Etablie au Marly Innovation Center (MIC), dans le canton de Fribourg, Impossible Materials souhaite fournir des matériaux d’origine végétale aux entreprises afin qu’elles puissent fabriquer des produits plus sûrs et durables. Concrètement, la société, qui emploie neuf personnes, a élaboré un pigment blanc de cellulose pouvant être utilisé pour remplacer le dioxyde de titane.
Cette solution brevetée pourrait permettre de réduire les problèmes environnementaux et sanitaires liés aux colorants à base de métaux lourds, qui peuvent se trouver aussi bien sur des meubles, des emballages ou des revêtements que dans toutes sortes d’aliments et de médicaments.
Avec neuf autres jeunes pousses suisses spécialisées dans les technologies propres, Impossible Materials a récemment été sélectionnée par un jury d’experts pour participer au programme Venture Leaders Cleantech. Elles se rendront à Munich, en octobre, pour participer à un roadshow d’investisseurs afin de doper leur croissance et étendre leur présence internationale.
CEO et cofondateur de la société, Lukas Schertel travaille sur ce projet depuis trois ans. Cet Allemand de 33 ans œuvrait à l’Université de Zurich dans le domaine des matériaux optiques, avant de rejoindre l’Université de Cambridge en tant que chercheur au sein d’un laboratoire spécialisé dans les bioprocédés à base de cellulose. Il a ensuite poursuivi le développement du produit à l’Université de Fribourg, raison pour laquelle l’équipe est aujourd’hui installée au MIC. Le site appartenait historiquement à l’ancienne entreprise chimique bâloise Ciba et dispose d’infrastructures aptes à accueillir les activités de la start-up.
Fondée en 2022, la start-up a levé en début d’année 3,4 millions de francs. Ce fonds sera notamment consacré à la construction d’une usine pilote au MIC. «A la base, nous sommes des experts dans le domaine des applications réalisées à partir de cellulose, résume-t-il. Notre but est de trouver une alternative au dioxyde de titane, qui est le principal pigment blanc que l’on retrouve dans les objets qui nous entourent et la nourriture que nous consommons.»
A ce jour, plus d’une centaine de compagnies se sont montrées intéressées. La société travaille actuellement au développement de son produit en partenariat avec une sélection de grandes firmes actives dans l’alimentation ou la pharma. L’objectif est de lancer les premiers produits sur le marché en 2025. «L’année dernière, le dioxyde de titane a été banni dans le secteur de l’alimentation au sein de l’UE et en Suisse en raison de son potentiel cancérigène», précise Lukas Schertel.
La société pourrait aussi se développer à l’avenir dans les domaines du revêtement et de la peinture. «Ce serait très intéressant, mais plus challenging en raison des volumes beaucoup plus importants, ajoute le cofondateur. En termes de bienfaits pour l’environnement, il faut savoir qu’un meuble verni avec des pigments à base de cellulose est bien plus facile à recycler que si l’on utilise des métaux lourds. En outre, les émissions de CO2 sont moins importantes lors de la fabrication.»
Chaque année, 6 à 8 millions de tonnes de dioxyde de titane sont produites dans le monde, principalement destinées à la peinture et aux revêtements. Selon l’institut d’études de marché Fortune Business Insights, cela représente un marché d’environ 16 milliards de dollars.