Lunaphore est un porte-drapeau de la nouvelle vague de start-up suisses à succès. Active dans les sciences de la vie, cette scale-up affiche une croissance impressionnante: elle est passée de 40 à 120 collaborateurs ces 24 derniers mois. A la tête de l’entreprise vaudoise, un trio d’ingénieurs de l’EPFL, dont une femme: Deborah Heintze. «Un peuple d’entrepreneurs» est allé à sa rencontre.
Déborah Heintze et ses partenaires, Ata Tuna Ciftlik et Diego Dupouy, se sont rencontrés en 2013, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Un an plus tard, ils fondent Lunaphore sur la base des travaux de doctorat d’Ata Tuna, et travaillent sur des appareils pour les examens de biopsies. Les ventes démarrent en 2019, et le succès est immédiat.
A 33 ans, Déborah Heintze est déjà une entrepreneure expérimentée. Et détendue, malgré la pression. Elle se souvient, en riant, avoir refusé une proposition de job bien payé pour faire «tout ce qu’il ne faut pas: lancer une entreprise entre trois ingénieurs sans la moindre expérience commerciale». Et non, elle na pas de regrets. Bien que, oui, «j’aurais pu mieux gérer ma santé mentale: la vie en start-up, c’est un peu un 'shitshow' quotidien. Mais non, je ne regrette rien!», rigole Déborah. Neuf ans plus tard, le pari est un succès, bien que le chemin soit encore long.
«A 24 ans, on est naïf, confie Déborah Heintze. On part sur un sprint, alors qu’en fait, c’est un marathon. Avec beaucoup de sprints.» Mais cette naïveté est indispensable, souligne-t-elle: «C’est primordial de toujours croire au sprint. Et de tout donner à 200%, sans se rendre compte de l’énorme montagne face à nous. Et en pensant chaque année que le sommet de la montagne sera pour l’année suivante.» D’ailleurs, ce sera l’année prochaine. Sûrement.