Dans les années 1970, l’idée d’un complément à l’AVS commence à germer sous forme d’une prévoyance professionnelle obligatoire pour les salariés. L’objectif est de maintenir le niveau de vie antérieur une fois à la retraite. En 1972, le projet du Conseil fédéral d’instaurer les trois piliers est plébiscité par la population par 74% des votants. Le 1er janvier 1985, la loi sur la LPP entre en vigueur.
La LPP fête ses 40 ans cette année. Le bilan est-il bon?
Francis Bouvier: Oui et non. Au départ, l’idée était que l’AVS et le 2e pilier devaient couvrir à eux deux 60% du dernier salaire. C’est bien le cas pour les salaires inférieurs à 90 000 francs par année. Par contre, pour les revenus supérieurs, le salaire de remplacement est beaucoup plus bas. En Suisse, la moyenne est de 48%, ce qui est bien en dessous de l’imaginaire collectif.
Pourquoi faut-il réformer la LPP aujourd’hui?
Les réformes ont échoué car tout le monde est concerné et tout le monde a un avis. Or c’est un domaine complexe. Il faut une réforme car les bases techniques de la LPP datent de 2004. Depuis, l’environnement financier a changé, ainsi que la longévité. Et la loi actuelle n’est plus en phase avec l’évolution sociétale. Les temps partiels ne sont toujours pas pris en compte, par exemple, et il n’existe pas de reconnaissance officielle des concubins.
A la base, le système n’a pas été conçu pour les fondations collectives, mais elles se généralisent, pourquoi?
Le système n’a pas été pensé pour les fondations collectives mais elles ont toujours existé. Au départ, l’idée consistait à créer une fondation par entreprise, mais la complexification du domaine, l’augmentation des coûts et la difficulté de trouver des personnes motivées pour rejoindre le conseil de fondation font que les entreprises peuvent être dépassées. Sans oublier les risques puisque les membres du conseil de fondation sont responsables sur leurs biens propres en cas de problème.
Comment est-ce qu’une entreprise doit choisir sa fondation collective?
En général, on s’intéresse d’abord aux critères techniques, comme le taux de conversion, le degré de couverture, la taille du bilan ou la rémunération. Mais, la plupart du temps, les chefs d’entreprise travaillent avec un courtier car c’est assez technique. Avec mon expérience, je constate que, au final, c’est clairement la confiance et le service qui font la différence.
Est-ce que la taille est importante dans le choix d’une fondation?
Non, mais elle doit être suffisamment grande pour assurer une diversification des placements.
Les taux de conversion ne font que baisser. Est-ce que ça va continuer?
Il ne faut pas être défaitiste. L’évolution du taux de conversion repose sur la longévité et le rendement à long terme. Si les retraités vivent plus longtemps, il est logique que le taux soit revu à la baisse pour un même capital. Quant au rendement à long terme, il est difficile à prévoir. Techniquement parlant, la baisse des taux n’est donc pas inéluctable.
De plus en plus de retraités choisissent le capital plutôt que la rente. Est-ce un problème?
Le problème, c’est que les gens qui choisissent le capital pensent qu’ils vont mourir à 80 ans, mais ce n’est pas le cas. Parfois, ils peuvent être dans une situation financière difficile. J’ai même vu des retraités retirer leur capital pour le placer sur un compte épargne, c’est une aberration. Le système du 2e pilier est prévu pour la rente. En tant que gestionnaire d’une fondation collective, le retrait en capital n’est pas un problème. Et je dirais même que ça peut nous préserver du risque de longévité.