C'est l'une des plus importantes amendes pour des pratiques jugées anti-concurrentielles imposées par un pays à l'un des géants de la tech américain, dans le viseur de nombreuses autorités. "Amazon a porté atteinte aux opérateurs concurrents dans le service logistique du commerce électronique", a constaté le gendarme de la concurrence en Italie dans un communiqué.
Le colosse américain de la distribution en ligne américain s'était déjà vu imposer une sanction de 68,7 millions d'euros en novembre pour infraction aux règles de la concurrence en restreignant l'accès à la plateforme Amazon de certains revendeurs de produits Apple. Ce comportement est d'autant plus grave aux yeux de l'Antitrust italien qu'"au moins 70% des achats de produits électroniques grand public en Italie" se font sur Amazon.
Interrogé par l'AFP, le groupe américain a exprimé son "profond désaccord" avec cette sanction, contre laquelle il présentera un recours. La position dominante d'Amazon sur le marché italien "lui a permis de favoriser son propre service logistique... auprès des vendeurs actifs sur la plateforme Amazon.it au détriment des opérateurs concurrents", a jugé l'autorité italienne jeudi.
Les vendeurs qui n'utilisent pas le service logistique d'Amazon sont exclus d'un "ensemble d'avantages essentiels pour obtenir une visibilité et de meilleures perspectives de vente", poursuit-elle. De cette manière, le groupe américain "a porté préjudice aux prestataires logistiques de commerce électronique concurrents en les empêchant de se présenter aux vendeurs en ligne comme des prestataires de services de qualité comparable à la logistique d'Amazon", selon l'organisme de surveillance.
Cette stratégie a "accru l'écart entre le pouvoir d'Amazon et celui de ses concurrents" sur le marché italien, ajoute-t-il.
Boom des ventes en ligne
Les pays de l'Union européenne ont multiplié ces derniers mois les sanctions financières contre les poids lourds américains et chinois du numérique, dans un souci de mieux réguler leurs activités. Les géants du numérique ont été à plusieurs reprises épinglés par la Commission européenne pour des pratiques jugées anti-concurrentielles. Google a ainsi reçu de lourdes amendes de l'UE, d'un total cumulé de 8,25 milliards d'euros.
Un comité clé du Parlement européen a adopté en novembre un projet de règlement sur les marchés numériques ("Digital Markets Act", DMA) pour mieux réguler internet et mettre fin aux abus de pouvoir des géants du secteur. Amazon, qui surfe sur le boom du commerce en ligne depuis le début de la pandémie de Covid-19 mais peine à recruter à hauteur de ses besoins et à s'approvisionner, a dégagé 3,2 milliards de dollars de bénéfice net au troisième trimestre, inférieur aux attentes des investiiseurs. Au deuxième trimestre, le groupe avait enregistré 7,8 milliards de dollars de bénéfice net, 48% de plus qu'il y a un an.
Fin septembre, près d'1,5 million de personnes travaillaient pour Amazon dans le monde, soit 30% de plus qu'il y a un an, et la firme continue d'embaucher à tour de bras pour satisfaire la demande qui ne faiblit pas, malgré la levée des mesures de confinement dans de nombreux pays.