Qui n’a pas déjà été confronté à la lecture d’un compte rendu médical truffé de termes techniques, d’abréviations et de codes incompréhensibles? Personne ou presque. Cette situation est d’autant plus dommageable que le patient, déjà fébrile dans l’attente d’un diagnostic, se voit encore fragilisé par le mur d’incompréhension qui s’érige entre ses attentes légitimes de clarté et un jargon médical des plus obscurs.

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Certes, le médecin est censé expliquer les résultats d’une analyse à son patient. Mais, dans les faits, la durée moyenne d’une consultation a été divisée par deux en cinquante ans, limitant du même coup le temps dévolu à détailler une pathologie et ses effets.

Ce constat a poussé l’ingénieur français Christophe Lelong à créer la start-up Vulgaroo en septembre 2022 dans la région de Bordeaux. Sa vision? Développer des outils technologiques pour vulgariser les termes médicaux issus des cabinets médicaux et des laboratoires d’analyse. «L’utilisation de l’intelligence artificielle générative permet aujourd’hui de créer de l’information automatique à partir de grands volumes de données existantes sur lesquelles elle est entraînée. Cette technologie nous aide à rendre intelligibles les documents médicaux les plus complexes.»

Attention, la démarche ne se limite pas à l’utilisation d’algorithmes, l’équipe de Vulgaroo a entrepris un travail de fond, en amont, avec des professionnels de la santé, des patients et des associations de patients connaissant intimement les pathologies pour choisir les termes simplifiés les plus justes et utiles. La start-up a également établi de solides partenariats de recherche avec des universités à travers l’Europe, comme à Bordeaux, à Lille ou à Palerme, ainsi qu’avec des hôpitaux pour affiner ses comptes rendus.

Une solution pour le patient

«Notre système facilite la vie des patients car nous leur offrons une meilleure compréhension de leur pathologie tout en les aidant à être acteurs de leur santé et à s’engager dans le parcours de soins proposés, explique Christophe Lelong. Nous offrons également aux médecins un support d’échange avec les patients à même de faciliter l’explication des résultats d’examens tout en réduisant la durée des explications. Enfin, les centres de santé trouvent un avantage à utiliser notre système car ils disposent d’un outil de production automatique de comptes rendus simplifiés, contrôlés par les médecins et directement accessibles.»

«Mieux comprendre sa pathologie permet au patient de devenir acteur de sa santé.»

Concrètement, la start-up fournit sa solution hébergée sur un cloud sécurisé aux hôpitaux et aux centres d’examens. L’outil de Vulgaroo est ainsi connecté au système informatique de ses clients et peut renvoyer la version simplifiée du compte rendu au médecin ou à l’hôpital pour qu’elle soit ensuite accessible au patient.

Pour s’assurer de l’utilité du système, Vulgaroo a également mis en place des outils d’évaluation de la qualité des textes produits afin de rassurer la communauté médicale et les patients. Christophe Lelong insiste sur le fait que «Vulgaroo n’a aucune intention de se substituer aux médecins; notre solution est conçue pour les aider au quotidien dans les échanges avec leurs patients». 

Une idée simple et efficace qui répond à un besoin réel d’amélioration de la qualité de vie du patient, tout en offrant des opportunités de développement commercial importantes.

Il suffit de songer aux milliards de rapports médicaux publiés et distribués chaque année à l’échelle mondiale pour estimer le potentiel d’un tel outil. Mais le chemin vers la réussite commerciale n’est jamais facile. «Développer une idée et en faire un produit commercial est une tâche longue et fastidieuse qui requiert beaucoup d’engagement, de travail et de volonté, confirme Thierry Mauvernay, président et administrateur-délégué de Debiopharm et co-initiateur du Challenge pour la qualité de vie du patient.

C’est pourquoi nous portons une attention toute particulière, au fil des ans, à renforcer le soutien et les critères de sélection des projets pour en assurer le succès. Pour y parvenir, un projet innovant doit, selon moi, réunir trois conditions principales: être au bon endroit au bon moment, pouvoir compter sur la bonne équipe pour franchir les différentes étapes et disposer d’un soutien, notamment financier, pour travailler sereinement et efficacement.»

