Alain Berset, 49 ans
Conseiller fédéral, chef du Département de l’intérieur, Berne

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Alain Berset: jamais un ministre de la Santé n’aura eu autant d’impact sur l’économie.

De mémoire récente, aucun autre conseiller fédéral n’a eu autant d’influence sur l’économie intérieure que le ministre de la Santé Alain Berset. Lors de la première vague de covid, ses décisions, prises avec l’ensemble du Conseil fédéral, ont certes impacté négativement l’économie suisse, mais il a ensuite choisi une voie plus libérale que de nombreux pays. Il a néanmoins été confronté à l’accusation absurde de se comporter comme un dictateur de la part de la droite. Alain Berset, qui ne se considère pas comme un «homme de pouvoir», répond volontiers à ces reproches de la manière suivante: «Lorsque je rencontre des critiques, je leur demande toujours dans quel pays ils auraient préféré vivre ces derniers mois. Je n’ai jamais reçu de réponse.»

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Que l’on soit bien disposé à son égard ou non, Alain Berset n’a pas trop mal mené la barque suisse à travers la tempête de la pandémie. La chute de l’économie a certes été initialement brutale, mais pas aussi importante que dans d’autres pays. Il s’est jusqu’à présent abstenu de prendre des mesures très directives, comme l’Autriche par exemple. En tant que ministre responsable de l’obligation de certification covid, son influence sur l’économie est actuellement bien plus importante que celle du ministre de l’Economie. Ce n’est pas grave, car de toute façon, un ministre de l’Economie est particulièrement bon lorsqu’il en fait le moins possible. C’est du moins ce qu’assurent certaines mauvaises langues.

Quoi qu’il en soit, le socialiste fribourgeois a assumé beaucoup de responsabilités dans la crise. Et c’est pourquoi il a été attaqué comme aucun autre. Un homme politique doit savoir supporter ces attaques. Et cela semble être le cas pour Alain Berset. Même une affaire de relation extraconjugale ne l’a pas fait vaciller. Il est bien possible qu’il reste conseiller fédéral après les élections de 2023. Si, comme on l’espère, la pandémie est terminée ou du moins maîtrisée à cette date, Alain Berset aura encore beaucoup de chantiers ouverts. Le plus important, c’est la réforme de l’AVS. Après une longue campagne, sa réforme des retraites a échoué devant le peuple en 2017. Il faut pourtant trouver une solution, alors que les gens vivent de plus en plus longtemps et que des milliers de baby-boomers partiront bientôt à la retraite.


Thomas Jordan, 58 ans
Président de la Banque nationale suisse (BNS), Zurich/Berne

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Thomas Jordan peut rester à son poste jusqu’en juin 2027.

© STEFAN WERMUTH

Rien ne semblait le freiner. Pourtant, pendant un moment, on a craint pour celui qui est sans doute l’homme le plus puissant de l’économie suisse. C’était fin août, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) a annoncé que son président, Thomas Jordan, avait dû subir une intervention médicale durant le week-end. Le vice-président, Fritz Zurbrügg, et Andréa Maechler, membre du directoire, ont repris le flambeau. Mais quel était le bilan de santé réel de Thomas Jordan, à la tête de la BNS depuis 2012, se sont demandé tous les observateurs extérieurs. D’autant plus que l’on a rapidement appris qu’il s’agissait d’une opération du cœur. Trois semaines plus tard, dans une interview accordée au Tages-Anzeiger, Fritz Zurbrügg a rassuré le monde économique en expliquant que le président de la BNS allait bien, mais qu’il voulait prendre suffisamment de temps pour entièrement se remettre. Il a également coupé court aux spéculations en confirmant que le président reprendrait ses fonctions.

A peine Thomas Jordan avait-il finalement repris les rênes, fin septembre – juste à temps pour décider des taux d’intérêt – que la BNS annonçait que le vice-président, Fritz Zurbrügg, devait subir lui aussi une intervention cardiaque, prévue de longue date. Et qu’il reprendrait ses fonctions de vice-président après une phase de convalescence de plusieurs semaines. Peu avant, ce dernier avait fait sensation en mettant en garde avec une véhémence inhabituelle contre la surchauffe du marché immobilier.

