«Lorsque j’étais enfant, je ne pensais pas devenir scientifique, mais plutôt archéologue... Je me suis prise de passion pour la technologie lorsque j’ai découvert que des chercheurs cultivaient des neurones in vitro à l’Ecole polytechnique de Milan. J’ai trouvé cela fantastique! J’ai pris conscience de tout ce qu’on pouvait faire avec la science pour améliorer la vie des gens. J’ai décidé de commencer des études en ingénierie biomédicale.
Il y a neuf ans, je suis arrivée en Suisse pour faire un master en bio-ingénierie à l’EPFL. J’ai découvert qu’il existait une spécialisation en neuroprothèses. Je me suis lancée dans cette voie en suivant, entre autres, des cours en interface cerveau-machine. J’ai eu l’opportunité de faire ma thèse de master avec le professeur Grégoire Courtine, cofondateur de la start-up Onward, qui développe des technologies médicales visant à restaurer la mobilité des personnes paralysées en utilisant des stimulations électriques de la moelle épinière.
Durant mon doctorat en neurosciences à l’EPFL, j’ai fait partie d’une étude clinique visant à favoriser la réadaptation des membres supérieurs des victimes d’un AVC. J’ai pu échanger avec des ergothérapeutes et des physiothérapeutes et obtenir de nombreuses informations que je ne connaissais pas en tant qu’ingénieure. J’apprécie de ne pas travailler uniquement avec des animaux de laboratoire et des ordinateurs, mais aussi directement avec des patients. Ce lien est très gratifiant. C’était très émouvant, surtout pour eux, mais aussi pour moi, de voir leurs bras bouger à nouveau. Je me suis alors demandé si on ne pouvait pas penser à une solution à plus large échelle et la proposer à des hôpitaux.
Mon idée consiste à créer une interface permettant de lire en temps réel les signaux du cerveau. L’algorithme comprend si la personne souhaite mouvoir un membre supérieur, puis un système va bouger le membre grâce à une stimulation musculaire ou un exosquelette. L’objectif est de recréer des connexions entre le cerveau et les bras. Peu à peu, lors de la réhabilitation, le cerveau peut retrouver par lui-même le parcours pour se reconnecter. Il s’agit de redonner un peu de motricité au patient, qui peut, par la suite, entreprendre d’autres types de réadaptations. De cette manière, nous pouvons cibler les patients les plus touchés pour lesquels il n’existe pas encore de thérapie efficace.
Aujourd’hui, je me consacre entièrement à ce projet. J’ai gagné la première étape du programme Venture Kick. En novembre, grâce à une initiative soutenue par Innosuisse, j’irai en Inde pour évaluer les possibilités de développement international. Le fait d’avoir remporté cette année le programme d’accélérateur Blaze de l’EPFL a été déterminant: il s’agissait de personnes extérieures, que je ne connaissais pas et qui ont cru dans mon projet. Dans les mois à venir, je vais incorporer ma start-up. J’ai déjà commencé à chercher des investisseurs. Heureusement, il me reste un peu de temps pour faire des randonnées. J’adore la Suisse et Lausanne pour cela! On peut rapidement se déconnecter.»