«Lorsque nous avons lancé notre société fin 2020, l’idée était de faire du consulting pour les PME en les équipant d’outils comptables modernes, c’est-à-dire automatisables et basés sur le cloud, que l’on peut paramétrer et surtout connecter à d’autres outils», explique le cofondateur de Sway Finance, Philippe Nicolet. Rapidement, l’équipe, constituée aujourd’hui de cinq personnes, se rend compte que ses entreprises clientes étaient particulièrement demandeuses d’un service précis: le téléchargement manuel et le regroupement de toutes les transactions effectuées sur leurs comptes bancaires durant la journée.
C’est sur la base de ce constat qu’est née l’idée de construire la plateforme actuelle de la start-up morgienne. Elle recourt notamment à l’open banking, qui permet l’automatisation du processus. «Le timing était parfait, car il n’est possible que depuis peu, en Suisse, d’accéder de cette manière aux données bancaires des clients», ajoute Philippe Nicolet, qui dispose d’un background en comptabilité. Cette évolution a été pilotée de manière collégiale par SIX Group sur l’initiative des banques. Ces dernières n’ont pas l’obligation de participer à ce programme, mais le font par souci de digitalisation. Aujourd’hui, la qualité des données est comparable à celle des pays européens. Alors même qu’en Europe ce développement, géré de manière plus coercitive, a commencé plus tôt, explique le cofondateur.
En résumé, l’open banking permet à des applications tierces et indépendantes d’accéder à des données bancaires. Pour ce faire, la banque doit ouvrir l’accès à son système de manière sécurisée. Le rôle de SIX Group consiste à standardiser et à sécuriser ce mécanisme. Les clients de l’application Sway doivent donner leur consentement et peuvent le révoquer en tout temps. Le registre est géré par SIX, ce qui permet à de petites sociétés comme Sway Finance d’accéder à des données sensibles de manière nettement simplifiée. Bien sûr, la sécurité reste un paramètre prépondérant dans l’activité de la start-up, raison pour laquelle cette dernière est auditée et certifiée régulièrement par SIX.
La société compte à ce jour plusieurs dizaines de clients, notamment des entreprises issues de l’EPFL (d’où provient l’un des cofondateurs de Sway Finance) comme Cysec, active dans la cybersécurité, Product DNA (traçabilité) ou Olympe (solutions soft-ware). «La plupart de nos clients sont des directeurs ou fondateurs de PME employant jusqu’à une vingtaine de salariés et ayant besoin de savoir rapidement où ils en sont en termes de trésorerie», résume Philippe Nicolet.
A terme, l’objectif de la start-up, soutenue par Genilem et le SPEI, est d’utiliser les données de chaque client pour entraîner ses algorithmes, afin que son outil devienne un véritable assistant dans la gestion de trésorerie. En d’autres termes, une sorte de «CFO digital» qui permettra, par exemple, de s’assurer qu’aucun paiement n’a été effectué à double, avec la mauvaise devise ou sur le mauvais compte. Le service est facturé sous forme d’abonnements mensuels allant de 50 à environ 200 francs, selon les formules choisies.