On le sait, l’empreinte environnementale de l’électricité n’est pas constante. Elle varie selon la saison, le moment de la journée et les sources d’énergie disponibles. Cela s’explique par le fait que la production énergétique repose toujours plus sur les énergies durables (solaire, vent, turbines, etc.). Par conséquent, en été et durant les périodes ensoleillées, la production est plus «verte», car les énergies renouvelables, notamment le solaire, peuvent être exploitées de manière optimale.
«A chaque moment de la journée, différentes technologies sont combinées pour délivrer de l’électricité aux gens, résume Rafael Castro-Amoedo, cofondateur d’Emissium. Notre but est de traquer quelles technologies sont utilisées et d’établir ainsi l’empreinte exacte de la consommation d’électricité.» Concrètement, la start-up valaisanne propose aux entreprises une solution qui analyse la qualité de l’électricité avec un intervalle de 15 minutes. Ce qui est une excellente performance en termes de précision, sachant que beaucoup de sociétés font des prévisions basées sur des moyennes annuelles ou mensuelles. Cela leur permet d’améliorer leur transparence vis-à-vis de leurs diverses parties prenantes, mais aussi de mieux gérer leurs ressources et de planifier leurs activités.
Par exemple, une firme disposant d’une flotte de véhicules électriques peut choisir de les charger de manière aléatoire ou d’utiliser le moment le plus adéquat. Le modèle de prévision d’Emissium pourrait permettre de baisser les émissions jusqu’à 50%! «Nous devons prévoir aussi bien la consommation que la production d’énergie, explique Rafael Castro-Amoedo. Pour ce faire, nous utilisons une dizaine d’indicateurs environnementaux, notamment des données météorologiques. C’est pourquoi nos outils de prévisions sont limités à un maximum de deux semaines.»
Une solution adoptée par les entreprises du secteur énergétique
Parmi ses clients, la start-up, qui est établie au Campus Energypolis de Sion, compte notamment un gestionnaire de système énergétique suisse ainsi qu’une société chargée d’aider d’autres entreprises à choisir le meilleur fournisseur d’énergie. En termes de financement, elle a levé à ce jour environ 500 000 francs, dont un prêt de 100 000 francs octroyé cet été par la FIT. L’année prochaine, elle ambitionne de réunir 1,5 million de francs supplémentaire.
Créée en 2023, Emissium emploie aujourd’hui huit personnes, dont des spécialistes en systèmes électriques, en développement durable et en comptabilité énergétique. Rafael Castro-Amoedo et son associé Alessio Santecchia ont réalisé leur doctorat à l’EPFL dans le domaine de l’optimisation énergétique, sous la supervision du professeur François Maréchal, qui figure parmi les principaux chercheurs suisses et est co-inventeur de nombreux brevets. Leurs recherches sont à la base de la solution déployée par la start-up.
Dans les mois à venir, l’équipe compte améliorer le déploiement de son interface de programmation afin de permettre aux développeurs, aux entreprises et aux chercheurs d’interagir plus facilement avec diverses sources de données et d’effectuer des analyses en temps réel. En parallèle, la société cherchera à étendre sa clientèle en Europe, notamment en Allemagne, en France, en Espagne et au Portugal.
A l’échelle mondiale, environ 40% des émissions de CO2 proviennent de la production d’électricité. Le reste est réparti dans d’autres secteurs, comme les transports, l’industrie et l’agriculture.