Les sportifs, en particulier les mineurs, ne disposent pas d'une protection suffisante, selon les résultats d'une enquête, menée par un cabinet d'avocats zurichois. Des violences psychiques ou physiques et des négligences surviennent lors des entraînements et des compétitions.

Les athlètes sont poussés à la performance, y compris lorsqu'ils sont blessés. Ils n'osent souvent pas dénoncer les incidents. S'ils le font, la situation n'évolue pas forcément en leur faveur, pointent les enquêteurs, mandatés par la Confédération pour faire la lumière sur d'éventuels abus au centre national d'entraînement de Macolin révélés dans les médias en 2020.

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Manques systémiques?

S'agit-il de cas individuels, isolés, ou de manquements systémiques? La question était centrale, et Viola Amherd envisage une combinaison des deux. "Ces incidents ne doivent pas être tolérés et ne doivent pas se reproduire", a assuré la conseillère fédérale devant les médias mardi à Berne.

Certes, la discipline et l'effort resteront des valeurs centrales pour le haut niveau. Mais la dignité des athlètes doit primer. "Le sport d'élite, oui, mais pas à n'importe quel prix", a illustré Mme Amherd.

Surveillance par Berne

La collaboration entre la Confédération, les cantons et le sport de droit privé, représenté par Swiss Olympic, se poursuivra. Mais il faut maintenant renforcer la fonction de surveillance de la Confédération, a poursuivi Mme Amherd.

Tout manquement devra à l'avenir être sanctionné. Actuellement, les fédérations sportives peuvent déjà voir leurs subventions réduites ou supprimées, si elles ne respectent par la Charte d'éthique du sport. Un tel cadre est toutefois peu contraignant dans la pratique, reconnaît le gouvernement.

Une révision de la législation sur l'encouragement du sport doit donc être élaborée. Elle fixera les exigences minimales que les fédérations doivent respecter. Les comportements prohibés devront eux être clairement indiqués dans les statuts de Swiss Olympic. Une consultation sera organisée et les nouvelles dispositions devraient entrer en vigueur début 2023.

Contrôles revus

L'Office fédéral du sport (OFSPO) veillera au respect des directives d'éthique grâce à un nouveau système de rapport et de contrôle. Swiss Olympic en fera de même avec les fédérations sportives. Actuellement, les fédérations font un rapport à Swiss Olympic, qui en fait un à l'OFPSO.

Berne n'aura par ailleurs plus de représentant au sein du conseil exécutif de Swiss Olympic dès la fin de 2022. Il s'agit ainsi de prévenir tout conflit d'intérêts.

Service de signalement indépendant

Et surtout, tous les athlètes auront désormais accès à un nouveau service de signalement indépendant. "Ce service sera simple d'accès et anonyme", a détaillé la ministre des sports.

Les manquements seront sanctionnés par la nouvelle fondation Swiss Sport Integrity (SSI), qui verra le jour le 1er janvier 2022. La SSI remplacera le système décentralisé de signalement des abus qui existe aujourd'hui. Elle mènera ses enquêtes de manière indépendante.

Parents aussi

Le bien-être de l'enfant doit désormais occuper une place centrale dans l'encouragement de la relève, a encore dit Mme Amherd. Les entraîneurs doivent être formés et les stratégies revues en conséquence. Un système de prévention, visant à garantir la sécurité et la santé dans le sport, doit encore être élaboré. Tout comme des sondages anonymes périodiques.

Les parents et autres représentants légaux, qui sont particulièrement importants dans le développement des jeunes athlètes, doivent également être plus impliqués. Ils se verront proposer une "boîte à outils" d'ici fin 2022, afin d'accompagner au mieux leurs enfants dans une carrière sportive.

La ministre des sports a encore assuré que la Confédération voulait éviter toute surcharge administrative. La protection des athlètes doit être efficace. Il ne faut donc pas créer trop de nouvelles règles.