«J’ai passé mon enfance à construire des choses qui volent, des avions en mousse, des drones, des planeurs. J’ai énormément appris en termes de bricolage, de mécanique et d’électronique. J’ai compris qu’il fallait toujours insister et faire plusieurs essais jusqu’à ce qu’un appareil vole véritablement.

Lorsque j’étais au lycée, en France, un professeur nous a fait participer à un projet qui consistait à concevoir une maquette de nanosatellite. Cela m’a orienté vers un autre projet de lancement de ballons météo. En faisant des recherches, j’ai constaté que la difficulté principale se situait au niveau de la récupération des capteurs après le vol. Cela fait quatre ans que je travaille à trouver une solution à ce problème.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Après le lycée, j’ai commencé mon bachelor en microtechnique à l’EPFL car, à quarante minutes de là, se trouve la station de sondage de MétéoSuisse de Payerne (VD). J’aime l’environnement du campus, les gens et le fait de pouvoir être soutenu dans mon projet. Davantage que la formation, ce sont avant tout ces éléments qui me motivent.

Ce qui a commencé comme un challenge de lycéen se transforme peu à peu en projet de start-up. Je l’ai appelé R2Home. «Return To Home» est le nom d’un bouton que l’on retrouve sur tous les drones commerciaux pour les faire revenir au point de décollage. L’idée consiste à guider vers un lieu précis la charge utile qui se trouve sous le ballon. Depuis cinquante ans, c’est le graal de la collecte de données atmosphériques. Beaucoup de gens ont essayé d’élaborer des systèmes efficaces. Deux voies sont possibles: utiliser des avions en mousse ou des parachutes. En raison des contraintes légales, j’ai choisi la deuxième option. En Suisse, les avions en mousse sont considérés comme des drones, ce qui limite leurs capacités de déplacement. Aujourd’hui, tous les ballons météo lancés à travers le monde, soit environ 600 000 par an, redescendent déjà grâce à un parachute. Mon système permet de contrôler leur trajectoire et d’éviter ainsi qu’ils n’atterrissent sur un aéroport, au milieu d’une route fréquentée ou sur le Palais fédéral à Berne.

Je contourne le problème légal, mais cela complique les choses techniquement. Piloter un parapente à très haute altitude et le faire atterrir à un point précis n’a jamais été réalisé auparavant. Ce n’était pas facile, du haut de mes 17 ans, de convaincre le directeur de MétéoSuisse de la faisabilité de mon projet! J’ai d’abord passé deux ans à maîtriser le déploiement de la voile du parapente à basse altitude. Depuis un an et demi, nous arrivons à bien déployer le système à 15 kilomètres et nous avons déjà fait six tests stratosphériques à 30 kilomètres.

Je suis conscient que ce travail accapare une partie de ma jeunesse. Mais le fait de découvrir des environnements que très peu de gens ont explorés auparavant est hyper-passionnant. De manière plus générale, je trouve qu’il y a quelque chose de très beau à faire planer des engins grâce à quelques bouts de toile. En plus, dans un monde où les données météorologiques prendront de plus en plus d’importance, les perspectives économiques sont immenses.»

Bio express

2004
Naissance à Grenoble de deux parents ingénieurs.

2021
Arrivée à l’EPFL, en microtechnique.

2022
Premier test réussi à 3500 mètres d’altitude à Payerne, en présence du directeur de MétéoSuisse.