Entre-temps, Thomas Jordan était de nouveau «pleinement actif», comme il l’a déclaré au Blick. Il s’était bien rétabli et pouvait désormais assumer entièrement ses tâches et ses obligations. «Je suis bien sûr toujours resté au courant de la politique monétaire», a-t-il assuré. Dans l’ensemble, Thomas Jordan a permis à la Suisse de traverser sans trop d’encombre la crise du covid. La chute de l’économie n’est plus qu’un mauvais souvenir, la situation sur le marché du travail continue de s’améliorer et l’inflation reste limitée par rapport à d’autres zones monétaires. Taux d’intérêt négatifs, bilan gonflé, les critiques qui s’étaient multipliées avant la pandémie semblent désormais s’être tues. Et Thomas Jordan, qui a grandi à Bienne, est plus fermement assis dans son fauteuil que jamais. Il peut rester à son poste jusqu’en juin 2027. A 64 ans, il aurait alors presque atteint l’âge de la retraite.


Livia Leu, 60 ans
Secrétaire d’Etat du Département des affaires étrangères, Berne

Bilanz WiW 2022 Wirtschaftspolitik Livia Leu EDA ©PD

Livia Leu occupe l’un des postes les plus importants de la Berne fédérale.

© Kommunikation EDA_AV

Comme ses prédécesseurs, elle a échoué dès la première tentative. La secrétaire d’Etat du Département des affaires étrangères s’est pourtant rendue cinq fois à Bruxelles au printemps pour tenter de donner un peu d’élan aux négociations avec l’UE, qui étaient au point mort. Cela n’a pas suffi. Lorsque Livia Leu s’est de nouveau rendue au siège de l’UE le 26 mai, elle s’est contentée de transmettre le message confirmant que la Suisse mettait un terme à l’accord-cadre, après sept ans de négociations.

L’UE n’a pas été la seule à être sous le choc. Les grandes entreprises avaient également insisté sur l’importance de cet accord et sur des relations apaisées avec leur principal partenaire commercial. Elles n’ont pas été entendues au Palais fédéral. Les premières conséquences se font déjà sentir: les chercheurs n’ont plus accès aux subventions de l’UE, les nouveaux produits médicaux suisses ne sont plus automatiquement autorisés et nous risquons de manquer un jour d’énergie en raison de la suspension de l’accord sur l’électricité.

En coulisses, c’est désormais à Livia Leu de recoller les morceaux. L’ancienne ambassadrice à Paris, promue par le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, en octobre 2020, est particulièrement sollicitée. L’UE exige de la Suisse qu’elle puisse expliquer clairement d’ici à janvier ce qu’elle souhaite obtenir dans le cadre des négociations. Dans le cas contraire, de nouvelles discussions n’auraient aucun sens. En septembre, elle s’est une nouvelle fois rendue à Bruxelles et a rencontré différents membres de la Commission européenne. Les discussions ont porté sur les relations bilatérales, que le Conseil fédéral souhaite renforcer après la fin des négociations.

Outre ce dossier, Livia Leu ne manque pas de travail. Son portefeuille est vaste. La candidature au Conseil de sécurité de l’ONU est à l’ordre du jour, et la collaboration avec les Etats-Unis doit également être intensifiée. En octobre, elle a reçu à Berne la vice-secrétaire d’Etat américaine, Wendy R. Shermann. La Suisse n’a toutefois pas encore progressé en matière d’accord de libre-échange. En revanche, l’accord sur les services financiers avec la Grande-Bretagne semble plus prometteur. Il doit permettre l’ouverture des marchés financiers entre les deux pays.


Urban Angehrn, 56 ans
Directeur de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), Berne

Bilanz 08/2021 Machtnetz Urban Angehrn

En poste depuis novembre, Urban Angehrn va particulièrement surveiller les banques d’importance systémique comme UBS et CS.

© Jorma Mueller

Le successeur de Mark Bronson à la tête de la surveillance de la place financière n’a pas une carrière typique de banquier derrière lui. Originaire de Wittenbach, dans le canton de Saint-Gall, Urban Angehrn a étudié la physique à l’EPFZ et a obtenu un doctorat en mathématiques à l’Université Harvard. Il a commencé sa carrière à la banque américaine J.P. Morgan, puis est passé au secteur de l’assurance et a connu son apogée chez Zurich Assurances, où il a été nommé Chief Investment Officer en 2015, accédant ainsi à la direction du groupe. Bref, il possède une profonde expérience du secteur. Mais il restait un homme peu connu du grand public jusqu’à présent. Cela va désormais changer. En poste depuis novembre, il va particulièrement surveiller les banques d’importance systémique, et en premier lieu les CEO d’UBS et de Credit Suisse.


