Larisa Aragòn Castro, 50 ans
Nouveau Fondatrice de SumMed, Berne

Larisa Aragon

Larisa Aragòn Castro traduit le jargon médical en langage accessible à tous.

© Beat Ernst

En 2018, Larisa Aragòn Castro subit un contrôle de routine et le diagnostic tombe: cancer du sein. Cette femme qui avait alors 45 ans est tellement prise au dépourvu par la nouvelle qu’elle n’entend plus vraiment ce que disent les médecins. Plus tard, elle reçoit des pages et des pages d’informations sur le diagnostic, le pronostic de la maladie et les prochaines étapes du traitement. Elle se sent complètement dépassée, ne sachant pas ce qu’elle doit faire en premier ni à qui elle peut poser des questions pour mieux comprendre. Elle se rend compte que beaucoup d’autres femmes dans sa situation rencontrent les mêmes problèmes. C’est alors qu’elle réfléchit à une solution pour rendre les informations médicales accessibles et compréhensibles pour les patients et leurs proches et imagine la solution SumMed. Lors du Health Hack de DayOne, une initiative de santé en faveur des patients organisée dans la région bâloise, son idée remporte un prix, ce qui lance la mise en œuvre du projet. SumMed est ensuite conçue, avec la mission de simplifier la navigation des patients dans le jargon complexe et souvent accablant des médecins, dans le contexte du cancer du sein.

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Sven Beichler, 54 ans
Fondateur et CEO de TOM Medications, Zurich

<p>Sven Beichler assiste les patients en temps réel en cas de problèmes avec leur médication.</p>

Sven Beichler assiste les patients en temps réel en cas de problèmes avec leur médication.

© DR

Après huit ans de carrière en tant que conseiller chez Andersen Consulting, Sven Beichler a changé d’orientation. «J’étais assis un jour quelque part dans le nord de la Suède, au milieu de milliers de bouleaux, à 14 h 30. Il faisait déjà nuit dehors. Je travaillais sur des diapositives PowerPoint au bar d’un hôtel. C’est là que j’ai été pris d’un vertige. Je me suis dit: «Tout l’argent qu’on me paie ne suffira jamais à donner un sens à ma vie.» Le conseiller d’entreprise est alors devenu serial entrepreneur en créant six sociétés. Il dispose désormais d’une vingtaine d’années d’expérience dans les start-up. L’entrepreneur tire sa motivation de la possibilité d’aider les gens et de sauver des vies. «Notre start-up TOM Medications a pour objectif d’optimiser les traitements grâce à des informations collectées de manière numérique. Nos services permettent d’aider en temps réel les personnes qui ont des problèmes avec leur médication, de détecter les médicaments pris à double ainsi que les interactions nocives, voire mortelles, et de prévenir les effets secondaires.» Et ce, dans un cadre garanti 100% anonyme. La start-up sauve ainsi des vies, améliore la qualité de vie des patients et permet des milliards de dollars d’économies au système de santé.

 


Benjamin Dodsworth, 33 ans
Nouveau Cofondateur et Chief Technical/Scientific Officer de PIPRA, Zurich

Benjamin Dodsworth

Benjamin Dodsworth réduit le risque de délire postopératoire grâce à l’analyse des données.

© Nadine Studeny

Les patients peuvent être mieux soignés grâce à une analyse des données. C’est en tout cas ce que croit la start-up Pipra. Plus de 20% des patients de plus de 60 ans souffrent de délire postopératoire (DPO) après une intervention. Les symptômes comprennent la désorientation, la perte de mémoire, des difficultés d’élocution et des changements de comportement. «Il est toutefois possible de déterminer le risque de DPO avant l’opération grâce à l’analyse de données telles que l’âge, la médication du patient et les valeurs sanguines», indique Benjamin Dodsworth, qui a fondé Pipra en 2019 avec Nayeli Schmutz et John Klepper. Tous trois se sont rencontrés début 2019 dans le cadre d’un programme européen destiné aux innovateurs. 

En cas de risque accru de DPO, les hôpitaux peuvent adapter l’anesthésie, réaliser l’opération de manière moins invasive et fournir aux patients des soins optimisés après l’opération. Trois hôpitaux en Suisse utilisent le système Pipra. Dans certains cas, il fonctionne déjà automatiquement en arrière-plan dans le système informatique de l’hôpital. «Notre ambition est de prouver que grâce à notre solution d’intelligence artificielle, environ 40% des cas de DPO peuvent être évités», poursuit Benjamin Dodsworth. La solution Pipra est déjà autorisée en tant que dispositif médical dans l’Union européenne.

