Près de la moitié de la population suisse s’adonne régulièrement à la randonnée. Parmi ses adeptes figure Daniel Meppiel. Alors qu’il terminait sa thèse au CERN à Genève, le jeune ingénieur en informatique a ainsi organisé des dizaines de sorties sur des sentiers de montagne. Pas étonnant que cette passion se soit greffée à son envie de se lancer dans l’entrepreneuriat avec son ami Ion Padilla. «La première idée que nous avons retenue consistait en une plateforme en ligne pour proposer de nouveaux parcours aux amateurs de randonnée», explique-t-il.

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En 2016, les deux ingénieurs lancent le développement de leur concept. Ils se rendent cependant compte de la difficulté à obtenir une masse critique d’utilisateurs. «Dans un projet B2C, l’aspect technologique compte moins que le marketing.» Ils décident alors de se concentrer sur le développement d’une des fonctionnalités, à savoir un système capable de fournir une carte journalière de l’état neigeux des régions à très haute résolution grâce à l’analyse de données satellites.

Précision à 20 mètres

Pour ce faire, les deux jeunes entrepreneurs ont besoin d’amasser une importante masse de données. Par chance, l’Agence spatiale européenne (ESA) recherche des entreprises pour exploiter les informations brutes qu’elle collecte depuis l’espace. Les fondateurs de WeGaw sont alors sélectionnés pour bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du programme de promotion des applications intégrées de l’ESA. «Nous combinons ces données brutes avec d’autres sources, comme la NASA, de manière à obtenir la meilleure précision possible, détaille le jeune homme d’origine espagnole. Le principal défi consiste à développer un algorithme qui puisse traiter l’énorme quantité d’informations reçues tout en composant avec les manques potentiels, par exemple en cas de situation très nuageuse ou de zones ombragées.» Répartis entre Morges et l’Espagne, les cinq collaborateurs de la start-up développent une solution basée sur le machine learning.

«Notre objectif actuel est de réaliser des cartes journalières avec une résolution à 20 mètres. Différentes méthodes sont utilisées pour détecter la neige, selon ses propriétés physiques, son caractère réfléchissant…» L’algorithme applique ensuite la formule la mieux adaptée à chaque endroit, par exemple en fonction de l’altitude ou de la composition de l’atmosphère. Le résultat est ensuite complété avec des informations recueillies au sol, notamment par les postes de surveillance de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches.

1,1 million de fonds levés

Baptisée DeFROST, la solution de WeGaw a été commercialisée en octobre dernier et couvre l’ensemble des Alpes. Elle est proposée sous la forme d’un software as a service, avec des options de souscription donnant accès à une plateforme quotidiennement mise à jour ou à des donnés intégrables dans une application mobile ou un site web propriétaire: carte et épaisseur de la neige ou facteurs de risques liés au terrain, grâce à l’intégration de données topographiques. DeFROST est notamment utilisée sur le site de Villars-Les Diablerets.

Pour poursuivre son développement, WeGaw a bouclé avec succès une campagne de financement sur la plateforme anglaise Seedrs il y a quelques mois, y récoltant près de 285 000 euros, soit 40% de plus que l’objectif initial. Elle vient par ailleurs de signer un deuxième contrat d’un montant de 370 000 euros avec l’Agence spatiale européenne. Une somme qui porte à 1,1 million de francs les fonds levés depuis le lancement de la start-up.