Devant le Musée olympique à Ouchy – la deuxième attraction la plus visitée de la capitale vaudoise après la cathédrale –, une famille venue du New Jersey prend le soleil. «C’est la première fois que nous venons en Suisse, et nous y reviendrons avec plaisir, témoigne le père de famille. Après Zurich, Lucerne et Zermatt, nous passons trois jours à Lausanne. La balade dans les vignes de Lavaux hier était magnifique. Nous avons vu en quelques jours tellement de paysages différents! Ce que nous apprécions en Suisse? Le calme qui règne et la gentillesse des gens.»

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Après une décennie de baisse et de stagnation des nuitées, les Américains font leur come-back en Suisse. Et c’est dans le canton de Vaud que la progression se montre la plus impressionnante: entre janvier et novembre 2017, les Américains y totalisent 125  000 nuitées, soit une hausse de 15   943 nuitées (+14,7%). «Les Américains ont toujours été présents chez nous, mais nous avons atteint un niveau jamais vu l’an dernier, s’enthousiasme Andreas Banholzer, directeur de l’Office du tourisme du canton de Vaud. Nous nous serions plutôt attendus à une telle hausse chez des touristes venant de pays en pleine expansion, comme la Russie ou la Chine.»

Retour à la normale

David Werlen, responsable des relations médias pour Lausanne Tourisme, nuance: «Nous retrouvons une affluence comparable à celle de la fin des années 1990. Les Américains ont moins voyagé, en Europe et ailleurs dans le monde, après les attentats du 11 septembre 2001.» Les Américains viennent en Suisse surtout lors de la saison estivale, avec des nuitées enregistrées, pour l’année 2017, principalement dans la région de l’agglomération lausannoise, de celle de Montreux, puis des Alpes vaudoises, dans des stations telles que Leysin ou Les Diablerets, suivies de la région de Nyon-Saint-Cergue. Les retombées économiques des nuitées sont estimées à quelque 3,2 millions de francs. «Lausanne accueille une part plus importante de tourisme d’affaires (65%) que de tourisme de loisirs, en raison des nombreuses entreprises internationales qui s’y trouvent», poursuit David Werlen. Mais ces dernières années, les hôteliers ont observé de plus en plus de venues de voyageurs individuels. Et l’Office du tourisme vaudois n’y est pas pour rien.

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David Wehrlen, Lausanne Tourisme
© Stéphanie Liphardt

«Les Etats-Unis constituent un marché auquel nous avons toujours porté beaucoup d’attention, souligne Andreas Banholzer. Depuis plusieurs années, une de nos représentantes en relations publiques est basée à New York. Nous avons intensifié ce travail sur place, celui des échanges avec les médias locaux, des voyages de presse, l’organisation de tables rondes avec des journalistes pour présenter les actualités et les nouveautés de notre région.» Et l’Office du tourisme du canton de Vaud a également des représentants en Allemagne, en Suisse alémanique, en France et en Russie, pour les principaux.

Classement du «New York Times»

Dans le cas des Etats-Unis néanmoins, si les relations datent et se révèlent de bonne qualité, le déclencheur a sans doute été la nomination du canton de Vaud dans un article du New York Times en 2016 comme «l’une des 52 destinations dans le monde à ne pas manquer». Sans compter une liaison directe Genève-New York opérée par la compagnie nationale helvétique Swiss, en place depuis plusieurs années.

«Nous avons également profité de nouveautés, comme l’ouverture du Chaplin’s World, qui parle naturellement aux Américains, pour faire la promotion du canton de Vaud», précise encore Andreas Banholzer. Au sein du musée dédié au célèbre Charlie Chaplin, on observe «un contingent américain assez stable», de l’ordre des 6%, depuis l’ouverture du musée au printemps 2016, détaille Annick Barbezat-Perrin, directrice de la communication pour l’institution. Les retours des visiteurs montrent une grande satisfaction, sans pour autant que les Américains insistent particulièrement sur le lien qui les unit à la personnalité célébrée par le musée.

Après la forte hausse des nuitées de touristes américains en 2017, la tendance devrait se poursuivre, au vu des réservations que les hôteliers vaudois ont déjà enregistrées pour les mois à venir. «Nous pensons que les demandes faites par les touristes américains vont augmenter en 2018», estime Auryne Veloso, coordinatrice ventes et marketing à l’hôtel Royal Savoy, à Lausanne. La quasi-parité du dollar américain et du franc suisse a un impact. Finalement, la tendance du retour sur soi et au réel correspond parfaitement à la Suisse.»

Dans les offices de tourisme régionaux, on ne reste pas non plus les bras croisés: «Nous sommes en pleine réflexion pour accroître nos actions sur ce marché, entre autres au travers du canton et des actions RP que ce dernier effectue sur place pour sa promotion», atteste Dominique Geissberger, chargée de relations presse pour Villars Tourisme. La région des Alpes vaudoises a observé une hausse de l’ordre de 30% d’arrivées de touristes américains entre 2016 et 2017.

Les Américains ont moins voyagé en Europe et ailleurs après les attentats de 2001.

David Werlen, Lausanne Tourisme

Du côté de l’agglomération lausannoise, on mesure une augmentation des nuitées américaines de 6,5%, alors que la capitale vaudoise comptabilise près de 45% des nuitées du canton. «Certains touristes privilégient Lausanne comme point central pour rayonner ensuite dans la région, note levchargé des relations aux médias pour Lausanne Tourisme. Et d’autres choisissent précisément Lausanne comme destination en tant que telle.» La dimension de capitale olympique attire également une clientèle particulière.

L’Office du tourisme de la capitale vaudoise travaille également, avec son homologue cantonal, à faire parler de sa région aux Etats-Unis: «A l’étranger, les gens ne pensent pas tout de suite à Lausanne quand ils envisagent un voyage en Suisse. Par rapport à Genève, qui constitue la destination «institutionnelle» pour la Suisse romande, nous essayons de mettre en avant Lausanne comme étant une destination plus décontractée», précise David Werlen.

Clientèle généreuse en pourboires

L’attrait grandissant de la Suisse chez les Américains peut aussi s’expliquer par l’image de sécurité que le pays dégage: entre les relations tendues que les Etats-Unis entretiennent depuis plusieurs mois avec le Mexique, les ouragans qui ont dévasté les Caraïbes, les pays musulmans qui ne sont plus visités, plusieurs destinations familières des Américains sont mises de côté pour un temps. «La Suisse a toujours bénéficié d’une certaine notoriété, d’une image de nature, de culture, d’un patrimoine riche et apprécié», estime Andreas Banholzer. La promotion dans le pays de l’Oncle Sam d’événements patrimoniaux tels que la Fête des vignerons fonctionne bien. «Une fête culturelle, sur le thème du vin, qui a lieu tous les vingt-cinq ans constitue un storytelling dont les Américains sont friands.»

Les Américains constituent une clientèle plutôt appréciée: généreuse en pourboires, très reconnaissante, pas particulièrement exigeante et restant un peu plus longtemps que la moyenne. Ils dépenseraient une somme de l’ordre de 100 à 200 francs par jour, aux dires des hôteliers. «Nous avons remarqué que les clients américains demandent souvent un «early check in», ajoute Auryne Veloso. En effet, ils apprécient de pouvoir arriver tôt le matin dans l’établissement, en raison des horaires des vols directs en provenance des Etats-Unis. L’air conditionné dans les chambres est également indispensable.»

Dominique Geissberger de Villars Tourisme relève pour sa part que «les hôteliers sont très contents de cette clientèle, qui a tendance à faire des séjours de plusieurs jours».