Le taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue ont été maintenus à -0,75%, a indiqué la banque centrale helvétique dans un communiqué.
L'institut d'émission "reste disposé à intervenir au besoin sur le marché des changes afin d'atténuer les pressions à la hausse sur le franc", a-t-il précisé, ajoutant que la monnaie nationale "se maintient à un niveau élevé".
Appréciation du franc
Le franc, valeur refuge recherchée en période de crise, s'est en effet nettement apprécié depuis le début de l'année, mettant les exportateurs suisses sous pression. Alors que la devise nationale s'échangeait encore à 1,1152 franc pour un euro début mars, la paire de devises s'est depuis nettement appréciée, atteignant début décembre 1,0376 EUR/CHF.
La BNS a maintenu sa politique monétaire expansionniste inchangée, afin "d'assurer la stabilité des prix et de soutenir la reprise de l'économie suisse" dans le contexte de la pandémie de coronavirus, a indiqué le président de l'institut d'émission Thomas Jordan. La politique monétaire de la BNS demeure "judicieuse", selon le texte de son discours à la conférence de presse. A cela s'ajoute une intervention "au besoin" sur le marché des changes.
Thomas Jordan a cependant concédé la difficulté d'interpréter l'évolution des cours de change en raison du différentiel des taux d'inflation entre la Suisse et l'étranger. Mais la BNS estime que la monnaie helvétique "est à un niveau élevé".
"L'appréciation que le franc a connu ces derniers mois a (...) contribué à maintenir l'évolution des prix en Suisse à un niveau relativement bas", a estimé M. Jordan.
Inflation revue à la hausse
La BNS a par ailleurs ajusté ses prévisions d'inflation pour cette année et la suivante, en raison de la hausse des prix à l'importation des produits pétroliers et des biens concernés par des difficultés d'approvisionnement. Les attentes d'inflation s'inscrivent à 0,6% pour 2021, 1% pour 2022 et 0,6% pour 2023.
Lors de sa précédente réunion le 23 septembre, la banque centrale helvétique avait prévu une inflation de 0,5% pour 2021, de 0,7% en 2022 et de 0,6% en 2023.
Concernant la croissance économique, l'institut d'émission table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) suisse d'environ 3,5% cette année, après "environ" 3% en septembre. La BNS table sur une évolution plus dynamique que ce qui avait été prévu alors dans l'hébergement et la restauration.
Pour 2022, la BNS s'attend à une croissance du PIB d'environ 3%. Le chômage devrait encore fléchir quelque peu et l'utilisation des capacités de production, continuer à se normaliser.
Fed et BCE sur les rangs
La décision de la banque centrale suisse de maintenir sa politique monétaire accommodante intervient alors que les grands instituts d'émission sont sous pression pour réagir à l'inflation en forte hausse.
La Fed a annoncé la veille son intention de relever les taux directeurs en 2022 et d'avancer la fin du soutien à l'économie pour affronter les conséquences de la pandémie. L'inflation aux Etats-Unis devrait atteindre 5,3% en 2021 et 2,6% en 2022, a indiqué la Fed, alors qu'elle prévoyait en septembre respectivement 4,2% et 2,2%.
Pour contrer cette escalade des prix, la puissante institution envisage de cesser ses achats d'actifs dès mars, avec trois mois d'avance sur le calendrier initial. Le ralentissement progressif des achats d'actifs, débuté en novembre, devait initialement se terminer en juin.
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait bien décider de faire de même ce jeudi après-midi. L'institut monétaire francfortois devrait acter la fin, après mars 2022, de ses achats d'actifs.