La constitution préventive de stocks de psychoanaleptiques et de somnifères notamment a encore aggravé les perturbations d'approvisionnement associée à la raréfaction persistante du nombre de producteurs de substances active à l'échelle mondiale, souligne mercredi l'assureur santé Helsana dans son rapport annuel sur la question.
Les informations plus ou moins éclairées sur une efficacité des préparations contre le Covid-19 semblent avoir également joué un rôle. Nonobstant une infirmation des effets protectifs de la vitamine D contre la maladie, les ventes de ce type de produits se sont ainsi maintenues tout au long de l'année au-dessus de leur niveau de 2019.
En termes d'approvisionnement, la crise sanitaire en 2020 n'a toutefois qu'exacerbé les effets délétères d'une concentration croissante des capacités de production sur des sites, en Asie tout particulièrement et dont la moindre défaillance peut rapidement affecter la planète entière.
En raison de sa modeste envergure, le marché suisse figure en première ligne des pays les plus exposés aux problèmes de livraison, soulignent les auteurs du rapport.
Volumes en petite baisse, coûts en légère hausse
Le remboursement de médicaments a coûté l'an dernier à l'assurance de base la somme de 7,74 milliards de francs. Les extensions d'indication ont fait enfler la facture totale de 1,2%, alors que les volumes écoulés ont reculé de 2,2%.
En tête de palmarès, les immunosuppresseurs prescrits contre les risques de rejets d'organes transplantés ou contre des maladies auto-immunes ont généré des coûts absolus de 1,17 milliard de francs. Ces traitements occupent aussi la première place du classement par patient, avec 10'250 francs.
En seconde position absolue, les anticancéreux affichent avec plus de 10% à 898 millions de francs la hausse la plus marquée. Helsana note à cet égard que le pembrolizumab, homologué depuis 2015 contre le cancer de la peau, a depuis été autorisé dans d'autres indications comme le cancer du poumon ou le lymphome de Hodgkin, entre autres. L'augmentation des volumes en découlant n'a pas encore donné lieu à une baisse significative des prix et la facture pour cette seule préparation - équivalente à 36'000 francs par an et par patient - a été alourdie de près de 80 millions de francs au cours des deux dernières années.
Traitements de substitution durablement prétérités
"Les fournisseurs de prestations gagnent plus s'ils délivrent un médicament plus onéreux. C'est la raison pour laquelle les génériques et les biosimilaires (...) ne s'imposent pas en Suisse et qu'un énorme potentiel d'économies de plus de 100 millions par an reste inexploité", déplore le directeur général d'Helsana, Roman Sonderegger, cité dans le rapport.
La caisse appelle à cet effet à l'introduction de marges indépendantes des prix et à l'établissement d'une égalité de traitement des versions de substitution de traitement originaux pour lesquels la protection des brevets est parvenue à échéance, qu'il s'agisse de biosimilaires ou de génériques.
Sur les 474 millions de francs remboursés en 2020 pour des médicaments biologiques pour lesquels des biosimilaires étaient disponibles, seuls 70 millions ou moins de 15% ont été déboursés pour ces versions de substitution.