Dix pour cent! C’est la part de contenants recyclés chaque année en Suisse sur les 800 000 tonnes de déchets plastique produits. Il s’agit essentiellement de bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET), qui bénéficient de la logistique  de collecte nationale mise en place par l’association PET-Recycling Suisse. Tous les autres déchets plastique, tels que le polyuréthane, le polypropylène, le polyéthylène ou encore le polyamide, finissent dans les déchets ménagers, où ils sont incinérés avec les ordures dans des usines. Dans le jargon, on parle de recyclage thermique, puisque la chaleur dégagée par l’incinération va servir à produire de l’électricité et de la chaleur.

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La raison de telles pertes s’explique par le fait que les déchets plastique sont rarement triés. La plupart d’entre eux sont également souillés à la suite de leur utilisation. Ces déchets plastique devraient donc être triés, puis lavés avant d’être transformés en petits granulés réutilisables. Une mission possible pour DePoly. Ce spin-off valaisan de l’EPFL s’est fixé pour objectif de renverser la logique traditionnelle du recyclage en proposant de séparer les matières plastique premières après leur retraitement. Ainsi, la technologie brevetée au niveau international de DePoly décompose finement les polymères plastiques en monomères; le PET, par exemple, se voit séparé en acide téréphtalique ou en monoéthylène glycol.

Usine à Monthey

Et ce n’est pas tout. DePoly a réussi la prouesse technologique de décomposer les polymères en monomères à température ambiante. Ce procédé est une réponse concrète aux processus de recyclage traditionnels, gourmands en énergie. On le doit surtout au travail de Samantha Anderson, Bardiya Valizadeh et Christopher Ireland, trois chimistes de l’EPFL à l’origine de la fondation de DePoly en 2020. «La faisabilité technique est désormais prouvée», se réjouit la directrice générale, Samantha Anderson. De quoi préfigurer la suite.

Au début de l’été, DePoly a annoncé le début de la construction de son usine de démonstration à Monthey, sur le site de CIMO. L’objectif dès l’été 2025 est de pouvoir traiter jusqu’à 500 tonnes de PET/polyester par an. Ce site sera la première usine de recyclage de monomères de plastique en Suisse. «Nous puisons dans trois sources de matières plastiques différentes», explique Samatha Anderson. Soit le plastique issu des déchets urbains, mais aussi les déchets collectés par PET-Recycling Suisse et les déchets plastique des entreprises qui améliorent leur bilan CO2 grâce au partenariat DePoly. La start-up cleantech vend ensuite les monomères à l’industrie de transformation des matières plastiques.

Passage à un niveau supérieur

Grâce à la technologie DePoly, le recyclage du plastique passe à un niveau supérieur. Elle permet d’envisager un monde sans pollution plastique et rend un peu plus réaliste la vision d’une économie circulaire à l’échelle mondiale. C’est d’ailleurs cette perspective qui a attiré plusieurs investisseurs, tels que les branches en capital-risque des groupes allemands BASF et Beiersdorf.

Fin 2020, l’étape préliminaire à la levée de fonds avait déjà rapporté 1,3 million de francs. La levée de fonds de l’été 2023 a permis de collecter 12,5 millions de francs. Aujourd’hui, Samantha Anderson prépare un tour de table de série A. «Nous visons entre 20 et 30 millions de francs de capital de croissance», explique la Canadienne d’origine.

Cet argent permettra notamment de financer la construction de deux grandes usines. Si tout va bien, ces dernières devraient être opérationnelles d’ici cinq ans et traiter toutes les deux jusqu’à 100 000 tonnes de déchets plastique. De quoi dépasser le chiffre de 10% des déchets plastique recyclés produits en Suisse.

>> Pour en savoir plus

DePoly, Sion | Cleantech | Création: 2020 | Collaborateurs: 24 |
Rangs 11 à 100: 
rangs_11-100.pdf