1. Medbase: numéro un de la médecine ambulatoire
Vous avez un soudain mal de tête et vous aimeriez consulter sans attendre? Certains des 70 centres de Medbase proposent des soins médicaux sans rendez-vous – on parle de «walk-in cliniques». En Suisse romande, la plupart des centres sont situés dans les gares ou dans leur proximité immédiate, comme c’est le cas à Genève Cornavin, à Lausanne, à Vevey ou à Fribourg. Ils n’offrent pas tous les mêmes prestations: pour un check-up dit premium (2500 francs sur une journée), il faudra vous rendre au centre de Medbase Lancy Pont-Rouge, à Genève. Le centre de Malley, à Lausanne, est plus orienté médecine sportive que celui de Vevey, par exemple, qui emploie des généralistes, mais aussi un oncologue, un diabétologue, un cardiologue, une gynécologue, un orthopédiste…
En 2017, l’ouverture du premier centre médical en Suisse romande a d’emblée suscité des interrogations. Six ans après, le président de la Société romande de médecine, Philippe Eggimann, reste critique. Il craint une restriction de la liberté thérapeutique des médecins. Il voit en Migros un colosse disposant de moyens financiers immenses lui permettant de se payer les meilleurs emplacements. Attention, concurrence déloyale!
Il redoute aussi une marchandisation de la médecine. Une crainte partagée par la Fédération romande des consommateurs (FRC) qui a déposé en avril une plainte contre Medbase auprès de la Commission suisse pour la loyauté. Les pharmacies Zur Rose, dans une opération visant à persuader des patients de leur confier leur ordonnance permanente de médicaments, offraient un bon de 50 francs à faire valoir dans les supermarchés Migros pour qui ferait le pas. «La ligne rouge a clairement été franchie», affirme Yannis Papadaniel, le responsable de la santé au sein de la FRC, par ailleurs favorable au modèle des soins intégrés proposé par Medbase.
2. Movemi: la prévention par le fitness
L’an passé, la société Movemi, qui coiffe désormais les 136 centres Activ Fitness et Fitnesspark, lançait un sondage auprès de ses 230 000 membres. Pour 98% des 45 000 personnes qui y ont répondu, les objectifs de prévention et d’amélioration de sa santé l’emportent devant toutes les autres motivations. «Le fitness n’est désormais plus considéré comme une activité de loisirs, explique René Kalt, le directeur général de Movemi, mais comme une partie intégrante d’un style de vie sain et global.» En phase avec la philosophie Migros, Movemi propose pour ses club Activ Fitness des tarifs avantageux (entre 590 et 890 francs par an). Et ambitionne de poursuivre son expansion romande. «La densité de notre réseau, et donc la proximité de nos emplacements, reste l’un de nos meilleurs atouts», explique René Kalt. C’est encore plus vrai avec la généralisation du télétravail. Toujours plus nombreux sont les membres de clubs de fitness qui souhaitent en effet s’entraîner en plusieurs lieux. L’un proche de leur domicile, l’autre de leur travail.
Avec la création du premier Fitnesspark de Lucerne en… 1977, le groupe Migros a joué un rôle de pionnier du fitness en Suisse. Longtemps, cette activité est restée en mains de coopératives régionales, comme celle de Migros Vaud, sans objectif de rentabilité particulier. Changement de stratégie avec l’intégration des deux marques du groupe Fitness Park et Activ Fitness et recentrage sur la Suisse après la revente d’Aciso, filiale de Migros Zurich, et alors numéro deux du secteur en Europe avec un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros. Cette nouvelle entité coiffe désormais 136 centres, emploie 4300 collaborateurs et a enregistré l’an passé un chiffre d’affaires de 159 millions de francs. Objectif pour 2024, selon René Kalt: dépasser la barre des 200 millions.
3. Dentalcenters.ch et Bestsmile: mon dentiste est un salarié Migros
Comme pour la médecine de premier recours, le groupe Migros est entré sur le marché des cliniques dentaires par une acquisition importante. En 2020, Medbase prend la majorité des actions des cliniques Dentalcenters.ch, fondées dix-sept ans plutôt par le couple Sara et Christoph Hürlimann. Une chaîne qui compte aujourd’hui 39 cliniques en Suisse et emploie 900 personnes. Deux sites supplémentaires sont actuellement en construction. Dont un cabinet dentaire couplé à un centre de soins médicaux de base, réunis sous la même enseigne, à la gare centrale de Zurich. Inauguration prévue en septembre.
Numéro un de la médecine dentaire outre-Sarine, Medbase reste peu présent en Suisse romande, si ce n’est à Fribourg et à Bienne. Les dirigeants du groupe sont actuellement à l’affût d’opportunités. Basée à Lausanne, la chaîne de cliniques Adent reste le leader romand avec 18 sites. Rachetée par le fonds Nordic Capital, cette entreprise mise sur les technologies les plus récentes: digitalisation, scanners intra-oraux, applications de l’intelligence artificielle, notamment dans le domaine de la radiologie… Une cible possible ou un partenaire pour Migros? «Nous sommes toujours ouverts à la discussion», répond Marcel Napierala.
Avec les cliniques Bestsmile, leader de la correction dentaire, Migros est en revanche bien implantée à Genève, Nyon, Morges, Lausanne, Yverdon, Neuchâtel, Sion… Créée en 2018, reprise par le groupe l’an passé, cette start-up produit elle-même ses gouttières sur une ligne de production robotisée, à Winterthour. Les traitements sont assurés par une centaine de dentistes et orthodontistes. Au total, le groupe Migros emploie donc plus de 400 dentistes.
Le distributeur est aujourd'hui numéro un de la médecine ambulatoire et un poids lourd dans la pharmacie les soins dentaires et les fitness. Pour le bien du patient? Réponse dans notre grand dossier:
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