Une fois n’est pas coutume, parlons d’une entreprise qui n’est pas rentable: Ialoo.ch – my lovely swiss shop. «Pas encore rentable», corrige l’ancienne économiste de 39 ans qui, après douze ans chez Bulgari, a démissionné pour devenir une «mampreneuse», comprenez une maman entrepreneuse. A ce stade de l’aventure, un seul chiffre compte pour elle, celui du nombre d’artisans s’inscrivant sur sa plateforme de marché en ligne lancée il y a vingt mois.
«Ils sont près de 150 artisans de toute la Suisse romande, alors que je n’ai encore fait quasiment aucune publicité pour faire connaître Ialoo.ch, s’étonne Vanessa Longino. Au début, pour lancer le projet pilote, j’ai contacté quelques créateurs que je suivais sur Instagram ou que j’avais rencontrés sur des marchés locaux. Ensuite, le bouche à oreille a fait son œuvre. Depuis cet été, je compte une inscription de société par semaine et cela s’est accéléré sur la fin d’année, à la suite d’une présentation que j’ai faite dans le cadre de Genilem, l’accompagnateur de jeunes entreprises innovantes.»
Près de 150 artisans de toute la Suisse romande sont déjà inscrits sur le site.
Artisans du bois, d’accessoires de mode ou de décoration, bijoutiers, créateurs de cosmétiques, de papeterie, d’habits ou de maroquinerie trouvent chez Ialoo.ch une lucarne qui n’existait tout simplement pas en Suisse. Ce premier marché virtuel du fait main helvétique permet ainsi à un orfèvre valaisan de se faire connaître tant à Genève qu’à Delémont.
«Je n’ai rien inventé, glisse la Neuchâteloise du Landeron. J’avais l’habitude de commander des objets sur le site français A Little Market, qui a été racheté par Etsy. Et un jour, j’ai vu dans le marché en bas de chez moi quasiment les mêmes articles que je venais de me faire livrer de France. C’est là que j’ai réalisé que les artisans locaux n’avaient rien de similaire en Suisse.» Amazon propose bien une plateforme «hand made», mais l’échelle est bien plus large et les conditions autres.
12% de commission
Débarquant avec son idée dans une rencontre de «mampreneuses», elle trouve une agence web lausannoise, 8bitstudio, qui décide de la soutenir dans son projet. La formule est simple. Les créateurs s’inscrivent sur Ialoo.ch, qui fait la promotion de leurs produits et permet l’achat en ligne, et, en retour, Vanessa Longino touche 12% de commission sur chaque vente. «Mon mentor dit que je devrais demander une finance d’inscription, car pour le moment c’est gratuit, lance-t-elle au moment d’aborder la question des retours financiers. Je n’ai pas envie; tout comme je refuse aussi d’aller voir les chiffres de fréquentation du site, car je n’ai pas encore fait de publicité à proprement parler.»
Valoriser le fait main suisse, offrir à des créateurs un espace qu’ils n’avaient pas, pour des pièces parfois uniques, qui ont une histoire, voilà ce qui anime cette ancienne salariée de l’industrie du luxe, tout comme la majorité de ses partenaires. «Je viens de refuser une marque de montres, car elle ne répondait pas au critère du fait main suisse, signale-t-elle. Je ne suis pas dans une approche comptable et peu de gens vivent du fait main en Suisse, à mon avis. Presque la totalité des inscrits sur mon marché sont des femmes qui font ça à côté d’un autre job. Ce n’est pas une volonté de ma part. C’est seulement un reflet de la société.»