Cent cinquante et une secondes, et pas une de plus, c’est le temps qu’auront eu les sept finalistes du concours Prêt? Partez, Pitch!. Un exercice exigeant, qui ne décourage aucunement les aspirants entrepreneuses et entrepreneurs puisque cette quatrième édition, organisée par Genilem, a attiré plus d’une centaine de candidatures. Portrait des deux lauréats 2023.

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Prix Genilem (valeur 30 000 francs):

Alien Limited

Les restructurations sont parfois un moment propice pour redéfinir ses priorités professionnelles. C’est ce qui est arrivé à Carole Fonty. La jeune femme, experte en marketing et membre du comité directeur de L’Oréal Suisse, quitte alors ses fonctions en juin 2023. Cette Genevoise d’origine française, qui a travaillé durant une quinzaine d’années pour des multinationales (Louis Vuitton, Pernod Ricard), ne regrette aucunement ces années passées à «créer des projets en interne avec la sécurité d’une grande entreprise». Août 2023: la voilà en vacances à la mer, sur un voilier à l’arrêt pour cause de vent absent. Un moment idéal pour réfléchir. «Je me suis souvenue qu’enfant, passionnée de dauphins, je rêvais de travailler pour la protection marine. Et durant mes études en Grande-Bretagne, j’avais participé à un concours national d’entrepreneuriat», explique-t-elle. Désireuse de conjuguer ces deux aspirations, Carole Fonty entame une formation de trois mois à l’IMD de Lausanne en Leading Sustainable Business Transformation.

En parallèle, elle s’informe, notamment auprès de la CIPEL, la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman, des STEP et de plusieurs pêcheurs. Ces derniers lui racontent à quel point leur travail au quotidien est entravé par la prolifération des moules quagga, une espèce invasive, non comestible, originaire de la Mer noire découverte dans les eaux du Léman en 2015. «Un fléau mondial que connaissent par exemple les Grands Lacs américains depuis plus de trente ans et dont la présence chez nous va être multipliée par un facteur de 9 à 22 d’ici à 2045, appauvrissant drastiquement l’écosystème lacustre.»

Carole Fonty a alors l’idée de récupérer et de transformer les coquilles de ces moules, constituées de calcaire, en ciment LC3 – dont l’empreinte carbone est moindre que celle du ciment traditionnel. Elle frappe à la porte du Laboratory of Construction Materials, à l’EPFL, dirigé par Karen Scrivener, avec lequel des tests préliminaires sont menés. En quelques mois, elle réussit à fédérer une petite équipe, des chercheurs et des pêcheurs de Nyon. Objectif 2024: produire à partir de 300 tonnes de moules quagga environ 1000 tonnes de ciment. «Ce chiffre est faible comparé aux 4177 millions de tonnes de ciment produits en 2021 en Suisse, conclut-elle. Mais cette industrie est responsable de 7% des émissions de CO2 et nous allons pas à pas. L’accompagnement par Genilem, ainsi que Vaudoise Assurances, me permettra de réfléchir aux différents business models à mettre en place.» 

Prix du digital (valeur 20 000 francs) et prix du public (2500 francs cash):

Diabète, même pas peur!

L’innovation, Mathieu Menet en a fait son métier. Il est le fondateur d’Innovation Spark, une société qui aide les entreprises à se réinventer et les start-up à croître, et le responsable, à temps partiel, du pôle innovation aux Transports publics de la région lausannoise. En mai 2021, lui et son épouse apprennent que leur fils, alors âgé de 4 ans, souffre de diabète de type 1. «Nous avons passé des mois difficiles, à digérer le choc et à réadapter notre quotidien, en apprenant les gestes médicaux nécessaires pour juguler l’hyperglycémie.»

Côté médical, Mathieu Menet estime avoir de la chance de «vivre dans un pays où la qualité des soins est incroyable. Le personnel du service de diabétologie du CHUV était incroyable, avec des infirmières atteignables H24 et un soutien psychologique si besoin. Ce qui nous a manqué, c’est l’accompagnement social de cette maladie, en particulier vis-à-vis de l’école et des enseignants.» Car si aucun établissement scolaire ne peut refuser légalement un enfant diabétique, reste que les professeurs sont démunis face au suivi des maladies chroniques. Une lacune confirmée par des membres du GRPED (Groupe Romand Parents Enfants Diabétiques), avec lesquels le Vaudois d’adoption s’est entretenu. «J’ai pris une énorme claque émotionnelle, raconte-t-il. Certaines personnes ont été confrontées au divorce, au chômage ou à un burn-out. Il y a derrière les maladies chroniques de vraies détresses sociales.»

L’innovateur professionnel décide de mener un stress test en juin, en participant au Défi Source, un hackathon dédié aux soins et à la santé. Concluant. Très rapidement, Mathieu Menet décide de fonder Diabète, même pas peur!, une plateforme d’apprentissage et d’accompagnement en continu à la gestion du diabète de type 1 chez l’enfant: «En trente minutes, les principales connaissances sont transmises aux familles et au corps enseignant ou toute personne amenée à s’occuper de l’enfant.» Les prochains mois seront consacrés à développer la partie technologique (IA et vidéos) et à définir les groupes cibles (les écoles, les hôpitaux, les proches, le grand public, etc.). A noter que cet ancien pilote de chasse à l’armée de l’air française n’en est pas à sa première start-up. En 2014, il a fondé une jeune pousse active dans la recherche d’emploi, qui n’existe plus aujourd’hui. «J’ai fait pas mal d’erreurs et le projet s’est essoufflé rapidement,, confie-t-il. J’en ai récolté des enseignements clés, comme le fait qu’il est essentiel d’échanger avec des gens experts dans le domaine où vous vous lancez.»

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