 


Arthur Germain, 33 ans
Cofondateur et CEO de OneDoc, Genève

Arthur Germain

Arthur Germain permet à plus de 2 millions de personnes en Suisse de consulter un médecin grâce à OneDoc.

© Darrin Vanselow

Vous avez certainement déjà eu affaire aux outils développés par l’entreprise d’Arthur Germain, peut-être lorsque vous avez réservé votre rendez-vous de vaccination pendant la pandémie. Ou lorsque vous avez discuté d’un étrange grain de beauté avec votre dermatologue par appel vidéo. Arthur Germain est le cofondateur de OneDoc, la plateforme en ligne de prise de rendez-vous médicaux. Fondée en 2017, l’entreprise a des bureaux à Genève, à Lausanne, à Lugano et à Zurich. A fin 2023, elle emploiera une cinquantaine de collaborateurs, soit presque deux fois plus qu’un an auparavant. Plus de 2,3 millions de personnes se seraient déjà inscrites sur OneDoc. Selon la direction, l’entreprise serait rentable, depuis plusieurs années déjà. Rien d’étonnant donc à ce qu’Arthur Germain affiche une fortune estimée entre 20 et 25 millions de francs. 

Comment l’entrepreneur s’y est-il pris? Il attribue son succès à une maxime bien connue: «Work hard, play hard.» Autre facteur de succès, Arthur Germain sait comment attirer les talents alors que la main-d’œuvre qualifiée est rare sur le marché. «Nos bureaux sont adaptés aux animaux domestiques. Tout le monde peut venir avec son chien ou même son chat», indique--t-il. Lui-même est accompagné chaque jour au travail par Kona, un berger australien.

 


Christoph Gugl, 39 ans
Nouveau Cofondateur et CEO d’Evoleen, Zurich

Chris Gugl

Christoph Gugl compte 25 start-up dans le pipeline.

© NR Production GmbH

Au bénéfice de diplômes obtenus à l’EPFZ et à l’Université de Saint-Gall, le Lucernois Christoph Gugl est un serial entrepreneur qui s’épanouit à l’interface homme-technologie. Il affiche une prédilection pour la santé et la numérisation, avec l’ambition de transformer cet écosystème. En 2018, il a cofondé Evoleen. Le modèle d’affaires consiste à bâtir de nouvelles solutions de santé numérique et à les mettre sur le marché. Avec dans son périmètre d’action une centaine de collaborateurs, dont une cinquantaine employés directement par la société, Evoleen investit dans différents projets avec de grands acteurs de la santé. Chris Gugl a actuellement 12 start-up sur les rails. Ce qu’apporte Evoleen, c’est avant tout de l’agilité pour tirer le meilleur des idées venues des milieux traditionnels de la santé. Le modèle fonctionne bien. Selon Chris Gugl, Evoleen est rentable et s’autofinance. L’avenir serait ainsi assuré: «Nous avons 25 autres start-up dans le pipeline.»

 


Maria Hahn, 42 ans
Cofondatrice et CEO de Nutrix, Bâle

Maria Hahn

Maria Hahn facilite la vie des patients souffrant de diabète.

© Nik Hunger

«Sans l’appui de Bâle, nous ne serions pas allés aussi loin avec Nutrix», s’enthousiasme Maria Hahn. Les bureaux de son entreprise se trouvent au Switzerland Innovation Park du Campus Novartis. L’entrepreneuse habite également dans la ville rhénane, dans le quartier du Gundeli, près de la gare CFF. L’idée derrière Nutrix est d’obtenir des données sur le métabolisme et la santé de manière permanente et non seulement lors des visites chez le médecin. Pour cela, la société utilise des capteurs non invasifs reposant sur la nanotechnologie. Le capteur Nutrix peut mesurer le glucose et le cortisol dans la salive, alors que, jusqu’ici, il fallait prélever du sang. Cette capacité intéresse en priorité un demi-milliard de patients diabétiques dans le monde, qui doivent garder un œil sur leur glycémie, c’est-à-dire le niveau de glucose dans le sang.

