Le barrage de Sombwe "vise à fournir de l'énergie aux sociétés minières internationales présentes dans la région congolaise dite de la 'ceinture du cuivre et du cobalt'", précise, dans un rapport publié mercredi, l'ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption et le pillage des ressources naturelles des pays en développement.
Mais ce projet, "d'une valeur de 500 millions de dollars", porté par un entrepreneur congolais "au bras long" et "soutenu par une entreprise publique chinoise, met en péril les initiatives de conservation des forêts et de la vie sauvage" dans le parc de l'Upemba, l'un des plus grands parcs naturels du pays, met en garde Global Witness.
Doper les émissions de CO2
"En submergeant des étendues de forêts", il pourrait aussi faire grimper les émissions de CO2 dans des proportions de nature à "saper l'impact positif de ce qui semblait être un projet 'vert' d'énergie renouvelable", ajoute l'ONG. Celle-ci dit se baser sur des "rapports et correspondances diplomatiques" émanant en particulier de l'Union européenne, l'un des principaux bailleurs des parcs nationaux en RDC.
Les initiateurs du projet assurent avoir obtenu les autorisations légales nécessaires et "affirment que le barrage ne sera pas situé dans le parc, mais dans une réserve adjacente imposant un moindre degré de protection environnementale". L'ONG dit avoir cartographié la localisation du site prévu pour l'ouvrage et, dit-elle, "nos conclusions jettent de sérieux doutes sur ces déclarations".
PowerChina
Le constructeur potentiel du barrage, "PowerChina, doit immédiatement suspendre ses travaux", demande Global Witness, qui appelle à "sélectionner un nouveau site qui respecterait le droit congolais et les normes environnementales et sociales les plus ambitieuses".
Si ce n'est pas fait, les banques et investisseurs doivent "enquêter sur le projet", ajoute l'ONG, tandis que "les bailleurs qui envisagent de le soutenir doivent s'abstenir tant que le site actuel reste validé".
L'ONG rappelle aussi que lors de la récente COP26, les dirigeants mondiaux "se sont engagés à inverser le cours de la déforestation d'ici 2030". "Les événements dans le Parc national de l'Upemba en RDC laissent à penser" que ce pourrait n'être que "des promesses en l'air".
Début octobre, une ONG congolaise, Justicia, s'était déjà inquiétée de ce projet de construction d'un barrage hydroélectrique sur une rivière du parc de l'Upemba.
L'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) avait alors indiqué qu'une commission indépendante serait créée et des études supplémentaires menées sur ce projet notamment. L'ICCN, organisme public, a un nouveau directeur depuis août. Le précédent a été remercié pour mauvaise gestion.