Installée à Morges (VD), l’entreprise Glacier Optics, créée par Arnaud Cottet et Benoît Goncerut, a un credo: que ses lunettes de glacier soient produites au plus proche de leur lieu d’utilisation. Les montures sont ainsi fabriquées dans la région d’Oyonnax, en France voisine, ou dans les Dolomites, en Italie. Les verres sont élaborés par Carl Zeiss Vision, en Lombardie, le cuir tanné à Steffisburg (BE) et travaillé à Saint-Légier (VD). «Travailler avec des usines chinoises aurait été contraire à notre logique», expliquent-ils.

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Du sur mesure local

Née en 2020, après une campagne de financement participatif durant laquelle les deux Vaudois ont récolté près de 40 000 francs, l’entreprise cherche désormais à étoffer son modèle d’affaires. En collaboration avec le centre d’innovation AddiPole de la Haute Ecole vaudoise d’ingénierie et de gestion (HEIG-VD), elle travaille notamment à intégrer l’impression 3D dans sa chaîne de production. «Nous cherchons à nous distancier du modèle industriel classique, qui génère énormément de surplus, tout en maintenant la chaîne de valeur au niveau local.» En plus de faciliter la gestion des stocks, la technique permettrait de confectionner des pièces sur mesure.

Les fondateurs – et seuls employés pour le moment – sont tous deux vidéastes. Benoît Goncerut s’est notamment illustré par la réalisation des documentaires Passe-moi les jumelles coproduits avec la RTS. Arnaud Cottet, 38 ans, est quant à lui un ancien skieur professionnel. Le duo féru de freeride a très vite réuni travail et passion. De la Russie à l’Afghanistan, en passant par l’Iran, ils parcourent les régions du monde non seulement pour sillonner les pentes enneigées mais aussi pour filmer et documenter leurs aventures au plus près des communautés locales. «Puis nous avons ressenti le besoin de vivre notre passion autrement, en créant non plus seulement du contenu virtuel, mais un objet tangible et essentiel aux activités d’altitude», explique Arnaud Cottet.

Parmi le matériel qu’ils emportent avec eux lors de leurs périples se trouvent de vieilles lunettes de montagne – caractérisées par leurs verres arrondis et leurs coques latérales en cuir – qu’ils dénichent dans leur grenier. «Leur style vintage nous plaisait beaucoup, mais nous les avons mises à rude épreuve et elles ont toutes fini par rendre l’âme. L’idée de redonner vie à ces vieux modèles à travers notre propre marque a alors émergé.»

Fibre entrepreneuriale

L’occasion aussi de mettre à profit les compétences acquises lors de leur master en entrepreneuriat à la Haute Ecole de gestion de Fribourg, où les deux cofondateurs se sont rencontrés plusieurs années auparavant. Guidés par leur fibre entrepreneuriale, ils décident de se lancer en 2020. Pour la conception du produit, ils sont assistés du designer vaudois Christophe Guberan et collaborent étroitement avec leurs partenaires.

En vente directe ou chez des détaillants en Suisse et dans les pays limitrophes, l’entreprise écoule ses 300 premières paires dès 2020. En 2023, leurs ventes dépasseront les 1500 unités. «Le design est inspiré des modèles d’époque, mais les montures en titane, un matériau à la fois solide et léger, garantissent un confort digne des pièces contemporaines», indique Arnaud Cottet.

Disponibles dans les catégories les plus élevées de protection solaire (indices 3 et 4), les verres sont adaptés aux expositions les plus extrêmes. Les protections latérales en cuir protègent les yeux des reflets sur la neige alentour. Vendu 289 francs, leur modèle unique, baptisé Moiry en référence au glacier valaisan, s’adresse avant tout aux passionnés de haute montagne.

La formule séduit non seulement les consommateurs mais aussi les commerçants. «Actuellement, le marché des lunettes de ski est dominé par les grandes marques, mais beaucoup de détaillants apprécient de pouvoir collaborer avec des acteurs locaux. L’accessibilité et la proximité sont deux atouts qui nous ont permis de décrocher près de 40 partenariats avec des revendeurs en Suisse.» A l’avenir, les fondateurs n’excluent pas un développement à l’étranger. «Si nous parvenons à pérenniser notre modèle ici, nous envisagerons d’ouvrir des unités de production locales sur d’autres continents.»