Des conditions que semble réunir la jeune pousse grâce notamment à l’énergie déployée par son cofondateur pour faire connaître sa solution dans l’Hexagone et au-delà. Il était, par exemple, présent parmi 210 start-up actives dans la santé numérique au salon Viva Technology, à Paris, le plus grand événement européen du secteur de la tech, ou encore aux Journées de l’innovation en biologie médicale ainsi qu’aux Journées francophones de radiologie, pour ne citer que quelques rendez-vous.

Premier contrat signé

La start-up a également gagné la première place dans la catégorie Patient Experience in Digital and Non-Face-To-Face Support lors de la quatrième édition des Shared Patient Experience European Awards. Sans oublier la présence de Christophe Lelong en juin dernier à l’OncoStart-up Summit, dans le cadre des 7es Journées françaises et internationales d’oncologie IFODS, le rendez-vous majeur pour tout l’écosystème de l’oncologie en France.

Ce travail porte aujourd’hui ses fruits. Vulgaroo devrait rapidement achever une levée de fonds de 600 000 euros en France pour permettre aux patients de recevoir leurs premiers comptes rendus médicaux vulgarisés d’ici à l’été prochain. «Nous sommes très optimistes pour la suite car nous avons décroché notre premier client. Il s’agit d’un laboratoire d’analyses médicales spécialisé en oncologie, se réjouit l’entrepreneur. Un laboratoire de biologie devrait être signé prochainement.»

La start-up compte aujourd’hui cinq collaborateurs, y compris ses deux cofondateurs. Elle va naturellement se développer en France dans un premier temps, avant de se tourner vers l’international. En effet, la solution de Vulgaroo fonctionne dans différentes langues étrangères et s’adapte aux spécificités du langage médical d’un autre pays, moyennant quelques adaptations du dataset et des validations locales du monde médical.

«Au vu des 150 projets soumis au jury cette année,  dont près d’une dizaine de l’étranger, la dynamique du prix est aujourd’hui bien en marche, se réjouit Benoît Dubuis, président de la Fondation Inartis et co-initiatieur du Challenge pour la qualité de vie du patient. Notre volonté en créant ce prix était de voir la population se l’approprier pour en faire son outil de transformation des idées en projets, et offrir ainsi des solutions nouvelles aux patients. L’exercice me semble totalement réussi et Vulgaroo en est l’incarnation pour 2024.»

1000 projets analysés en 9 éditions

Le Challenge Debiopharm-La Solution-Inartis pour la qualité de vie du patient a clôturé sa 9e édition. Ce concours est doté d’une enveloppe globale de 75 000 francs, composée de 5000 francs pour chacune des cinq équipes finalistes et de 25 000 francs pour le lauréat. Un soutien entrepreneurial est également offert au vainqueur par la Fondation Inartis. Ces récompenses ont pour objectif d’accélérer la mise en œuvre ou la commercialisation de nouvelles solutions. Depuis sa création, le Challenge a étudié plus de 1000 projets différents. «Les projets reçus lors des neuf premières éditions démontrent qu’il ne faut pas forcément de gros moyens pour améliorer la qualité de vie des patients», se réjouit Thierry Mauvernay, président de Debiopharm.

Cinq dates clés pour Vulgaroo

2017 Christophe Lelong se rend au chevet de son père hospitalisé en Inde. Il y découvre que certaines familles sont formées aux soins pour accompagner
le patient. Un électrochoc.

2020 De nombreuses rencontres avec des patients et des professionnels de la santé permettent de valider le besoin d’une meilleure compréhension des comptes rendus médicaux.

2022 Création de Vulgaroo en septembre avec l’arrivée d’un associé.

2023 Vulgaroo démarre le développement de sa solution basée sur des algorithmes et crée un comité de patients-experts chargé de l’amélioration continue des comptes rendus médicaux.