Thierry Burkart, 46 ans
Président du PLR, Berne

Bilanz WiW 2022 Wirtschaftspolitik Thierry Burkart FDP, ©Yves Bachmann

La mission de Thierry Burkart: empêcher une plus grande dégringolade du PLR.

© Yves Bachmann fᅢᄐr Repub

Le successeur de Petra Gössi doit relever deux défis importants à la tête du PLR: unir le parti et éviter qu’il ne tombe dans l’insignifiance. Lors des dernières élections, le PLR, qui autrefois dominait, a tout juste dépassé les 15% de voix au niveau national. Mi-octobre, il était descendu encore plus bas, à 13,6% selon le baromètre électoral de la RTS. Thierry Burkart, seul candidat à la présidence du parti, veut renforcer le PLR en tant que principal porte-parole du libéralisme dans le pays et ainsi regagner des électeurs. Pour y parvenir, l’avocat de Baden doit donner à son parti un profil qui le positionne clairement comme une force autonome, quelque part entre l’UDC et le centre. Mais avec quel programme? Beaucoup se réclament depuis longtemps du libéralisme. Mais si Thierry Burkart ne parvient pas à redresser la barre, le PLR risque de perdre un siège au Conseil fédéral.


Karin Keller-Sutter, 57 ans
Conseillère fédérale, ministre de la Justice, Berne

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Karin Keller-Sutter met en avant les avantages de la digitalisation.

© Sᅢᄅbastien Agne

La numérisation doit être au service de l’homme, et non l’inverse. C’est aussi l’objectif déclaré de la stratégie du Conseil fédéral, a déclaré Karin Keller-Sutter dans son discours d’ouverture des Swiss Digital Economy Awards, mi-novembre. Elle y a rappelé les risques qui nous guettent dans le monde numérique, mais elle n’en a pas nié non plus ses avantages, qui ont été particulièrement visibles pendant la pandémie. Comme les nouvelles formes de travail à distance, qui permettent de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Elle-même n’est pas une fanatique de la technologie, admet cette PLR, qui a suivi une formation d’interprète avant d’étudier les sciences politiques puis la pédagogie. Karin Keller-Sutter, qui a commencé sa carrière politique en 1992 en tant que conseillère municipale à Wil (SG), est connue pour s’engager résolument en faveur des causes qu’elle défend et pour ne pas hésiter à prendre des mesures sévères. Elle s’engage tout particulièrement contre la violence domestique. Tant les mesures répressives que les programmes de prévention sont de plus en plus nécessaires, assure la conseillère fédérale.


Guy Parmelin, 62 ans
Conseiller fédéral, chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, Berne

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Guy Parmelin continue de militer pour un accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

© Fabian Hugo

Son année en tant que président de la Confédération est terminée pour Guy Parmelin. Il peut désormais se concentrer de nouveau pleinement sur sa fonction de ministre de l’Economie. Fin novembre, le Conseil fédéral a adopté une nouvelle stratégie pour le commerce extérieur suisse. Il considère que les plus grands défis actuels sont notamment l’ordre mondial, les tendances protectionnistes ainsi que les différentes formes de critique de la mondialisation. Il s’agit d’adapter en permanence les conditions-cadres, a déclaré le président de la Confédération devant les médias. La Suisse doit essentiellement son niveau de vie élevé à une politique de marchés ouverts. Sept employés sur dix en Suisse travaillent dans des domaines qui dépendent directement ou indirectement du commerce extérieur. Guy Parmelin continue de militer pour un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Cet été, il a rencontré le président américain, Joe Biden, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis. Mais le Vaudois n’a pas encore réussi de percée décisive sur cet accord important pour la Suisse.


Monika Rühl, 57 ans
Directrice d’Economiesuisse, Zurich

Bilanz WiW 2022 Mokia Rühl, Economiesuisse ©PD

Monika Rühl n’a pas peur des discussions animées lors des débats politiques.