Au Chili, Nutrix met actuellement en place tout un écosystème qui, outre le glucose, enregistre également l’alimentation et les prises de médicaments. Grâce à l’intelligence artificielle et à l’analyse des données, ces dernières sont transformées en plans de soutien et de traitement pour les patients, en collaboration avec une équipe de médecins. Les utilisateurs paient pour cela un prix mensuel, partiellement pris en charge par la caisse d’assurance maladie. Le Mexique et le Brésil seront les prochains marchés à être ouverts. Il y a une bonne raison pour Nutrix de privilégier cette région du monde. Le diabète est particulièrement répandu en Amérique du Sud, car on y consomme énormément de boissons sucrées. Au Chili, une personne sur dix est touchée. 

La prochaine percée technologique de Nutrix sera un système de mesure du cortisol dans la salive, ce qui permettra de tirer des conclusions sur le niveau de stress. Il sera ainsi possible de déterminer à temps si l’on souffre de stress chronique. Le stress est lui-même à l’origine d’autres maladies, comme l’obésité et les problèmes cardiovasculaires. «Les entreprises soucieuses de la santé de leur personnel pourront s’en servir pour faire de la prévention», explique Maria Hahn. L’entrepreneuse est venue de Pologne en Suisse via l’Espagne et a travaillé cinq ans pour l’entreprise de technique dentaire Straumann. Auparavant, elle a étudié le marketing et le management à Varsovie, puis a enchaîné avec un MBA à Madrid. En 2019, elle a suivi le Bootcamp pour l’innovation et la technologie du Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis. C’est là qu’elle a fait la connaissance des deux personnes qui ont cofondé l’entreprise Nutrix avec elle.

 


Loulia Kassem, 31 ans
Fondatrice et CEO de Rea Diagnostics, Lausanne

Loulia Kassem

Loulia Kassem souhaite réduire le risque d’accouchement prématuré.

© Sebastien Agnetti

Les naissances prématurées constituent la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. La clé de la prévention de ces événements dramatiques réside dans la détection précoce des signes avant-coureurs. Or, à l’heure actuelle, tous les examens médicaux chez les femmes enceintes ne peuvent être réalisés que par des professionnels de la santé en milieu hospitalier. De plus, ces tests invasifs ne sont utilisés que lorsque des problèmes sont déjà apparus. Il est alors souvent trop tard. «Dans la moitié des cas, les naissances prématurées surviennent de manière totalement inattendue», indique Loulia Kassem, fondatrice de Rea Diagnostics. Son équipe est composée de médecins et de sages-femmes. Avec un kit de monitoring à domicile, la start-up lutte contre les mauvaises surprises en facilitant la mesure des principaux indicateurs. Le prototype est un smart pad portable qui analyse en continu les biomarqueurs décisifs en ce qui concerne les naissances prématurées. En cas de soupçon, le système alerte le personnel médical via une application. Le produit fini devrait arriver sur le marché en 2024.

 


Cédric Moret, 53 ans
Nouveau CEO d’ELCA Group, Lausanne

<p>Cédric Moret veut faire entrer le système de santé suisse dans l’ère du numérique.</p>

Cédric Moret veut faire entrer le système de santé suisse dans l’ère du numérique.

© Matthieu Spohn

Le nom d’Elca est toujours évoqué par ceux qui doivent traiter des données sensibles. L’entreprise lausannoise s’est notamment fait un nom avec des solutions de gestion des données des patients. Elle propose maintenant des solutions cloud dans le domaine de la santé aux tickets infalsifiables. Depuis son rachat en 2015, la firme est dirigée par Cédric Moret, ancien directeur pour les biens de consommation (Procter & Gamble) et consultant (McKinsey). Cet économiste d’entreprise (Université de Lausanne, Harvard Business School) voit actuellement de grandes opportunités de croissance, notamment dans le secteur de la santé.

La Suisse possède «l’un des meilleurs systèmes de santé analogiques du monde», mais n’occupe que la 14e place du point de vue numérique, selon un classement de la Fondation Bertelsmann. «Ensemble, nous devons avoir le courage de compenser les intérêts divergents et les rapports de force fragmentés, même si ceux-ci sont évalués différemment par toutes les parties», préconise Cédric Morel. Actuellement, tout va bien pour Elca. En 2022, le chiffre d’affaires a augmenté de 23% pour atteindre 239 millions de francs, notamment grâce à des acquisitions, dont celle de la société zurichoise Every-Ware. Un plan quinquennal a pour objectif de maintenir l’entreprise sur le chemin de la croissance. Cédric Moret anticipe: «La taille visée permettra de s’attaquer à des projets qui auraient été trop risqués il y a encore quelques années.»

