«Nous avions pourtant bien commencé l’année, avec un record absolu de 55 000 entrées en février, raconte Dan Meylan, directeur des Bains de Saillon (VS). Depuis la fermeture du centre thermal le 13 mars, seul l’hôtel accueille quelques clients d’affaires et des militaires.» La société anonyme de 200 collaborateurs, propriété du groupe Boas, perd 60 000 francs chaque jour fermé. En moyenne, les hôtels et établissements de cure romands ont vu leurs nuitées chuter de deux tiers en mars 2020 en comparaison annuelle. Juste au-dessus de Saillon, aux Bains d’Ovronnaz, qui emploient 87 collaborateurs fixes, le manque à gagner oscille entre 30 000 et 40 000 francs par jour.
Les centres aquatiques de Suisse ont également dû fermer leurs portes mi-mars. Aquaparc, au Bouveret (VS), qui enregistre en moyenne 800 visiteurs quotidiens au printemps, anticipe une baisse de chiffre d’affaires de 25% en 2020 en raison de la pandémie.
Des offres estivales attrayantes
Pour réduire les coûts, les acteurs de la branche ont recours au chômage partiel. Certains négocient également une baisse ou un report des loyers et des factures d’énergie. Détenus par un actionnaire unique, les Bains d’Ovronnaz ne peuvent faire appel à des investisseurs externes ou à des fonds émanant d’un groupe. «Nous avons contracté un emprunt à taux zéro avec la Confédération, explique la directrice Rachel Bichet. Un coup de pouce de l’Etat, avec d’éventuels allégements fiscaux et une certaine souplesse sur l’application des mesures sanitaires, serait aussi le bienvenu.»
Des organisations font d’ailleurs valoir les intérêts de la branche à Berne. «Nous clarifions avec l’administration fédérale les conditions de réouverture pour les centres thermaux le 8 juin, explique Ladina Bruggmann, secrétaire générale d’Espaces thermaux et maisons de cure suisses. Nous intercédons également auprès de Suisse Tourisme pour que notre secteur d’activité fasse partie d’un futur plan de relance.»
Carte à jouer
Même inquiétude à Saillon: «Nous allons bien entendu mettre en œuvre les mesures qui prévoient, par exemple pour l’instant, la fermeture des hammams, un minimum de 10 m par personne, la traçabilité des visiteurs, dit Dan Meylan. Mais nous ne savons pas s’il sera possible de dégager une marge ou même de couvrir les coûts dans ces conditions.» L’avenir est marqué par deux inconnues, ajoute Sonia Vandenabeele, directrice d’Aquaparc. «Les restrictions seront-elles allégées, notamment lors de la prochaine conférence de presse du Conseil fédéral fin mai. Quelles seront les attentes du visiteur?» L’entreprise aux 40 collaborateurs fixes développe actuellement une campagne externe pour communiquer à ses clients «qu’ils peuvent venir au parc se changer les idées en toute sécurité» et travaille également sur une signalétique interne «la moins anxiogène possible».
Reste que plusieurs de ces établissements sont, en grande majorité, fréquentés par les Suisses. Une hausse possible du tourisme indigène cet été offre ainsi des perspectives réjouissantes. «Avec déjà 83% de clientèle suisse en temps normal, nous avons une carte à jouer, se réjouit Rachel Bichet à Ovronnaz. Nous travaillons sur des offres estivales attrayantes, avec parfois des prix divisés par deux. Les réservations de juillet commencent d’ailleurs tout doucement à arriver.»