«Le projet Time Designers, que nous avons lancé en 2022 avec mes deux collègues en microtechnique de l’EPFL Guillaume Bonneau et Pierre Coutaz, me permet de concilier plusieurs passions: l’art, la technologie et l’horlogerie. Sur notre montre, dont le prototypage et le brevetage sont en cours, l’heure est indiquée à l’aide de ferrofluide, un liquide noir développé par la NASA dans le but de guider l’essence d’une navette spatiale en situation d’apesanteur. Il produit des formes évoluant sous l’effet d’un champ magnétique. Une manière d’anoblir la technologie et de mettre des phénomènes physiques spectaculaires aux poignets des gens.
Cela dit, à la base, rien ne me prédestinait à lancer une start-up dans le domaine de l’horlogerie. Mes parents sont dentistes, j’ai suivi une formation d’ingénieur et je suis né en Belgique, où j’ai fait toute ma scolarité. L’idée nous est venue durant nos cours de physique, lorsque les profs faisaient des expériences qui émerveillaient l’auditoire. On se disait que les résultats étaient super esthétiques, c’est ce qui nous a poussés dans cette voie. Nous avons participé au concours Start Lausanne, que nous avons remporté l’année dernière face à 70 autres projets d’étudiants, après cinq mois de compétition.
Nous allons utiliser les 30 000 francs que nous avons gagnés pour lancer notre start-up cet été. Nous sommes aussi soutenus à hauteur de 50 000 francs par une fondation horlogère, la Watch Academy, et, d’ici à septembre, nous prévoyons de réaliser une levée de fonds. En avril, nous avons pu présenter notre projet dans le cadre de la foire Watches & Wonders, une expérience géniale qui nous a permis de rencontrer des professionnels et des passionnés d’horlogerie. Nous aimerions commencer à commercialiser nos montres d’ici à deux ans, en restant dans le luxe: l’idée est de débuter avec une série limitée de 50 exemplaires, vendus 30 000 francs pièce. Nous nous fixons le challenge de réaliser tout ce que nous pouvons par nous-mêmes, mais nous réfléchissons aussi à collaborer avec d’autres partenaires. Nous sommes en discussion avec plusieurs grandes marques qui pourraient être intéressées par notre technologie.
L’envie d’être entrepreneur m’est venue de mon grand-père. Il travaillait dans le textile et il m’a beaucoup inspiré. Il continue d’ailleurs à me donner de très bons conseils. C’est drôle parce que, au départ, j’étais venu à l’EPFL avec l’idée de travailler ensuite dans une compagnie horlogère. Cependant, j’ai eu des retours de stagiaires qui m’ont un peu refroidi: on travaille sur un bout de la R&D, qui sera peut-être implémentée sur un modèle des années plus tard. En tant qu’ingénieur, la part d’impact semble très limitée. Au contraire, nous aimerions pousser l’innovation et la créativité au maximum, sans être bridés par des contraintes multiples. Et, surtout, continuer à faire plein de choses variées, liées au management, au design, à la communication ou au développement du produit.»
1999
Naissance à Bruxelles. Ses deux parents sont dentistes.
2017
Commence ses études en microtechnique à l’EPFL.
2022
Remporte avec ses associés Guillaume Bonneau et Pierre Coutaz le concours de start-up Start Lausanne.