématurée.» C'est pourquoi il a lancé au début de cette année la Clinique Nescens à Genolier. Elle propose une offre de santé comparable à celle du Chenot Palace à Weggis (LU) ou du Lanserhof allemand: détox, amincissement, revitalisation. Comme les hôtels, elle est gérée par MRH, car il s'agit après tout des bons côtés de la vie. S'y ajoutent les spas Nescens dans huit hôtels MRH. Et c'est bien sûr là que sont administrés les produits de beauté Nescens.

Michel Reybier détient d'innombrables autres participations. Environ 10% dans Globaljet, l'une des plus grandes sociétés européennes de location de jets privés, fondée par un ancien pilote de l'entrepreneur. La flotte comprend 44 avions, du Pilatus PC12 à l'Airbus A330 transformé. Ou dans deux startups: d'une part Batgroup, dont l'agence de femmes de ménage Batmaid fait de la publicité avec Martina Hingis, et d'autre part le groupe genevois Wecan.

Ce dernier a créé, au moyen de la technologie blockchain, une plateforme permettant aux banques privées comme Julius Baer, Pictet ou Lombard Odier, ainsi qu'aux gestionnaires de fortune de contrôler le respect des prescriptions de conformité. La technologie doit maintenant être utilisée dans l'hôtellerie et le secteur de la santé, par exemple pour pouvoir envoyer des dossiers de patients confidentiels en toute sécurité. Michel Reybier s'intéresse également aux NFT.

Mais il est surtout passionné par ses domaines viticoles. En particulier Cos d'Estournel, l'un des domaines les plus renommés du Bordelais, qu'il a acheté en 2000. «C'était Cos ou rien.» C'est aussi là que Michel Reybier est venu à ses éléphants: le fondateur Louis-Gaspard Estournel vendait ses vins en Arabie et en Inde au 19e siècle et en revenait avec des chevaux et l'éléphant comme symbole. 

Michel Reybier a fait évoluer le domaine de 64 hectares selon ses propres idées. Ainsi, après l'achat, il a d'abord fait une analyse précise du sol, car on trouve deux à trois types de roches différentes par parcelle, et a pu ainsi optimiser l'emplacement des cépages. En 2008, il a été l'un des premiers à supprimer les pompes et à utiliser à la place la gravité pour transporter les raisins et le moût lors du traitement, ce qui est plus doux et permet d'obtenir des vins plus typiques des cépages et plus riches en extraits. Aujourd'hui, la plupart des viticulteurs suivent son exemple.

MIchel Reybier passe plusieurs mois chaque année à Cos, il est présent à chaque étape de la transformation du vin: «Je suis impliqué dans tout ce qui concerne le produit. La décision finale, c'est moi qui la prends.» Et il ne manque pas d'accueillir chaque printemps quelque 2000 professionnels et journalistes pour une dégustation du nouveau millésime. 

«Si jamais mes petits-enfants vendent ça, je leur crierai dessus depuis le ciel!»

Récompense de tous ces efforts: le millésime 2009 a obtenu 100 points sur 100 de la part de Robert Parker, le plus grand critique de vin au monde, un honneur très rare. Et c'est ainsi que Cos d'Estournel est devenu l'héritage de Michel Reybier à la postérité. «Si jamais mes petits-enfants le vendent, je leur crierai dessus depuis le ciel», dit-il.

Il a également révolutionné la distribution. Le fait que les vins de Bordeaux ne soient traditionnellement distribués dans le monde entier que par 40 grossistes locaux ne lui convient pas du tout. Il veut s'adresser directement au consommateur. C'est ainsi qu'il a créé en 2015 avec Dominique Mottas la boutique en ligne Arthur's Cellar, l'une des plus grandes places de marché en ligne dans ce domaine, avec 3500 références (outre les vins de Bordeaux, également des champagnes, des spiritueux et des exclusivités).

Au cœur du domaine se trouve aussi son hôtel le plus exclusif: la Chartreuse de Cos d'Estournel. Il comprend six chambres et deux suites, dispose d'une piscine intérieure et extérieure, d'un hammam et d'un gymnase sur 1500 mètres carrés. Ici aussi, Michel Reybier a choisi lui-même les détails, des poignées de porte aux assiettes décoratives sur les murs. La location du domaine s'élève à 25 000 euros par nuit: repas, vin d'accompagnement, service de majordome et visite guidée du domaine inclus.

Michel Reybier possède deux autres domaines viticoles dans le Bordelais, le Château Marbuzet, situé quasiment à côté, et Goulée, à une demi-heure de route au nord, dans le Médoc. Il possède également 75% de la maison de champagne Jeeper. En 2008, il voulait reprendre le domaine viticole californien Montelena pour plus de 100 millions de dollars. L'affaire a échoué parce qu’il n'a pas pu, dit-on, remplir ses obligations financières en pleine crise financière.

Un an plus tard, il s'est consolé avec le domaine hongrois Hétszölö, connu pour ses tokays et riche de 500 ans d'histoire. Il a de grands projets pour son domaine viticole La Mascarone en Provence, qu'il a repris en 2020 après sept ans de recherche: le rosé qui y est produit doit devenir un vin mondial et faire de la Provence une grande destination de l'œnotourisme. C'est sans doute pour cette raison qu'il a récemment fait appel à la légende du basket-ball Tony Parker pour la commercialisation.

Intégré en Suisse depuis 40 ans

Et la Suisse? S'il devait faire quelque chose avec des vins ici, ce ne serait qu'en Valais ou dans le canton de Vaud, laisse-t-il entendre. Michel Reybier a quitté la France en 1978, a vécu à Verbier, puis pendant de longues années à Bellevue, avant de s'installer à Coppet (VD) lorsque Genève est devenue trop française pour lui. Son amour pour sa ville d'adoption est grand: «Je ne suis pas seulement de passage. Je suis intégré ici depuis 40 ans», dit-il. 

Sa femme Karen (52 ans), avec laquelle il est marié en secondes noces, est elle aussi suisse: elle est - le hasard fait bien les choses - originaire du Bordelais et a grandi à Genève. Lui seul n'a pas encore le passeport helvétique. Il avait déposé sa demande il y a quelques années, passé les formalités, réussi le test de naturalisation, tout semblait en bonne voie jusqu'à ce que les autorités genevoises stoppent soudainement la procédure en raison d'une amende de circulation datant de quatre ans, en réalité anodine. L'année prochaine, il pourrait faire une nouvelle tentative. Il ne dit pas s'il en a encore envie, mais ajoute: «Je suis très fier de ce pays.»

Hôtels de luxe, bien-être, santé, vin… Michel Reybier a bâti sa fortune sur les bons côtés de la vie. Pourtant, il avait aussi tenté sa chance à la bourse à une époque. «Ce fut une catastrophe, dit-il. Je ne suis pas fait pour cela.» Rien d'étonnant: les marchés boursiers en pleine effervescence d'un côté, et de l'autre la robustesse, le calme, la sécurité, la longévité de l'éléphant. Tout cela ne va pas du tout ensemble.

En chiffres

652 millions de francs de chiffre d'affaires ont été réalisés par les établissements de santé de MIchel Reybier en Suisse dernièrement.

183 900 nuitées ont été enregistrées par ses hôtels en 2021.

15 000 cartons de 12 bouteilles de Cos d'Estournel sont produits en moyenne chaque année, tout comme le second vin Pagodes de Cos.

25 000 euros, c'est le prix d'une nuitée à La Chartreuse de Cos d'Estournel.

Antoine Hubert contrôle, avec Michel Reybier, 74,6% d'Aevis Victoria, où il s'occupe des cliniques.