«J’ai monté ma première boîte lorsque j’avais 19 ans. Il s’agissait d’une plateforme de financement participatif pour l’achat de vans aménagés. C’était durant mes études à HEC Lausanne. J’ai ensuite fait une école d’ingénieur à Paris, où je me suis spécialisé en data science. Afin de consolider mes bases techniques, en vue de créer une nouvelle start-up, je suis revenu en Suisse et j’ai commencé une thèse en traitement de la parole à l’EPFL.

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Lorsque sont apparus les premiers signes du covid, j’ai senti qu’on allait se retrouver dans un moment unique, avec beaucoup de temps disponible pour développer des projets. En me baladant dans les rues de Lausanne, j’ai vu une personne malvoyante avec une canne blanche qui se faisait guider par un proche sur FaceTime. J’ai alors eu l’idée de lancer Biped et de créer notre appareil Noa. Il s’agit d’un harnais muni de caméras et d’un ordinateur embarqué équipé d’une IA que les malvoyants portent sur les épaules et qui les oriente grâce à des écouteurs.

J’ai très vite su que je voulais me mettre à mon compte. A la maison, j’avais deux exemples. Mon père, qui travaille pour une grande firme pharmaceutique, et ma mère, qui a lancé sa propre société. J’ai testé les deux environnements et j’ai clairement préféré le second. J’ai toujours cherché à optimiser ma liberté, cela me permet de choisir les tâches sur lesquelles je vais travailler et la manière de faire. En outre, bénéficier d’une exposition directe aux connaissances à acquérir, sans délégation à petite échelle, permet de monter rapidement en compétence. Néanmoins, les obstacles ont été nombreux. Nous travaillons sur du hardware, un domaine réputé long et coûteux à développer. En plus, nous sommes actifs sur un marché de niche dans le secteur médical, contrairement à la vieillesse ou à l’obésité. Comprendre les besoins concrets des clients était un autre défi, car personne dans notre équipe n’est malvoyant.

Il ne faut pas avoir peur de penser en grand. Aujourd’hui, nous sommes cinq employés. Sur les trois dernières années, nous avons réussi à lever 2,6 millions de francs. En mai, nous avons présenté notre produit dans des salons spécialisés aux Etats-Unis, où il a été testé par Stevie Wonder, ce qui nous a donné une belle visibilité outre-Atlantique. Nous poursuivons actuellement notre expansion internationale, avec tous les défis que cela représente en termes de distribution et de réglementations. Le gros avantage, c’est que nous sommes pour l’instant les seuls à proposer cette solution.

Ce travail est très prenant. J’essaie cependant de garder une bonne balance et de faire régulièrement du sport, notamment du fitness tôt le matin et du triathlon. Outre le développement commercial, ce qui me motive dans ce projet, c’est l’impact sur les individus concernés. Certaines personnes malvoyantes m’ont dit que cela faisait des années qu’elles attendaient une telle technologie. C’est génial de se dire que des clients pourraient bientôt acheter et utiliser notre appareil aux quatre coins de la planète.»

Bio express

1996
Naissance à Strasbourg. Il déménage en Suisse avec sa famille durant son adolescence.

2022
Il quitte sa thèse pour se consacrer à 100% à sa start-up.

2024
Premiers pas de l’appareil aux Etats-Unis.