«A l’âge de 15 ans, j’ai eu la chance de rencontrer Simon et Jérémy, avec qui nous avons créé le projet de fusée réutilisable Gruyère Space Program. A l’époque, contrairement à eux, rien ne me fascinait dans les fusées. Ce qui m’attirait surtout, c’était de travailler en équipe, de construire, d’entreprendre quelque chose d’ambitieux.

Ces derniers mois, tout s’est accéléré. Notre fusée a effectué une cinquantaine de vols, jusqu’à atteindre une hauteur de 100 mètres en vol libre, ce qui représente une première en Europe. Notre objectif est désormais d’embarquer cette motivation et cette énergie au sein d’une start-up que nous avons nommée Pave Space. Le but n’est plus de nous concentrer sur le lanceur, mais sur la mobilité dans l’espace. C’est un verrou qu’il reste encore à faire sauter.

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L’idée est la suivante: permettre à de vieux satellites de la taille d’une voiture ou d’un camion de vivre plus longtemps grâce à un satellite plus petit qui vient s’accrocher à eux. Ce dernier pourrait les remorquer, les réparer ou les ravitailler en carburant. Cette innovation rendrait l’espace plus facile à exploiter et à industrialiser. C’est important, car la Terre devient trop étroite… A terme, l’idée est que l’espace soit constitué d’une multitude de petits robots autonomes afin de créer une industrie en orbite qui pourrait servir les humains, par exemple en produisant de l’énergie ou des médicaments.

D’ici à deux ans, nous espérons lancer un premier satellite capable de tourner autour d’un autre satellite et de le cartographier. Nous estimons le coût de ce projet entre 4 et 5 millions de francs. C’est une somme que nous prévoyons de lever d’ici au milieu de l’année prochaine. Notre objectif est de rendre opérationnel un premier remorqueur de satellites d’ici à cinq ans. En parallèle, nous proposons nos compétences en guidage, navigation et contrôle (GNC). Nous avons déjà trouvé deux clients, ce qui générera un chiffre d’affaires de 500'0000 francs et permettra de commencer à rémunérer nos ingénieurs. Notre équipe, basée à Renens (VD), est constituée de onze personnes, dont cinq à temps plein. De mon côté, je ne manque pas de travail… Je termine mon projet de master en robotique spatiale à l’EPFL au sein de la société. La principale difficulté que je rencontre est de gérer la transition entre les deux projets. Au sein du Gruyère Space Program, l’équipe d’une quinzaine de personnes travaillait bénévolement, sans compter ses heures. Désormais, nous sommes plus structurés. Je suis la personne avec laquelle on discute des parts dans la société, des salaires, des congés. Mon rôle a évolué, et cela implique de négocier, tout en maintenant la motivation des membres de l’équipe.

La fusée était un projet très visuel, inspirant pour les ingénieurs. Avec les satellites, cela devient plus abstrait. Il faut donner du sens au travail, avec une approche plus professionnelle. Ce n’est pas toujours simple. Mais tant que l’équipe est heureuse de venir travailler et a le sentiment de participer à un projet exceptionnel, je suis pleinement satisfaite.»

Bio express

1999 
Naissance à Metz (France). Sa famille est active dans la vente de prêt-à-porter.

2018 
Création de l’association Gruyère Space Program.

2024 
Vol de la fusée et création de la start-up Pave Space.