 


Matthias Spühler, 52 ans
Nouveau Fondateur et CEO de HeyPatient, Winterthour

<p>L’application de Matthias Spühler permet au personnel médical d’économiser beaucoup de temps, de nerfs et d’argent.</p>

L’application de Matthias Spühler permet au personnel médical d’économiser beaucoup de temps, de nerfs et d’argent.

© DR

Examen, entretien, opération, contrôle postopératoire et tout ce qui se passe entre les deux. Ces étapes représentent un marathon administratif chronophage pour le personnel hospitalier et beaucoup de paperasse pour les patients. En 2019, Matthias Spühler et son épouse Regula ont développé une application pour simplifier ces opérations, HeyPatient. Elle est déjà utilisée dans différentes cliniques suisses ainsi qu’au Centre des paraplégiques à Nottwil (ZH). La solution permet de tout traiter numériquement, de la gestion des rendez-vous au remplissage des formulaires. Un gain de temps, d’énergie et d’argent. En effet, la gestion d’un rendez-vous coûte à elle seule environ 35 francs à un hôpital, contre une fraction avec l’application. De plus, HeyPatient permet de connecter les systèmes internes au smartphone des patients et d’automatiser les processus. Selon une extrapolation, le potentiel d’économie pour le système de santé dans son ensemble s’élève à 600 millions de francs par an. La start-up, qui compte actuellement 11 collaborateurs, participe également au projet Innosuisse Shift. Soutenu par la Confédération, ce programme se penche sur la manière dont les hôpitaux peuvent maîtriser la transformation numérique d’ici à 2025.

 


Tobias Wolf, 35 ans
Cofondateur et CEO d’OnlineDoctor, Saint-Gall

Tobias Wolf

«Avec OnlineDoctor, nous avons révolutionné la visite chez le dermatologue en Europe», souligne Tobias Wolf.

© DR

Alors qu’il était chargé de cours, Tobias Wolf a organisé avec Philipp Wustrow une manifestation à l’institut PME de l’Université de Saint-Gall. A cette occasion, le dermatologue Paul Scheidegger lui a parlé d’un problème quotidien. Souvent, les patients se retrouvent quasiment désespérés parce que le cabinet est saturé et que l’attente est trop longue. Ils envoient donc au médecin des photos de leurs problèmes de peau par e-mail, SMS ou Whats-App pour une première analyse. Tobias Wolf y a vu un potentiel. Une brève étude de marché a montré que la plupart des confrères de Paul Scheidegger recevaient ce même type de demandes via ces canaux inappropriés. L’idée d’OnlineDoctor était née. Dans un premier temps, 100 patients ont été traités à titre d’essai, tant physiquement que numériquement, et lorsque les diagnostics se sont révélés concordants, les trois entrepreneurs ont fondé OnlineDoctor, fin 2016. «La création de la start-up a certainement été le moment clé de ma carrière. La décision de quitter le monde académique pour développer cette société a totalement bouleversé ma vie. J’aime voir comment une idée peut se concrétiser dans une entreprise», relate Tobias Wolf.

Le travail a porté ses fruits. Six ans plus tard, la société a déjà soigné plus de 150 000 patients via la plateforme en ligne. Parallèlement, plus de 650 médecins en Suisse, en Allemagne et en Autriche proposent leur aide sur OnlineDoctor. L’approche de la télémédecine de Tobias Wolf a entre-temps également convaincu de nombreuses caisses d’assurance maladie, toujours plus nombreuses à prendre en charge les frais de traitement. «Avec OnlineDoctor, nous avons révolutionné le secteur des consultations dermatologiques en Europe. Nous parvenons à offrir à chacun un traitement dermatologique au plus tard après quarante-huit heures. En moyenne, le patient reçoit une réponse dans les six heures», souligne Tobias Wolf. Dans un futur proche, l’entrepreneur veut commercialiser le modèle d’OnlineDoctor pour en faire le premier service médical basé sur l’intelligence artificielle. Une équipe interne d’IA développe un logiciel capable de réaliser le diagnostic des maladies de la peau. «Nous voulons profiter des progrès les plus récents. Nous travaillons à ce que la visite médicale numérique complète la visite physique. Les soins hybrides doivent devenir la nouvelle norme», dévoile Tobias Wolf.

 


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