© Foto: Frank Nader / http://franknader.com/

Que Monika Rühl puisse rester aussi longtemps au même poste est déjà en soi une surprise. Cela fait maintenant sept ans que cette diplomate de formation est présidente de la direction d’Economiesuisse. Elle a commencé sa carrière à la Mission suisse auprès des Nations unies à New York, après avoir fait étape à Berne, à Bruxelles et à Genève pendant sa formation. Les négociations délicates sont son cheval de bataille. En 2006, elle devient cheffe du secteur des relations économiques bilatérales au Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) et membre de la direction. En 2008, elle a été nommée déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux. Au Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR), elle a pris en 2011 le poste de secrétaire générale et est ainsi devenue le bras droit du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Depuis 2014, Monika Rühl est la première femme à la tête de l’organisation faîtière des entreprises suisses. L’année dernière, elle ne s’est pas fait que des amis lorsqu’elle s’est prononcée pour un renforcement rapide des mesures contre le covid. Lors de la campagne de votation contre l’initiative 99%, elle s’est révélée une adversaire redoutable, n’ayant pas peur des discussions animées. Le résultat d’années d’expérience.


Klaus Schwab, 83 ans
Fondateur du WEF, Genève/Davos

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Klaus Schwab: après deux éditions annulées, le WEF devrait avoir lieu en 2022.

© Anoush Abrar

Le fondateur du WEF a du mérite. Klaus Schwab fait venir année après année – si tant est que le Forum économique mondial a lieu – des personnalités politiques et économiques de renommée mondiale à Davos. Les dirigeants politiques helvétiques viennent donc régulièrement participer à des rencontres qui n’auraient pas lieu autrement. Ces dernières années, les critiques autrefois véhémentes à l’égard du WEF se sont atténuées. Récemment, une interpellation des Verts s’est pourtant interrogée sur l’utilité de ce sommet élitiste, qui exige à chaque fois un important dispositif de sécurité. «Le WEF est une plateforme importante pour la représentation des intérêts suisses et internationaux», a répondu le Conseil fédéral, qui continue de voir le rapport coûts/bénéfices comme positif. En 2022, le forum devrait de nouveau avoir lieu, après deux ans d’interruption due à la pandémie. Entre-temps, l’économiste et ancien professeur Klaus Schwab n’est pas resté inactif. En 2020, il a lancé le projet The Great Reset. L’objectif est simple: sauver le monde. Ou, pour reprendre les termes de Klaus Schwab: faire redémarrer l’économie et la société sur de nouvelles bases. L’idée est de créer un système économique plus résistant, plus inclusif et plus durable.


Valentin Vogt, 61 ans
Président de l’Union patronale suisse, Zurich

Bilanz WiW 2022 Wirtschaftspolitik Valentin Vogt, Arbeitgeberpräsident ©PD

Valentin Vogt a demandé, avec deux autres associations, des réformes de la politique économique.

© PD

Les tensions entre l’Union patronale suisse et Economiesuisse, d’une part, et l’Union suisse des arts et métiers, d’autre part, semblent s’être quelque peu apaisées. Des divergences sont pourtant apparues récemment au sujet de l’accord-cadre avec l’UE. En novembre, le président de l’Union patronale suisse, Valentin Vogt, avec des représentants des deux autres associations, a demandé des réformes de la politique économique. Selon eux, la Suisse n’est pas assez bien préparée pour l’après-covid. Concrètement, les piliers de la durabilité, de la politique financière ainsi que de la recherche et de l’innovation doivent être renforcés. Valentin Vogt a particulièrement critiqué le fait que, pour certains, «la prospérité semble être devenue un acquis, ce qui nous rend dépendants, douillets et parfois même hostiles à l’économie». Selon lui, des revendications telles que l’extension des prestations de la prévoyance professionnelle, une 13e rente AVS, un congé parental ou une assurance obligatoire d’indemnités journalières en cas de maladie ne sont pas légitimes. Valentin Vogt, qui siège actuellement dans les conseils d’administration de Kistler, de Bucher Industries et d’Ernst Göhner Beteiligungen, ne voit pas de marge de manœuvre pour continuer à développer l’Etat social.