«Nos dernières courses virtuelles ont été suivies par 60 000 spectatrices et spectateurs du monde entier.» Depuis son bureau de Cham (ZG), Monisha Kaltenborn décrit avec enthousiasme Racing Unleashed, la société qu’elle dirige. L’entreprise loue des simulateurs de formule 1 et organise des championnats internationaux. Même si elle n’en a jamais conduit, Monisha Kaltenborn maîtrise parfaitement tous les codes de la F1. «Je respecte énormément la vitesse, le challenge, autant physique que mental, et les compétences techniques nécessaires pour dominer la voiture. Ce sont exactement les mêmes exigences dans le monde virtuel.»

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Les simulateurs de formule 1 de Racing Unleashed possèdent un cockpit similaire à celui d’un vrai véhicule, mais en plus petit. Composée de divers éléments permettant de ressentir la puissance de la vitesse, la structure offre à l’utilisateur la sensation de rouler sur circuit. Le pilote est également installé face à trois écrans géants entourés d’un système de sonorisation dédié, ce qui renforce l’aspect immersif de l’expérience. Les simulateurs sont conçus et fabriqués dans l’usine de Racing Unleashed à Maranello, en Italie. Au cœur de la Motor Valley, l’entreprise est située en face de la prestigieuse écurie Ferrari.

Une première dans l’histoire

Monisha Kaltenborn est née en 1971 à Dehradun, au pied de la chaîne de l’Himalaya, en Inde. Lorsqu’elle a 8 ans, sa famille émigre en Autriche. Après des études de droit à l’Université de Vienne, elle se spécialise en droit international à la London School of Economics. Elle enchaîne ensuite diverses expériences professionnelles dans des cabinets d’avocats, dont celui de Fritz Kaiser, détenteur de parts dans l’écurie suisse de F1 Sauber. Il lui propose alors d’en diriger le département juridique. Elle devient directrice de l’écurie en 2010. Deux ans plus tard, désormais copropriétaire de l’écurie Sauber, elle est propulsée première femme dans l’histoire à occuper le poste de team principal sur les Grand Prix de formule 1.

«Je suis très reconnaissante des opportunités que j’ai eues dans la formule 1. Je suis entrée presque par hasard dans cet univers, directement après mes études. J’y ai ensuite passé plus de vingt ans.» La F1 est une plateforme unique, considère-t-elle, où s’allient compétition, très haute technologie et émotions fortes. «L’expérience acquise dans le milieu de la course automobile à très haut niveau m’a permis de comprendre son fonctionnement et m’est précieuse pour le travail que je fais actuellement.»

Depuis mai 2019, l’Indo-Autrichienne est à la tête de Racing Unleashed, fondée en 2018 par l’entrepreneur espagnol Francisco Fernández et qui emploie une cinquantaine d’employés. L’objectif: rendre la course automobile plus sécurisée, respectueuse de l’environnement et accessible à tous. Leurs simulateurs sont présents dans sept lounges – des lieux de sortie et de divertissement – en Suisse, en Allemagne et en Espagne. Chaque lounge compte entre cinq et dix simulateurs, et une course coûte entre 30 et 60 francs.

Un secteur en plein essor

«Le marché de l’e-sport connaît un essor fulgurant. Notre société vise à porter la formidable tradition du sport automobile dans le futur à l’aide de technologies de pointe.» Selon le consultant spécialisé Newzoo, l’e-sport a généré près de 1,38 milliard de dollars de revenus à l’échelle mondiale en 2022, soit une augmentation de 45% comparativement à 2020. «D’un point de vue marketing et publicitaire, vu sa croissance remarquable, l’e-sport constitue un marché beaucoup plus important que celui de la formule 1 traditionnelle pour les entreprises», dit l’avocate. La société zougoise a ainsi déjà signé des partenariats stratégiques avec des constructeurs automobiles.

La majorité des clients de Racing Unleashed ont entre 35 et 45 ans. Les adolescents s’y intéressent également, comme ceux qui veulent expérimenter la vitesse en toute sécurité ou qui aspirent à une carrière de pilote de course virtuelle. La société zougoise reproduit également à l’identique des voitures de collectionneur en simulateur, qui peuvent ensuite être conduites sans risque d’endommagement.

Quid de la place des femmes dans ce milieu traditionnellement masculin? «Elles sont peu nombreuses. Leur proportion correspond à celle dans le sport sur le terrain. Il s’agit d’un marché que nous voulons promouvoir.» L’objectif de la société est aussi d’établir de nouvelles filiales et franchises, notamment aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et en Asie. L’Inde serait-elle un marché potentiel intéressant? Certainement, mais pas facile. «Rivaliser avec le cricket est très difficile! Il n’y a pas de stars ou de protagonistes de formule 1 indiens importants.»